Adrien Houngbédji, Bénin | Photo : Ange Gnacadja
Adrien Houngbédji, Bénin | Photo : Ange Gnacadja

« Adrien Houngbédji est mort. Vive Adrien Houngbédji » ; Yayi Boni veut lui donner tout : deux ministères d’Etat, en plus de cinq autres postes ministériels dont le ministère des Finances. Mais Yayi tient à conserver la présidence de l’Assemblée. L’Union fait la Nation est prête à tout laisser tomber…Même la présidence de l’Assemblée, pour le nouvel homme fort du Bénin. L’avenir du Bénin, de sa démocratie et de sa légendaire stabilité dépend désormais d’un seul homme : Me Adrien Houngbédji. Un faux pas et bienvenu le chaos.

Adrien Houngbédji serait-il en train de renaître de ses propres cendres ? Tout porte à le croire. Candidat malheureux à toutes les élections présidentielles depuis 1991, forclos constitutionnellement depuis la dernière élection présidentielle, tout le monde le prenait pour politiquement fini. Les dernières élections législatives le poussent une fois encore devant les projecteurs de la plus belle manière : il sera celui par qui la démocratie béninoise triomphera ou périra. Tout dépendra de l’option que prendront le Prd et son président.

Yayi veut mais…

Le Week-end a été mis à profit par les états-majors pour peaufiner leurs stratégies et se lancer à la conquête du bureau de l’Assemblée. Car, c’est de cela qu’il s’agit : contrôler le bureau de l’Assemblée nationale. Les uns pour modifier la Constitution et se maintenir au Pouvoir, les autres pour s’y opposer et sauver la démocratie.

Yayi Boni et ses révisionnistes n’ont pas perdu de temps. Des contacts ont même été pris avec Me Houngbédji. Ce qui énerve certains ténors du Prd, c’est que Yayi et ses conseillers se croient plus malins que les autres. Tout en négociant officiellement avec le Prd, certains conseillers du président tentent de détourner de futurs députés du Prd.

Mais là où le bât blesse surtout, c’est que le président de la République est prêt à tout sauf à lâcher la présidence de l’Assemblée. Yayi Boni est catégorique : Adrien Houngbédji peut prendre tous les autres postes du bureau de l’Assemblée sauf…la présidence. Yayi Boni tient coûte que coûte à y mettre un de ses hommes de confiance. Adrien Houngbédji pourra ainsi obtenir tout ce qu’il voudra : les six autres postes peuvent lui revenir. Sans compter les ministères et même la direction de certaines sociétés d’Etat. Tout sauf la présidence de l’Assemblée. Le président l’a réaffirmé hier lorsqu’il recevait à son domicile les 33 députés provisoires Fcbe.

L’UN prête à tout…

De l’autre côté, l’Union fait la nation destine déjà la présidence de l’Assemblée au Prd. Mieux, cette alliance sortie des élections avec 13 députés est même prête à ne pas figurer au sein du bureau national et consolider ainsi les bases d’une opposition forte et soudée pour les dix mois à venir et surtout, à empêcher une révision de la Constitution dont la finalité est de maintenir Yayi Boni au pouvoir malgré son bilan calamiteux.

L’Union fait la Nation se considère aujourd’hui comme le socle de l’opposition béninoise. A ce titre, elle pense qu’elle doit consentir tous les sacrifices possibles pour sauvegarder l’Unité de l’opposition afin de sauver les acquis de la Conférence nationale que les dirigeants actuels bafouent depuis une dizaine d’année.

Mais le vrai danger qui guette Me Adrien Houngbédji est le mauvais choix qu’il pourrait être amené à faire. C’est vrai qu’il reste le nouvel homme fort du Bénin ; mais il pourrait devenir l’homme par qui le malheur surviendra. De ce fait, il pourra se retrouver dans la poubelle de l’histoire béninoise comme Adandozan à Abomey.

Car, le signal de ceux qui ont voté Prd est très clair : il faut barrer la route à la volonté manifeste de Yayi Boni de se maintenir éternellement au pouvoir. Ceux qui ont voté Prd attendent que leur leader s’érige en défenseur du renouveau démocratique et de la constitution Béninoise. Si les électeurs du Prd voulaient de la révision de la Constitution et du pouvoir absolu et éternel de Yayi Boni, ils allaient voter massivement Fcbe.

Le nouvel homme fort du Bénin entrera-t-il dans l’histoire par la grande porte ?

Source : [04/05/2015] Charles Toko, Le Matinal