L’avènement du nouveau régime en Septembre 2013 au Mali avait manifestement suscité  un espoir immense chez le peuple malien à l’issue d’une élection démocratique dont l’éclat historique avait su merveilleusement mobiliser toute la communauté internationale. Cependant, les tristes réalités socio-économiques vécues en ce moment par le malien, l’amènent sérieusement à s’interroger sur l’essence de toute cette espérance, mieux, sur le sens de son vote lorsque sa conscience réalise nettement  que l’Etat, au détriment du bien-être commun, a fini par cautionner le désordre dans tous les secteurs majeurs du développement.

IBK lors de son investiture en 2013 | Archives
IBK lors de son investiture en 2013 | Archives

En effet, que s’est-il réellement passé avec ces nouvelles autorités ? Avaient –elles des intérêts obscurs  ou n’étaient-elles pas suffisamment expérimentées pour être à la hauteur de nos communes aspirations ? Que peuvent encore attendre les maliens d’un pouvoir visiblement égaré ?

Ces interrogations fondamentales peuvent s’illustrer et même se légitimer par le faite qu’aujourd’hui, aucun secteur important de l’administration nationale n’est exempt de corruption et de gabegie avec à ses commandes, des cadres médiocres ou des partisans oligarques. La formation de la majorité présidentielle par un ensemble hétéroclite de partis aux essences disparates peut d’emblée être analysée comme un facteur de dysfonctionnement ou même d’échec de cette administration.

Dans le cadre de la relance économique, les principaux secteurs générateurs de revenus fiscaux notamment la douane et les impôts sont de plus en plus gangrénés par une gestion opaque des deniers publics. Les services sociaux de base tels que l’école, la santé, l’autosuffisance alimentaire ainsi que l’énergie sont systématiquement devenus l’apanage d’une minorité capitaliste au détriment d’une majorité incessamment persécutée par de dégradantes conditions de vie dont l’accès à de meilleures prestations sociales s’avère d’une extrême difficulté.

En d’autres termes, l’essentiel des maliens restent farouchement confrontés à des situations sanitaires, alimentaires et énergétiques aussi pénibles qu’avilissantes, avec une école de plus en plus désintégrée dont le peu de prestige n’est exclusivement  réservé qu’aux mieux-nantis, un système éducatif profondément miné par les rapports matériels et étant finalement devenu le berceau de la médiocrité. L’anarchie institutionnalisée au sein des structures de santé publiques comme privées par l’immesurable cupidité des agents de santé et validée par l’indifférence des hautes autorités, est en partie, à l’origine du taux élevé de mortalité dans le pays, lorsque l’on sait également que le taux de morbidité reste pour la plupart imputable à l’insalubrité publique et à l’insécurité alimentaire.

D’où une absence chronique de politique réellement propice à l’assainissement et au désengorgement des espaces vitaux et de mécanismes spécifiquement destinés à une meilleure valorisation de l’activité agricole sans toutefois omettre l’attribution illicite par l’Etat du monopole de certains produits importés à des commerçants, engendrant des spéculations incontrôlées et un surenchérissement  effréné des denrées de première nécessité.

En outre, le délestage intempestif et ininterrompu des agences de distribution d’énergie  (l’Eau et l’Electricité) en l’occurrence, celles affiliées à l’EDM, avec à l’appui, des prétextes fallacieux et même irrévérencieux,  démontre  ces mêmes agissements cacophoniques des autorités.  Tous ces secteurs, constituant théoriquement d’excellents démarreurs pour le développement,  surnagent cependant dans un désordre cauchemardesque, officieusement avalisé et entretenu par les services d’Etat au nom d’un intérêt que nul ne saurait clairement identifier.

Et aucun domaine de l’administration publique n’est épargné par ce tintamarre où le manque de rigueur, de transparence et de responsabilité règne en maître, le tout ainsi couronné par un absentéisme sans commune mesure dont font  l’objet la plupart des structures administratives maliennes et au mépris d’une population de plus en plus désorientée par le système, de pauvres contribuables irréversiblement engloutis par le cours des évènements.

Dans aucun secteur on ne peut dire Alhamdoulilah

Amusez vous à poser la question de savoir dans quel secteur le Mali avance. Vous serez surpris, rien ne va. Les commerçants quittent le pays pour d’autres contrées, les femmes meurent en donnant naissance, ce taux fait toujours peur comparé aux autres pays de la région. Certains qui s’en vont vers d’autres études ou l’approfondir ne reviennent plus.

Tout bien considéré, il reste indéniable que l’Etat désigne l’usufruit de tous et la nue-propriété de personne. Après avoir vécu de très sombres heures de son histoire, causées par l’opportunisme caractérisé de certains régimes précédents, le malien n’aspire actuellement qu’à une vie moralement digne et socialement épanouie que pourrait lui restituer une gouvernance consciente, véritablement soucieuse du devenir de chacun et du mieux-être de tous.

Source: [25/02/2015] Modibo Kane Diallo, La sirene