La mesure prise par les États-Unis est une manière de mettre la pression sur l’entourage de Joseph Kabila afin que ce dernier organise l‘élection présidentielle avant la fin de son mandat en décembre prochain.

Le général Célestin Kanyama | Archives
Le général Célestin Kanyama | Archives

De la parole à l’acte. La menace annoncée depuis quelques semaines par les États-Unis contre les proches du pouvoir de Kinshasa est entrée dans sa phase active. L’un d’eux, le général Célestin Kanyama, commissaire provincial de la police nationale congolaise à Kinshasa, vient de voir ses avoirs aux États-Unis gelés pour “violences contre des civils”. L’homme fort de la police kinoise ne pourra donc plus accéder à ses avoirs « basés aux États-Unis ou en possession de citoyens américains » ; et pareillement « tous les citoyens américains ont interdiction d’effectuer des transactions avec lui », a notamment indiqué un communiqué du Trésor américain.

L’institution américaine reproche au régime de Joseph Kabila la répression de l’opposition et des civils. « Alors que le dernier mandat constitutionnel du président Kabila approche de sa fin, en décembre, le régime est engagé dans un schéma répressif, avec des arrestations d’opposants et la répression violente de manifestations politiques afin de d’éviter la programmation des élections nationales », explique John Smith, le directeur du Bureau de contrôle des avoirs étrangers au département du Trésor.

Célestin Kanyama demeure l’une des figures fortes du pouvoir à Kinshasa, mais aussi, l’une des plus contestée. Agé de 54 ans, celui qu’on surnomme “Esprit de mort” est l’une des pièces maîtresses du dispositif sécuritaire du régime congolais. Même si bon nombre de Kinois lui reconnaissent le mérite d’avoir fait baisser la criminalité dans la localité, l’homme a souvent été la cible d’organisations de défense des droits de l’homme qui l’accusent de violations envers les civils. Dans son rapport, le Trésor américain rappelle ainsi les manifestations de janvier 2015 au cours desquelles « plus de 40 personnes ont été tuées […] dont au moins 20 par arme à feu et par les forces de sécurité, écrit-il. Les manifestants protestaient contre des modifications de la loi électorale dont de nombreux Congolais pensaient qu’elles allaient permettre au président Kabila de rester au-delà de la limite de deux mandats constitutionnels. »

Vu la pression que veut employer les États-Unis sur le régime de Joseph Kabila, le cas du gel des avoirs de Célestin Kanyama pourrait être le premier d’une longue liste. Ces mesures d’austérité sont censées contraindre le président congolais à organiser la présidentielle dans les délais constitutionnels, soit avant la fin de son mandat en décembre prochain.

Source : [23/06/2016] Carole Kouassi, Africa News