Des centaines d’habitants de Lilongwe, la capitale du Malawi, située dans le sud-ouest du pays, sont descendus dans les rues jeudi, dans le but d’inciter le gouvernement à mettre sur pied de nouvelles lois visant à mettre fin à l’enlèvement et au massacre des albinos.


La manifestation conduite par Bon Kalindo, un député du sud de Mulanje, avait pour principal objectif d’appeler à une réaction rapide du gouvernement face à l’ampleur de la situation ces derniers mois.

Durant les 19 derniers mois, les autorités malawites ont enregistré les meurtres de 18 albinos et l’enlèvement de cinq autres, bien qu’Amnesty craigne que le nombre réel ne soit probablement plus élevé, alors que de nombreuses attaques pour des rituels secrets dans les zones rurales ne sont jamais signalées.

“Les auteurs de ces crimes vivent avec nous dans nos quartiers. Pourquoi ne pas les tuer ? Nous pouvons les tuer parce que nous avons la loi. À qui voulons-nous faire plaisir ? Pourquoi faire croire aux Malawites que tout va bien, quand les choses ne vont pas du tout. Les choses sont incontrôlables, “ a martelé Bon Kalindo, l’organisateur de la manifestation.

Des mères des enfants albinos protestent contre l'assassinat des albinos, Malawi | Photo : Nyasa Times
Des mères des enfants albinos protestent contre l’assassinat des albinos, Malawi | Photo : Nyasa Times

L’augmentation du nombre d’attaques contre les personnes atteintes d’albinisme au Malawi depuis la fin de 2014, par des personnes recherchant des parties de leur corps en vue de rituels mystiques pour surtout s’enrichir, a incité Amnesty International à appeler les autorités à faire ce qu’il faut pour punir les responsables.

De sources policières, au moins 69 crimes contre les albinos ont été relatés au Malawi depuis novembre 2014. Amnesty rappelle qu’avril avait été le mois le plus sanglant pour les attaques contre les albinos dans ce pays d’Afrique australe. Quatre personnes ont été assassinées, y compris un enfant âgé de moins de deux ans.

Le gouvernement, qui a condamné ces attaques, a annoncé une série de mesures dont la nomination d’un conseiller juridique pour aider les enquêtes, et un plan d’intervention national. Des mesures qui n’ont en aucun cas porté leurs fruits, selon Amnesty.

Il n’existe aucune documentation systématique des crimes contre les personnes atteintes d’albinisme au Malawi, qui compte environ 10.000 d’albinos sur une population d’environ 16,5 millions habitants. La pétition présentée à Kamlepo Kaluwa, un membre du Parlement, requiert également la peine de mort pour les auteurs.

“ En Tanzanie, il y avait la même situation et ils y ont mis fin et nous devons faire de même. Et nous n’arrêterons pas tant que ces meurtres n’auront pas pris fin, “ a prévenu Kamlepo Kaluwa.

Les attaques contre les albinos ont eu lieu ailleurs dans le sud et l’est de l’Afrique, y compris au Mozambique, en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Burundi.

L’an dernier, les Nations unies ont mis en garde contre une augmentation de la violence contre les albinos en Tanzanie, au Malawi et au Burundi.

Source : [25/06/2016] Africa News + Reuters