Pourquoi ces attaques kamikazes contre la capitale française maintenant ? Les services de renseignements français ont-ils été victimes d’une tempête parfaite dans laquelle une partie de leurs ennemis et de leurs alliés avaient un intérêt à voir cet attentat se produire à Paris exactement à ce moment précis ?

Rue Sainte Croix de la Bretonnerie, dans le Marais, dimanche soir, France | AFP
Rue Sainte Croix de la Bretonnerie, dans le Marais, dimanche soir, France | AFP

Il y a peut-être plus qu’une coïncidence dans le fait que l’attentat le plus meurtrier qui ait touché la France survienne seulement quelques semaines avant une rencontre internationale dont le pétrole et ceux qui le produisent pourraient sortir les grands perdants. L’État islamique est une nébuleuse intégrant des combattants et des espions de services de renseignements qui n’ont pas tous les mêmes objectifs. Il y a cependant un intérêt qui est commun à la majorité des pays qui le supportent ou le combattent. C’est le pétrole.

Les pays qui sont actuellement reconnus comme des partisans majeurs de l’EI, soit le Qatar et l’Arabie Saoudite, ont beaucoup à perdre à la rencontre des Nations unies sur le climat (COP21) qui doit se tenir à Paris du 30 novembre au 11 décembre. Si la France arrive à arracher une entente signée contraignante, la valeur de leur produit d’exportation principal, soit le pétrole, s’en verra fortement diminuée. De plus, d’autres pays qui utilisent les islamistes fanatiques pour intervenir dans des pays étrangers, tel l’Iran, ont aussi beaucoup à perdre par cette signature.

De l’autre côté, plusieurs des États qui forment les forces qui combattent ces extrémistes, qu’ils soient d’allégeance chiite ou sunnite, ont aussi beaucoup à perdre. Autant les États-Unis que la Russie qui sont de grands producteurs de pétrole et des joueurs majeurs au niveau du renseignement ont intérêt à voir échouer cette rencontre dite de la dernière chance. Le secrétaire d’État américain, John Kerry, n’a-t-il pas affirmé il y a quelques jours que l’accord sur la limitation des émissions de gaz responsables du réchauffement de la planète ne devrait pas être juridiquement contraignant ?

Cette résistance à effectuer les changements dans la dynamique mondiale est très visible. Il est déjà reconnu que les engagements des États sont insuffisants pour limiter à plus de deux degrés Celsius le réchauffement global. Les politiques climatiques sont difficiles à mettre en place et ont beaucoup d’ennemis. Ces engagements, qui doivent lier la très grande majorité des pays jusqu’en 2025-2030, seront nuisibles au développement de nombreuses nations. Abandonner le charbon est un défi important pour les États-Unis, la Chine et l’Inde. Si les gouvernements de la planète dépensent collectivement 600 milliards de dollars par année de subventions aux énergies fossiles, c’est qu’elles leur sont utiles. Beaucoup de ces pays n’ont pas d’intérêt dans la recherche d’un nouveau modèle de développement mondial même si la croissance immédiate se paie par une destruction de l’environnement.

L’Algérie n’est d’ailleurs possiblement pas si ignorante qu’elle le dit sur les tenants de ces attaques kamikazes. J’ai déjà relevé dans au moins un texte publié sur l’Internet que la récente mise au rancart d’une bonne partie des dirigeants des services de renseignement du pays faisait courir un risque sécuritaire non négligeable à la France. Dans le texte « Séisme au sommet de l’État : l’Algérie retient son souffle », publié le 8 septembre 2015 dans Le Matin Algérie il est mentionné au dernier paragraphe : « En éliminant la tête du renseignement algérien en ces temps de fortes tensions sociales, Bouteflika met non seulement son pays en danger, mais fait un énorme trou dans la défense de l’Europe. Ajoutez à cela que chacun des migrants qui se lancent actuellement à l’assaut du vieux continent pour fuir les combats en Syrie est un terroriste potentiel et on peut facilement comprendre l’inquiétude de l’État français.» Reste à savoir si ce qui vient de se passer en France avait été prévu d’une quelconque façon que ce soit par les services de renseignent algériens.

© Benjamin Regnier
© Benjamin Regnier

En ce début de siècle où il est pratiquement impossible de cacher quelque information que ce soit, il est plus qu’étrange que cet attentat ait pu être monté et réalisé en toute impunité. Sans dire que tous les joueurs mentionnés ci-haut ont été des participants actifs dans ces actions, il est tout à fait plausible que certains d’entre eux aient regardé ailleurs alors qu’ils auraient dû avertir les services de renseignements français que quelque chose de monstrueux se tramait.

Dans ce cas précis, la théorie du complot est incontournable puisque ces actions secrètes on fait au moins 128 morts à Paris ce vendredi 13. Ce qu’il faut savoir, c’est quelles nations auraient aidé directement ou indirectement l’EI à commettre ces crimes sanglants. Éluder ces questions parce qu’elles semblent actuellement inopportunes si tôt après ces attentats ne fera que donner plus de temps aux coupables pour effacer leurs traces. La question est de savoir quelle explication veulent les Français. Est-ce la meilleure description possible des faits qui ont mené à cette tragédie ou quelque chose de politiquement acceptable ?

Source : [15/11/2015] Michel Gourd, Le Matin Algérie