Le groupe djihadiste État islamique (EI) a revendiqué les attentats qui ont fait au moins 142 morts vendredi dans des mosquées au Yémen, selon un communiqué publié sur internet et signé d’une branche de l’EI au Yémen. Au moins 351 personnes ont également été blessées.
Dans la capitale Sanaa, un triple attentat suicide a eu lieu contre deux mosquées dans lesquelles priaient des membres de la puissante milice chiite des Houthis, qui a pris le pouvoir à Sanaa en début d’année.
Une quatrième attaque suicide a eu lieu devant une mosquée de Saada, dans le nord du pays, région d’origine des Houthis.
Il s’agit des premières attaques revendiquées par l’EI au Yémen, où le groupe djihadiste le mieux implanté est Al-Qaïda, qui mène de fréquentes attaques contre les Houthis et les forces de sécurité.
Dans le communiqué, la «province de Sanaa» de l’EI assure que ces attaques ne sont que «la partie émergée de l’iceberg» et que d’autres suivront contre les Houthis.
Le groupe djihadiste évoque l’implication de cinq kamikazes: quatre d’entre eux se sont fait exploser dans les deux mosquées de Sanaa et le cinquième à Saada.
Cette revendication intervient deux jours après un autre attentat revendiqué par l’EI, qui a fait 21 morts au musée du Bardo à Tunis, dont 20 étrangers.
Devant les mosquées, des corps gisaient dans des mares de sang, alors que les fidèles transportaient les blessés dans des pick-up vers les hôpitaux.
Le président prie à Aden
Un quatrième attentat suicide a eu lieu à Saada, bastion des Houthis dans le Nord, où un kamikaze s’est fait exploser devant une mosquée, mais sans faire de victime, les forces de sécurité l’ayant empêché d’y pénétrer, selon une source proche de la milice.
Alors que les espoirs suscités par l’ouverture d’un dialogue destiné à sortir le Yémen de la crise, parrainé par l’ONU, sont quasiment morts, les observateurs évoquent un sérieux risque de guerre civile dans le pays.
Les Houthis ont achevé de s’emparer de Sanaa avec la prise le 20 janvier du palais présidentiel et le siège imposé aux résidences de M. Hadi et d’autres responsables yéménites. Le 6 février, ils annoncent la dissolution du Parlement et la mise en place d’un Conseil présidentiel.
Ces mesures ont été qualifiées de «coup d’État» par M. Hadi qui avait ensuite réussi à fuir Sanaa vers Aden, la capitale du Sud.
Depuis l’insurrection populaire de 2011, dans le sillage du Printemps arabe, qui a poussé au départ le président Ali Abdallah Saleh, le pouvoir central a été marginalisé par les Houthis et Aqpa qui ont accru leur influence, tout en se livrant une guerre sans merci.
Et preuve de l’affaiblissement du pouvoir, M. Hadi, le président internationalement reconnu, a dû être évacué jeudi vers un «lieu sûr» après un raid aérien contre son palais à Aden et des combats entre ses forces et celles d’un général rebelle, Abdel Hafez al-Sakkaf, qui avait refusé un ordre de limogeage du chef de l’État.
Les troupes fidèles au président ont ensuite repris le contrôle d’Aden et M. Hadi, qui avait dénoncé «l’échec d’une tentative d’un putsch», est de nouveau apparu en public en effectuant la prière du vendredi dans une mosquée de la ville.
Un général rebelle attaqué
Le général Sakkaf, dont les liens sont avérés avec les Houthis et l’ex-président Saleh, a choisi de fuir pour Sanaa, mais son convoi est tombé dans une embuscade, selon un responsable. Il s’en est sorti indemne, mais quatre gardes du corps ont péri.
La situation était calme vendredi à Aden où les forces pro-Hadi ont renforcé leur contrôle, en multipliant les barrages routiers, selon des correspondants de l’AFP.
Les Houthis, soupçonnés d’avoir le soutien de l’Iran, avaient déferlé en septembre 2014 à Sanaa, venant de Saada, puis étendu leur influence vers l’ouest et le centre du pays.
Si ce mouvement a rencontré peu de résistance de la part des forces gouvernementales, il en est tout autre avec Aqpa qui a revendiqué depuis septembre de nombreux attentats contre les Houthis.
Les espoirs suscités par l’ouverture d’un dialogue national, parrainé par l’ONU, sont quasiment morts et les observateurs évoquent un sérieux risque de guerre civile au Yémen, considéré comme un allié des États-Unis dans la guerre antiterroriste.
Source : [20/03/2015] AFP