Tout au long de la journée, des manifestants sont descendus dans quelques rues de la ville mais «dans l'ensemble ça a été une très bonne journée», a résumé en début de soirée le chef de la police. | Reuters
Tout au long de la journée, des manifestants sont descendus dans quelques rues de la ville mais «dans l’ensemble ça a été une très bonne journée», a résumé en début de soirée le chef de la police. | Reuters

Plusieurs milliers de militaires et de policiers étaient déployés mardi soir dans les rues de Baltimore, soumise à un couvre-feu au lendemain de violentes émeutes qui ont exposé une nouvelle fois la méfiance entre la communauté noire et la police.

«Cette nuit nous aurons 2000 gardes nationaux et plus d’un millier de policiers en service» à Baltimore pour y «restaurer l’ordre», a annoncé lors d’une conférence de presse le gouverneur du Maryland Larry Hogan.

Un couvre-feu nocturne devait aussi entrer en vigueur mardi à 22h00 locales jusqu’à 05h00, pendant lequel la police arrêtera toute personne de sortie, sauf pour des raisons professionnelles ou médicales.

Tout au long de la journée, des manifestants sont descendus dans quelques rues de la ville mais «dans l’ensemble ça a été une très bonne journée», a résumé en début de soirée le chef de la police Anthony Batts.

De nombreux habitants dans ces quartiers de l’ouest de la ville se sont mis à déblayer les devantures de magasins et les rues.

Barack Obama, premier président noir des États-Unis, a condamné comme beaucoup d’autres responsables les violences qui ont enflammé la ville de 620 000 habitants lundi, mais admis qu’elles étaient révélatrices d’une crise latente entre la jeunesse noire et la police.

«Nous avons vu trop d’exemples d’interactions entre la police et (…) des gens, surtout des Afro-américains, souvent pauvres, qui soulèvent des questions troublantes», a déclaré M. Obama.

Il a exhorté la police et la communauté noire à «l’introspection» après plusieurs faits divers où des jeunes Noirs non armés ont été tués par des policiers blancs. Ces drames avaient provoqué des manifestations qui ont viré parfois aux émeutes, notamment à Ferguson (centre).

Des gangs ont renchéri en affichant leur «unité contre les violences». La veille, la police de Baltimore avait évoqué une «menace crédible» de gangs de la ville décidés à en découdre avec les forces de l’ordre.

«Mieux vaut se battre pour la cause de la ville de Baltimore que se battre entre nous», a déclaré à l’AFP Charles, membre du gang PIRU (Powerful Intelligent Radical Unified soldiers). Il a cependant dénoncé les autorités «qui nous laissent plonger dans la pauvreté».

Les violences ont éclaté juste après l’inhumation d’un jeune homme noir, Freddie Gray, 25 ans, mort quelques jours plus tôt dans des circonstances encore inexpliquées alors qu’il était détenu par la police.

Une enquête a été ouverte mais de nombreux habitants estiment qu’il s’agit du dernier exemple des brutalités policières auxquelles les Noirs sont régulièrement confrontés.

«Des jeunes de 14, 15 ou 16 ans»

Critiquée pour son inaction, la police n’a pas réagi davantage lundi «parce qu’il s’agissait de jeunes de 14, 15 ou 16 ans», a expliqué M. Batts, en précisant que la vingtaine de policiers blessés étaient désormais sortis de l’hôpital et qu’environ 250 personnes avaient été arrêtées depuis le début des incidents.

Les autorités ont appelé les parents à surveiller leurs enfants.

Une vidéo fréquemment diffusée sur les réseaux sociaux montrait la scène étonnante d’une mère de famille giflant son fils pour qu’il enlève la cagoule avec laquelle il avait pris part aux émeutes. «C’est mon seul fils et je ne veux pas qu’il finisse par devenir un Freddie Gray», a expliqué la jeune femme à des médias.

Les écoles de Baltimore étaient fermées mardi, même si certains craignaient que cela ne permette à des lycéens de descendre dans les rues.

Une rencontre de baseball dans un grand stade de la ville a été de nouveau reportée à mercredi, mais sera jouée à huis-clos, une première dans l’histoire de la ligue.

«Nous n’allons pas tolérer cette violence», avait affirmé au petit matin le gouverneur du Maryland à un point de contrôle de la police, entouré d’hommes lourdement armés.

Les émeutes ont contrasté avec le calme et la sérénité qui avaient marqué la cérémonie des obsèques de Freddie Gray, la famille de la victime appelant à la retenue.

De nombreux lycéens qui semblaient sortir de l’école ont commencé à s’en prendre aux forces de police stationnées dans la ville en lançant briques, cailloux, bâtons, bouteilles. «Leur seule volonté était d’apporter la violence et de détruire la ville», a expliqué le gouverneur.

Les forces de l’ordre ont rapidement été prises de court et plusieurs supermarchés ont été pillés et incendiés, tout comme des voitures et des véhicules de police. Plusieurs reporters ont également été attaqués et se sont fait voler du matériel.

Le gouverneur Hogan a décrété l’état d’urgence dans cette ville située à une soixantaine de kilomètres de Washington.

Baltimore, l’une des villes les plus violentes des États-Unis au début des années 1990, avait connu un certain retour au calme depuis plusieurs années et de nombreux quartiers ont été réhabilités. Certaines zones de la ville restent cependant très pauvres.

Source : [28/04/2015] AFP

Titre : 27avril.com