La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, soupçonnée de négligence lors d’un arbitrage lorsqu’elle était ministre de l’Économie, sera jugée en France, a décidé vendredi la Cour de cassation.

La patronne du FMI Christine Lagarde sera juge en France | Photo : Le Temps
La patronne du FMI Christine Lagarde sera juge en France | Photo : Le Temps

La Justice française a décidé vendredi du renvoi en procès de la patronne du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, qui sera jugée pour négligence lors d’un arbitrage en 2008 alors qu’elle était ministre de l’Économie.

Christine Lagarde, qui a toujours protesté de sa bonne foi, risque un an de prison et 15 000 euros (environ 21 600 dollars) d’amende. L’arbitrage a permis un détournement de fonds publics.

Son renvoi en procès validé par la Cour de cassation est embarrassant pour la directrice du FMI, même si l’institution n’a cessé de lui témoigner sa confiance tout au long de sa mise en cause par la justice française, position réaffirmée sitôt connue la décision de la plus haute instance judiciaire.

Dans une déclaration à l’AFP, son avocat Patrick Maisonneuve a de son côté regretté cette décision, tout en soulignant que la Cour de cassation n’avait « en rien tranché la question de fond de la responsabilité de Christine Lagarde ».

Première femme à diriger le FMI, reconduite cette année pour un deuxième mandat de cinq ans à la tête de l’institution basée à Washington, Christine Lagarde s’est forgée l’image d’une dirigeante ferme à l’épaisse carapace. À 60 ans, celle qui a connu une ascension météorique jusqu’au gotha des leaders mondiaux va devoir conjuguer poursuite de ses obligations professionnelles à travers le monde et défense de sa probité devant des juges.

« J’ai toujours agi de bonne foi », a-t-elle répété lors d’un entretien début juillet à l’AFP.

La justice lui reproche d’avoir laissé faire un arbitrage entre Bernard Tapie et l’ancienne banque publique Crédit Lyonnais, dont a résulté en 2008 un détournement de fonds publics de 404 millions d’euros (plus de 583 millions de dollars) en faveur de l’homme d’affaires français.

Cet arbitrage visait à mettre un terme à un long contentieux lié à une vente de l’équipementier sportif Adidas. Christine Lagarde était alors ministre de l’Économie du président de droite Nicolas Sarkozy.

Bernard Tapie estimait avoir été floué par la banque au moment de la revente de l’équipementier sportif Adidas en 1994. Plutôt que d’aller devant la justice, le ministère de l’Économie avait choisi de recourir à un arbitrage privé.

L’arbitrage a ensuite été annulé pour fraude par la justice civile.

Sommet du pouvoir

Mme Lagarde devra comparaître devant la Cour de justice de la République (CJR), une instance habilitée à juger les délits commis par des membres de gouvernement en exercice.

En décembre, les magistrats de la CJR avaient décidé son renvoi en procès pour le délit de « négligence », mais l’ancienne ministre avait déposé un recours devant la Cour de cassation. Les magistrats de la CJR ont évoqué « de graves négligences de la part d’un ministre chargé de la conduite des affaires de l’État ».

La patronne du FMI a toujours affirmé avoir agi dans « l’intérêt de l’État » et « le respect de la loi ».

Au cours de sa carrière, Christine Lagarde a notamment été avocate d’affaires aux États-Unis, avant de devenir ministre de l’Économie en France. Fille d’enseignants, mère de deux fils, elle s’est frayé en moins de dix ans un chemin vers le sommet du pouvoir où les femmes ne sont pas légion.

Au cours des dernières années, son nom avait été avancé pour prendre la présidence de la Commission européenne, voire pour concourir à la présidence française en 2017. Mais début juillet, dans son entretien avec l’AFP, elle a assuré qu’il n’en était pas question. « Je pense que je suis mieux faite pour ce que je fais aujourd’hui que pour le monde politique et les acteurs politiques tels qu’ils sont », tranche-t-elle.

Source : [22/07/2016] AFP