Faure Gnassingbé a suffisamment démontré aux Togolais qu’il n’a aucune volonté de mettre le Togo sur les rails de la démocratie, de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance.

Caricature : Donisen Donald  / Liberté
Caricature : Donisen Donald / Liberté

«Le prince ne doit pas craindre de n’avoir pas une population nombreuse, mais de ne pas avoir une juste répartition des biens » – Machiavel

L’homme ayant divorcé d’avec les principes démocratiques, son seul souci est de demeurer au pouvoir et de se ménager une présidence à vie comme géniteur. Pour le reste, il n’en a cure. Il en a encore apporté la preuve lors du message qu’il a adressé à la nation à l’occasion du 56è anniversaire de l’indépendance du Togo. Un discours vide, en déphasage avec la réalité quotidienne des Togolais. Les Togolais dans leur écrasante majorité ne se sont pas retrouvés dans cette allocution. Faure Gnassingbé vit dans sa bulle, coupé du bas peuple. Il donne l’impression de ne s’être adressé qu’à la minorité qui pille le pays et qui mène un train de vie princier et la horde de courtisans bénéficiaires de produits FNFI et dérivés.

Il semble définitivement faire un trait sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles pourtant indispensables pour l’ancrage de la démocratie dans notre pays. Il n’a même pas daigné évoquer le sujet dans son laïus alors qu’il avait pris depuis 2006 des engagements dans ce sens à travers l’Accord Politique Global. La Commission Vérité, Justice et Réconciliation que Faure Gnassingbé lui-même a instituée, a circonscrit dans son rapport la question des réformes politiques. Mais il reste inflexible là-dessus.

Même sur la question de la décentralisation et des élections locales, il s’est montré évasif. « Le moment venu, il appartiendra à l’Assemblée nationale de retenir les options qui nous guideront dans le parachèvement du processus de décentralisation et dans l’organisation des élections locales », a-t-il dit. « Le moment venu », c’est quand ? Va-t-on attendre cinq ans, dix ans de plus sans la décentralisation de nos institutions locales ? Cela fait 30 ans que les Togolais attendent l’organisation des élections. Faure Gnassingbé lui, est au pouvoir depuis 11 ans, mais les communes continuent d’être gérées en toute opacité par les délégations spéciales nommées par son père.

Il y a cinq mois à peine que Roch Marc Christian Kaboré a été élu au Burkina Faso, mais son gouvernement a programmé les élections municipales sur le 22 mai 2016 prochain, après deux reports. Comme quoi, quand on a la volonté, on peut tout faire.

Quand il faut prendre des engagements concrets, faire des réformes pouvant réduire un tant soit peu l’emprise de sa camarilla sur le pouvoir, Faure Gnassingbé se dérobe. Mais quand il s’agit d’endormir le peuple, de l’abreuver de propagandes à travers des travaux publics à sensation, il devient subitement emphatique.

« L’inauguration de la nouvelle aérogare de l’Aéroport international Gnassingbé Eyadéma et bien d’autres ouvrages ainsi que la réouverture de l’hôtel Radisson Blu 2 Février, à quelques jours de la fête de l’indépendance, prennent une forte valeur de symbole. Ces deux évènements sont en effet une bonne illustration de la transformation qualitative qui s’opère au Togo de manière irréversible », a-t-il déclaré.

Dites-nous, les Togolais auraient-ils si peu de valeur qu’on croit pouvoir les acheter avec un hôtel, fût-il de haut standing ou une aérogare ultramoderne ?

Source : Médard Amétépé, Liberté