Arrivé au pouvoir dans un torrent de sang en 2005, Faure Gnassingbé que d’aucuns présentaient comme une alternative crédible pour le Togo, se révèle aujourd’hui être le véritable problème du Togo.

Faure Gnassingbé, le jeune dinosaure Togolais qui conduit le pays droit dans le mur | Photo : RT
Faure Gnassingbé, le jeune dinosaure Togolais qui conduit le pays droit dans le mur | Photo : RT

« Un dictateur, en effet, n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi » – François Mitterrand

Après 38 ans de règne sans partage du père, le bon sens aurait voulu que le fils engage le pays sur la voie de la démocratie et de l’Etat de droit. Seule manière de sauver l’image de la famille aryenne qui n’a pas bonne presse auprès des Togolais, mais aussi d’entrer dans l’histoire par la grande porte. Malheureusement, Faure Gnassingbé se pose en fossoyeur de la démocratie et de l’alternance. Pour s’être opposé systématiquement aux réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales gages d’un Togo libre, démocratique et prospère. Mais aussi pour son refus catégorique de signer le protocole de la CEDEAO pour la limitation des mandats présidentiels dans l’espace communautaire.

Il ne fait aucun doute, le seul souci de Faure Gnassingbé est de demeurer au pouvoir et de se ménager une présidence à vie, comme son géniteur. Pour y parvenir, il a un projet funeste qui consiste à écarter sur son chemin tous ceux qui constituent une menace pour son pouvoir.

Hier, c’était sur une abracadabrantesque histoire de tentative de coup d’Etat qu’il a surfé pour neutraliser définitivement Kpatcha Gnassingbé. Une affaire sans tête ni queue mais dont il s’est servi pour coller 20 ans de bagne à son demi-frère dont le seul tort ( ?) est d’avoir pensé que lui aussi pouvait un jour devenir président du Togo. On l’a envoyé manu militari là où il ne pouvait gêner personne. Faure Gnassingbé se trace ainsi une autoroute pour une présidence à vie.

Hier encore, c’était une rocambolesque affaire d’escroquerie dite internationale qui lui a permis de crucifier l’ancien homme fort de l’exécutif, Pascal Akoussoulèlou Bodjona dont l’ascension dans les cercles du pouvoir était très mal vue. Soupçonné d’avoir des ambitions présidentielles, ce qui est un crime de lèse-majesté sous les Gnassingbé, le Prince a vite fait de le mettre sous éteignoir.

Aujourd’hui, c’est sur la sordide affaire des incendies des marchés de Kara et de Lomé que mise Faure Gnassingbé pour neutraliser certains ténors de l’opposition. Dans le collimateur du pouvoir, le leader de l’ANC, Jean-Pierre Fabre est le coupable tout trouvé alors que les vrais auteurs des incendies sont ailleurs. Faut-il le rappeler, au lendemain du sinistre, sans diligenter une enquête crédible pour déterminer les causes et situer les responsabilités, le régime avait procédé, sur la base d’accusations calomnieuses et de montages grotesques, à une vague d’inculpations et d’arrestations arbitraires au sein des dirigeants et militants de l’opposition.

Si trois ans après ces crimes odieux, une ordonnance de non lieu a été prononcée contre certains, l’inculpation est maintenue pour d’autres dont Jean-Pierre Fabre, président de l’ANC et Ajavon Zeus, coordonnateur du Collectif Sauvons le Togo (CST) à l’époque des faits. Bien que le rapport des experts de la police scientifique française disculpe de facto toutes les personnes mises en cause, Faure Gnassingbé veut présenter Jean-Pierre Fabre comme bouc émissaire. Les juges aux ordres sont là pour faire le reste. L’objectif, à terme, comme l’ont déjà révélé certains, est de le faire condamner au cours d’une parodie de procès et dissoudre son parti.

Faure Gnassingbé ira-t-il au bout de son plan et enverra-t-il Jean-Pierre Fabre aux assises – au risque d’en faire Nelson Mandela, version togolaise – ou s’agit-il d’une simple diversion comme on le pense dans certains milieux? L’avenir nous édifiera.

Source : Médard Amétépé, Liberté