Des agents de la santé, membres de SYNPHOT, en sit-in CHU Sylvanus Olympio | Archives : T228

« Voici le programme de la semaine ! 30, 31 janvier et 1er février = Grève des enseignants (reconductible) ; 31 Janvier et 1er Février = Grève des agents de santé (reconductible); 31 janvier, 1er février et le 3 février = Marche de la Coalition des 14 ; 5, 6, 7, et 8 Février = Grève des agents du Ministère de la Fonction Publique (reconductible), les étudiants aussi ne décolèrent pas à l’Université de Lomé et de Kara! », c’est par cette formule qu’un concitoyen a exprimé son amertume sur les réseaux sociaux face aux tristes constats dans le quotidien difficile des Togolais.

En trois mandats, Gnassingbé Essozimna Faure reste bien droit au milieu des problèmes qui assaillent le pays sans pouvoir avancer des solutions fiables et pérennes.

Les secteurs sociaux en lambeaux

Le secteur de la santé est le plus abandonné au Togo. Pour des maladies bénignes, des Togolais laissent leur vie, faute de matériels de soins dans les structures sanitaires publiques. Après trois sit-in observés sur toute l’étendue du territoire national pour attirer l’attention du gouvernement sur les conditions de vie et de travail des agents de la santé sans résultat probant, le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers du Togo part finalement en grève les mercredi 31 janvier et le jeudi 1er février.

Pour le Secrétaire Général du SYNPHOT, Professeur Atchi Walla, c’est depuis juillet 2017 que les praticiens hospitaliers ont pris attache avec le gouvernement pour faire face au problème de manque criard d’effectif et d’équipement. Le ministre de la Fonction Publique Gilbert Bawara a donné « la parole de responsable » qu’il va se pencher résolument sur le problème pour des solutions appropriées. Mais « nous nous sommes rendus compte qu’on est tournés en bourrique. On est allé de séance de travail en séance de travail sans aucun résultat concret. Et au finish, on nous offre un groupe de travail dans lequel il faut aller réfléchir aux différents problèmes que nous avons posés », a indiqué le professeur Walla qui trouve qu’on n’a pas besoin d’aller dans un groupe de travail pour décider de rééquiper de façon urgente les hôpitaux et offrir un statut particulier aux agents de la santé. « Il est hypocrite de penser que la solution aux problèmes de la santé se résume à la contractualisation », a-t-il ajouté.

Les mouvements des agents de la santé datent de plus de dix ans déjà sans solution. Lorsque le pic a été atteint en 2013, Faure Gnassingbé n’a fait qu’annoncer les États généraux de la santé et de l’éducation qui n’ont jamais vu le jour. L’horizon s’obscurcit et rien ne présage un sursaut d’orgueil du pouvoir.

Tout à côté, ce sont les enseignants qui renouent avec les grèves. « La Coordination des Syndicats de l’Education du Togo (CSET) constate avec indignation le caractère dilatoire caché que revêt une fois encore ce énième groupe de travail afin de faire perdurer la crise qui n’a eu que d’impacts négatifs quant à la qualité de l’enseignement au Togo. Elle constate aussi que malgré les deux semaines accordées au gouvernement pour régler définitivement la question relative aux primes et indemnités ainsi que celle de la prise en compte des amendements à intégrer, aucune ligne n’a bougé pour rassurer le monde éducatif, et le délai des deux semaines est à terme sans aucune amorce de discussions sur les primes et indemnités. A cet effet, elle demande à tous les camarades enseignants, chefs d’établissements et les inspecteurs à respecter le mot d’ordre de grève d’indignation les 30, 31 janvier et 1er février 2018.

Car ce statut nous concerne tous et nous devons tous le défendre », lit-on dans le préavis adressé aux ministres des Enseignements Primaire, Secondaire et de la Formation Professionnelle et celui de l’Enseignement Technique. « Par ailleurs, la question de primes et indemnités ainsi que la prise en compte des amendements sont prioritaires lors des discussions dans le groupe de travail et qu’au terme des trois jours de cessation de travail susmentionnés si cette question ne trouve pas satisfaction, la grève restera reconductible les prochains jours », indique la CSET qui ajoute que toutes les évaluations avant, pendant et après cette période de grève sont boycottées jusqu’à satisfaction.

Comment faut-il expliquer encore au pouvoir que la politique de l’Autruche et le dilatoire ont des limites fatales. Dans notre avant derrière parution, nous évoquions les boursoufflures langagières du premier ministre Klassou pour entretenir le dilatoire. Et c’est bien le cas avec ce énième mouvement de débrayage cette semaine. Ces mouvements seront relayés par ceux des agents du ministère de la Fonction Publique quatre jours durant soit du 5 au 8 février. Peut-on imaginer l’impact de la paralysie de l’administration publique pendant quatre jours ? Et ce n’est pas la première fois.

Par ailleurs, les étudiants des Universités de Lomé et de Kara ont manifesté aussi leur colère la semaine dernière avec un lot de blessés dont des cas graves. Par-dessus tout, la crise politique.

5 mois de crise politique et ses conséquences désastreuses

Comme annoncé au début, c’est une semaine particulière au Togo. La Coalition des 14 partis politiques de l’opposition dans la rue depuis le 19 août 2017, appelle à de nouvelles manifestations les 31 janvier, les 1er et 3 février pour le retour à la constitution de 1992, l’amélioration du cadre électoral et le vote de la diaspora ainsi que la libération de tous les détenus politiques.

Pour toute réponse, Faure Gnassingbé et son pouvoir ne parlent que répression et dilatoire. Or, plus de cinq mois de crise, tout est au ralenti. Quatre des six centrales syndicales du Togo sont aussi sorties de leurs réserves et appellent au dialogue pour libérer le pays. « Nous avons voulu dire à nos acteurs politiques que nous les travailleurs, nous en avons assez. Il est temps que les politiques de tout bord puisse s’assoir pour trouver une solution, je ne dis pas une, je dis la solution définitive et que l’on puisse vaquer librement à nos occupations parce que nous avons payé, nous les travailleurs, un trop grand tribut à la lutte et nous nous avons droits de jouir aussi de nos libertés fondamentales.

Alors qu’on nous trouve la solution », a déclaré Mme Nadou Lawson, Coordonnatrice de la Synergie des Travailleurs du Togo (STT). Lorsqu’on voit tout ça dans un pays dirigé par le même régime depuis 51 ans, on doit forcément s’interroger.

En trois mandats, la politique, l’économie, la santé et l’éducation toujours en crise, on doit sensément se demander ce que revendique finalement Faure Gnassingbé à la tête du Togo surtout lorsqu’il continue de croire qu’il est le meilleur président et pense mourir au pouvoir.

Le Togo est bien en danger.

Kokou Agbemebio

Source : Le Correcteur