Deux des ministres les plus corrompus du Togo, celui de l'Économie et des FInances, Adji Otèth Ayassor, et celui des Infrastructures et du Transport, Ninsao Gnofam ont encaissé une retro-commission de 10 milliards de FCFA les 26 milliards du projet bitumage de la route Lomé-Vogan-Anfoin, accordé èa CECOGROUP, actuellement en difficulté financière | Infog : 27avril.com / RT
Deux des ministres les plus corrompus du Togo, celui de l’Économie et des FInances, Adji Otèth Ayassor, et celui des Infrastructures et du Transport, Ninsao Gnofam ont encaissé une retro-commission de 10 milliards de FCFA les 26 milliards du projet bitumage de la route Lomé-Vogan-Anfoin, accordé èa CECOGROUP, actuellement en difficulté financière | Infog : 27avril.com / RT

Le Togo comme il va, le sulfureux monde des BTP est un volcan imprévisible. Chaque route bitumée a son jardin secret, même les chantiers à peine lancés sont assez vieux pour avoir leur petite histoire. Et quand les BTP s’invitent dans la cour du géant CECOGROUP, l’actualité est encore dense.

Depuis un temps, les travaux publics exécutés par la filière BTP de CECOGROUP retiennent notre attention. Le chantier de bitumage de l’axe Lomé-Vogan-Anfoin aura le plus alerté notre Rédaction. Les dernières révélations sur les non-dits de ce chantier font état des dessous de table de 10 milliards pour un chantier de 26 milliards. Désormais en souffrance, la réalité sur ce tronçon pousse tout analyste à se demander si CECOGROUP est à condamner ou à plaindre.

En effet, nous vous disions dans nos précédentes éditions que cette entreprise a grandi plus que son âge. Raflant les chantiers avec les pieds et les mains, elle est devenue un dinosaure qui renverse tout sur son passage. La quasi-totalité des grands chantiers dans les BTP se résument à CECO.

Et puisque « qui  de trop embrasse, mal étreint », le balbutiement pour ne pas dire la médiocrité, a aussi élu domicile dans les couloirs de la ronflante entreprise. Nous ne le dirons jamais assez, lancé à cor et à cri, le bitumage de l’axe Lomé-Vogan-Anfoin est en souffrance. Tous les arguments avancés pour distraire l’attention des curieux qui s’y intéressent n’ont pas eu raison de nos investigations. C’est ainsi que, cherchant à savoir ce qui gangrène ce chantier mort-né, nous nous sommes retrouvés nez à nez avec de tristes réalités.

En effet, le bitumage de l’axe Lomé-Vogan-Anfoin, a été évalué à 26 milliards de nos francs. Puisqu’ « une fois n’est pas coutume », loin de respecter la sacro-sainte règle de passation des marchés, c’est par la très  alléchante « consultation restreinte » que le bitumage a été remis à CECOGROUP par les « puissanticimes » ministres Ayassor Adji Otèth des finances et son collègue Ninsao Gnofam. Puisqu’à CECO BTP, on ne veut pas entendre parler de gré à gré, pour une consultation restreinte, c’en était une.

La consultation a été tellement restreinte que, l’entreprise a vu sa marge de manœuvre elle aussi restreinte. Au finish, le chantier est abandonné. Pour un travail de 26 milliards de CFA, les dieux des travaux publics ont retenu une retro-commission de 10 milliards. Suite à un coup de fil, il est proposé au PDG de CECOGROUP ce marché qui coûte 26 milliards au trésor public. Les consultants de la consultation restreinte, au nombre de trois, devaient se partager 10 milliards pendant que l’entreprise construit le chef-d’œuvre avec 16 milliards. CECO BTP accepte le deal dont Ayassor en était le métronome. Une fois que les deux camps se sont mis d’accord et les documents signés, le ministre des finances racle les caisses de la République et fini par réunir 16 milliards. Et puisque la charité bien ordonnée ne commence pas par autrui, les ministres ont en même temps gardé leur 10 milliards en remettant six milliards à l’entreprise qui devait se débrouiller pour finir le chantier et encaisser les dix milliards restant auprès de l’Etat.

Pendant que les trois décideurs se partageaient leur butin de guerre, le pauvre entrepreneur, les dents serrées, commence le chantier avec sa maigre prise. A peine une partie de la route commence à recevoir de l’asphalte que l’entreprise est financièrement essoufflée. Le chantier est désormais noyé dans les eaux de caniveaux abandonnés le long de la route. Le travail a pris du plomb dans l’aile pendant que des canalisations désormais dangereuses sont restées ouvertes le long du tronçon.

Route Lomé-Vogan-Anfoin | Infog : 27avril.com + Road Map
Route Lomé-Vogan-Anfoin | Infog : 27avril.com + Road Map

Pour justifier l’abandon du travail et le repli des engins, l’entreprise parle de priorités ailleurs. Mais en réalité, les vraies raisons et les vraies priorités qui ont fait arrêter les engins lourds sont à chercher sur les comptes bancaires de trois ministres de la République du gouvernement Ahoomey-Zunu. Nous gardons le nom du troisième pour des confirmations. La consultation qu’on a voulue restreinte au départ a fini par être trop large pour les ministres-consultants et trop restreinte pour CECEGROUP. En temps normal où elle traversait ses temps de gloire, l’entreprise devait déjà colmater les brèches en prenant les moyens ailleurs pour palier à l’urgence sur ce chantier. Une façon de déshabiller l’imam pour habiller le muézin, prendre les moyens ici pour achever un chantier là. Mais cette fois-ci, le besoin est né au mauvais endroit et au mauvais moment. L’entreprise « traverse une difficulté de trésorerie ». C’est en tout cas ce qui a été servi à  ces micro-entreprises aux quelles CECO sous-traite ses travaux. La direction a reconnu cette situation lors d’une récente réunion pour rassurer les créanciers sous-traitants.

Les petites entreprises qui pivotent autour des nombreux chantiers de CECO s’inquiétant de tout droit de ce que leur entreprise bienfaitrice devenait de plus en plus insolvable vis-à-vis des travaux exécutés, le DG a tenu une réunion. Il a, en effet, demandé aux créanciers de garder un peu patience pour  qu’il résoud  ses difficultés de trésorerie et surtout, devait-il solliciter d’eux, d’être le moins bavards possible. Du siège national à Sotouboua à la présidence, à cheval entre les réunions tantôt avec les sous-traitants, tantôt avec les cadres de l’entreprise, ces derniers moments ne sont pas de tout repos pour le DG en détresse, Constantin Amouzou.

Le DG de CECOGROUP, Constantin Amouzou | RT
Le DG de CECOGROUP, Constantin Amouzou | RT

Nous vous disions dans la dernière parution que, d’après un audite interne, la boîte traverse des difficultés financières et que le pire est à venir à moins d’une oxygénation financière spéciale. Évidemment, à un moment où l’État est financièrement étouffé et que seules les grosses entreprises tiennent la route dans la construction du pays,   contrairement aux habitudes où un simple coup de fils du PDG à une banque valait un chèque en blanc, les établissements financiers sont devenus réfractaires à CECO. Celles-ci refusent poliment de traîner les pots cassés des consultations restreintes et des préfinancements dont seuls les initiés de la finance occulte des BTP au Togo maîtrisent les contours. Non seulement les banques commencent par s’inquiéter des découverts, mais aussi nous vous disions la dernière fois que des signaux ont été envoyés de quelque part.

Pour ceux qui sont jaloux des conquêtes de M. Constantin Amouzou, cette situation est aussi à chercher derrière un télescopage entre les intérêts intimes du plus fort de la jungle et du jeune audacieux Constantin qui, fort de son nouveau statut, ne savait plus distinguer sa petite cour de la cour des grands. Que l’ancien homme de Dieu se fasse taper aux doigts sur le matelas de son bienfaiteur ne nous intéresse pas tant. Mais la question qui revient est de savoir quelle leçon tirer de cette situation. Le deal entre CECO et les ministres autour de ce chantier a été tellement aisé et facile qu’il va sans dire que les contractants ne sont pas à leur coup d’essai. Est-ce à dire que c’est  de cette façon que CECO arrache à tour de bras les marchés ? La liste des marchés attribués à CECO dans un environnement où même les grandes multinationales se cherchent fait couper le souffle.

Aussi, disions-nous que « CECO, c’est tout un chapelet de chantiers à Lomé et à l’intérieur du pays :projet de la voirie de Lomé ; ce volet comprend au moins trois bassins de rétention d’eau pluviale dans la capitale et plusieurs routes allant principalement d’Agbalapédogan au quartier Adidoadin, le marché de Niamtougou, la nouvelle direction de la gendarmerie nationale à Lomé, la Cour d’Appel de Lomé, la maison des jeunes à Kara, l’immeuble commerciale à Nyékonakpoè, le démolissement et probablement la reconstruction du marché d’Adawlato,  l’École nationale des instituteurs à Sotouboua, le siège technique de la TVT, la cour des comptes, la liste est longue. Il en est de même des routes : Notsè-Tohoun-frontière Bénin, avec d’autres entreprises, Lomé-Vogan-Anfoin, le boulevard de la paix. CECOGROUP, c’est aussi des pistes rurales à travers les préfectures du pays ». Ceco n’a presque jamais participé à un appel d’offre digne de ce nom. S’il a participé, qu’on nous donne les références des appels d’offre des différents marchés qu’il exécute ou qu’il a déjà terminés.

CECOGROUP
CECOGROUP

De ces marchés, plusieurs sont arrêtés pour insuffisance technique entre autres le cas du siège de la Cour des comptes, d’autre ont dû être corrigés plusieurs fois avant terme. Mieux, quand on attribue un marché à une entreprise qui montre son incapacité à exécuter le travail, le minimum des dispositions à prendre, c’est de le  retirer et de le confier à un autre. Mais au Togo, l’entreprise garde son marché et ne semble même pas en faire un souci, puisque les 10 milliards indûment partagés par les ministres sont pour elle un bouclier. La faramineuse retro-commission est devenue une boule dans la bouche des décideurs des travaux publics.

A supposer même que l’entreprise n’ait aucun souci financier et qu’elle arrive à achever un chantier de 26 milliards avec 16 millions, quel sera la qualité de la route ? Quand les premiers décideurs se livrent à ces crimes économiques, à quoi vont ressembler les prestations des différents cabinets de contrôle dans l’exécution des travaux de CECO ? Est-ce à dire que c’est le même langage qui s’utilise dans la passation des autres marchés pour que les avenants dépassent parfois les chantiers mères ? Avec cette façon de faire, quelle garantie offrent les travaux effectués par l’entreprise ? Dans un pays où l’impunité contre les crimes économiques a de beaux jours, nos ministres ne sont pas à leur coup d’essai. Il vous souvient qu’il a fallu des révélations de médias pour qu’Adji Otèth Ayassor et son collègue des mines, à l’époque Damipi Noupokou, restituent les 4 milliards FCFA qu’ils ont reçus de WACEM.

En effet, ces ministres ont reçu et gardé 4 milliards de CFA de WACEM comme une partie des 6 milliards que WACEM devait donner en contribution dans la construction de la route qui sert en bonne partie à transiter les produits cimentiers. Mais cette somme a disparu dans les couloirs des ministères jusqu’au jour où, suite à un accident mortel d’un camion de ciment conduit par un fils du milieu, les populations se révoltent contre l’usine pour que les Indiens de WACEM dévoilent avoir déjà donné 4 milliards pour cette voie. Avec ces comportements au sommet d’un État, il y a de quoi faire capoter, en 2 ans, le projet « Contour global » qui a pourtant coûté 125 milliards de FCFA aux contribuables afin de résoudre définitivement les soucis de délestage. Avec ces comportements, on comprend comment les contournements de la faille d’Alédjo, de Bafilo et de Défalé sont en grand travaux de réparation avant même que la réception ne soit faite.

Voila qui confirme nos appréhensions. A moins que le marché ait déjà été surévalué, si l’ingénieur agronome Constantin Amouzou était un vrai professionnel soucieux de la qualité de ses ouvrages, il saurait que 16 milliards pour un chantier de 26 milliards n’accouchera que du colmatage.

Bon à suivre !

Source : [17/09/2015] Abi-Alfa, Le Rendez-Vous No. 259