« La diplomatie a ses raisons que l’altruisme ne connait pas » – Jean-Paul Lebourhis

Quelques de la coalition de l’opposition :Jean-Pierre Fabre de l’ANC (d), Brigitte Adjamagbo-Johnson (c) et Tikpi Atchadam (à droite de Adjamagbo) | Photo : DR

L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) vient d’essuyer un sérieux revers de la part de l’opposition togolaise, notamment de la coalition des forces démocratiques. En refusant de rencontrer la délégation de l’OIF annoncée et conduite par la sulfureuse Aïchatou Mindaoudou, elle peut faire l’objet d’attaques en règle, être invectivée, voire atteinte dans sa dignité. Les analystes stipendiés ne se donneront sans doute pas de répit sans lui avoir envoyé des tirs croisés pour la traiter d’irresponsable. Mais c’était, à y regarder de plus près, l’unique moyen pour elle de se faire respecter un tant soit peu par cette fameuse communauté internationale qui prétend, du bout des lèvres, se préoccuper du sort du peuple togolais, mais dont le dessein reste uniquement de favoriser le plan d’un règne à vie à l’héritier d’Eyadéma.

Comment analyser l’attitude de l’OIF si ce n’est sous le prisme d’une moquerie ? Pourquoi parmi tant de délégués et experts de cette organisation, a-t-il fallu que le choix de la cheffe de mission de bons offices au Togo se porte sur cette personnalité de sinistre réputation chez nous, pour son rôle dans l’ascension dynastique de Faure Gnassingbé au pouvoir en 2005 ? Qu’est-ce qui a bien pu prévaloir à ce choix ? Sa connaissance biaisée du dossier togolais ? Ou le fait qu’elle a déjà roulé pour Faure Gnassingbé et qu’elle est en mission commandée pour rééditer cet exploit? Les organisations internationales se décrédibilisent totalement dans la crise togolaise. Et parfois, un message cinglant comme celui de l’opposition à l’OIF est la meilleure réponse, en guise de rappel à l’ordre. Car, se soumettre inconditionnellement aux diktats des O.I au point d’en devenir des obligés, n’a jamais été la solution au mal togolais. Une médiation sur une base de parti pris ne peut, en aucun cas, permettre de débusquer la solution de sortie de crise.

Mais le hic, c’est que cette attitude de l’opposition visant à la crédibiliser davantage, suscite déjà des voix dissonantes au sein de la coalition, selon des bruits qui nous parviennent. Ceux qui font du dialogue leur credo tentent de semer la désunion. Ils ont tellement foi dans les vertus du dialogue que la fin de non-recevoir opposée à l’OIF les rebute. Pourtant, depuis onze ans, la ribambelle de dialogues organisés sous nos cieux entre pouvoir et opposition n’accouche de rien de probant. Il est tout autant évident que la crise peut évoluer vers une insurrection voire une révolution, se dénouer par le renoncement de Faure Gnassingbé à briguer un 4ème mandat ou encore par un autre dialogue aux résultats connus d’avance.

Sans angélisme, le regain d’intérêt des organisations internationales pour le cas togolais nonobstant la récurrence des crises à dimension régionale, continentale voire internationale est une preuve de leur volonté de désamorcer la crise avant qu’elle ne dégénère. Mais leur bonne foi vis-à-vis de l’opposition togolaise manque cruellement. Une opposition qui, sans être menée par le bout du nez  par le peuple, n’est pas moins à l’écoute de ce peuple. Car, n’eût été la pression de la rue, l’opposition aurait accouru à la rencontre de la délégation envoyée par Michaelle Jean, Secrétaire générale de l’OIF et se serait laissé happer une nouvelle fois. Le défi à présent, c’est que cette posture soit tenable dans le temps et que les missions de bons offices apprennent à appréhender le mal togolais autrement.

Meursault A.

Source : Liberté