FSA
FSA

Après 23 jours d’errance politique et administrative de Sélom Klassou suite à sa nomination, et 14 jours de disparition sèche du président de la République, le SG de la présidence a enfin livré, sur les antennes de la TVT, la composition de la nouvelle équipe gouvernementale togolaise.

Il est un fait que les Togolais sont plus que blasés voire aseptisés face aux « acrobaties » du régime en place. Néanmoins, ils n’ont pas pu s’empêcher de marquer une certaine déception de plus vis-à-vis de la couleur de la fumée sortie de la fameuse « retraite intime » de Faure Gnassingbé. Tout était pourtant en place pour que Faure surprenne réellement pour une fois : sa disparition complète pour s’ « accorder une période de réflexion, … destinée à remettre la nation sur de nouveaux rails, à retrouver l’inspiration pour l’action » nous expliquait son conseiller « omniscient et omnipotent » Koffi SOUZA.

Sauf que, à la présentation du nouveau gouvernement sensé traduire les fruits de la « réflexion profonde » du chef de l’Etat et devant remettre le Togo sur de nouveaux rails, il n’y a finalement de surprise que la mystérieuse disparition de Faure. Nous n’allons pas vous infliger une analyse exhaustive des membres de la nouvelle équipe. La seule leçon à tirer de sa composition c’est un repli sur soi en rappelant des anciens férus du système, donc un retour aux fondamentaux de l’ancien RPT. Que voulez-vous que Faure et son régime nous présentent d’autre ? Même la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Un président illégitime ne peut que mener des actions illégitimes par le truchement d’une équipe illégitime. Quelle crédibilité peut-on accorder à un gouvernement illégitime de la tête aux pieds ? Pour preuve, à peine officiellement en fonction, face au drame que vivent les ouvriers de WACEM et les populations de Tabligbo avec environ 5 morts, le premier acte posé par les autorités publiques fut de protéger les employeurs aux méthodes inhumaines alors même que les corps d’employés étaient encore sous les décombres et des blessés graves espéraient les premiers secours.

A propos de traitements et de conditions de travail inhumains, les salariés de Wacem en connaissent toute une palette depuis des années. Grèves et d’autres formes de dénonciations font légion dans cette cimenterie. Des mutilés à vie, des handicapés par accident de travail, des victimes professionnelles non assurées et encore moins dédommagées, voilà le lot de la vie miséreuse de ces employés. Le Togo est un des rares pays où les étrangers, parce que habillés en entrepreneurs ou chefs d’entreprises, peuvent tout se permettre. Notre propos n’est pas de stigmatiser telle ou telle communauté ou nationalité. Mais là trop c’est trop. Le piétinement du code du travail togolais est devenu une banalité dans des sociétés chinoises et libanaises aussi. Même dans les domiciles de ces hommes d’affaires véreux, leurs domestiques togolais sont traités plus bas que terre dans leur propre pays. C’est à croire que l’Etat togolais a tous les égards pour ces « hommes d’affaires étrangers » et rien du tout, aucune espèce de protection pour leurs employés qui sont ses propres citoyens et qui croupissent sous les effets de l’esclavagisme moderne dont ils sont l’objet au quotidien.

La composition de la nouvelle équipe gouvernementale nous démontre deux choses : Primo, elle nous instruit à satiété que le régime a fait le tour, il est arrivé aux limites de ses capacités internes. Ne pouvant plus rien inventer même de médiocre, il essaie de faire du neuf avec du vieux.

Secundo, elle nous confirme que le régime est résolument décidé à ne laisser aucune chance à toute avancée démocratique. Le retour des « caciques » et/ou anciens briscards du système est synonyme de la volonté d’immobilisme et d’indifférence du régime à l’égard des aspirations légitimes primaires du Peuple togolais dont les plus pressantes et actuelles sont les réformes constitutionnelles et institutionnelles réclamées à cor et à cri.

Il n’y a pas 36 solutions pour remettre réellement la patrie sur non pas « de nouveaux rails » mais sur de bons rails. Le Peuple du Togo, au-delà de la vigilance, doit se remobiliser dans une nouvelle dynamique résolument citoyenne, traduisant une réorientation profonde de la lutte démocratique. Rien ne peut contre la volonté d’un peuple déterminé. Digne Peuple du Togo, la résignation, le laisser faire n’ont plus droit de citer. Se laisser aller à la résignation nous rendra aussi comptable des souffrances et malheur de la patrie. Albert Einstein nous convie tous à méditer sur cette pensée : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ».

Source : [05/07/2015] La Rédaction de FSA, Radio Kanal K, Suisse