Faure Gnassingbé, Togo | AFP
Mini roi du Togo, Faure Gnassingbé et son PM Sélom Komi Klassou (insertion), Togo | AFP / 27avril.com

Dénicher la bonne personne pour le bon poste, les chasseurs de têtes de Faure Gnassingbé, encore faut-il qu’ils existent, ont remué terre et ciel, mais le miracle s’éloigne et pourtant le Togo regorge de compétences. Après deux mois d’attente, puisque Faure lui-même est parti en congé ou il se repose, c’est selon les sources, son entourage qui est sensé l’aider à composer son gouvernement est, lui aussi, apparemment en congé. Les congés ont tellement été arrosés que ni Faure, ni ses collaborateurs, n’ont pas eu la lucidité nécessaire pour former un gouvernement capable de combler la longue attente des Togolais.

Au Togo, et en l’occurrence avec le régime en place, le profil de candidats pour les fonctions ministérielles n’est pas seulement une affaire de formation, d’expérience, de compétences ni de probité morale, tout dépend aussi de l’orientation qu’on se fait de la mission gouvernementale. Mais de part sa composition, tâtonnements politiques et erreurs administratives grossières, à moins que vous nous aidiez, il nous ait difficile de savoir quelle orientation le diplômé des universités américaines veut donner à l’exécutif.

Au-delà des critères purement factuels qu’on peut rencontrer à tour de bras, il y a l’éthique politique. Quand un recruteur se met à la recherche d’un bon comptable, il ne vise pas seulement la compétence professionnelle, mais surtout l’honnêteté. Il n’existe tout de même pas un outil mathématique pour déterminer le profil comportemental des candidats mais chaque postulants a un passé, une carrière, un environnement qui le juge, une opinion pour ou contre lui. C’est toute une image qui se dessine dans la tête à chaque fois que le nom d’un ministre est prononcé.

Un ministre peut être en charge de compétences qui n’ont parfois rien à voir avec son diplôme, très souvent l’expérience peut pallier. La politique n’est pas seulement une affaire de matière grise mais un minimum de franchise, une résistance à la tentation. La tentation, disons-le, peut aveugler les cerveaux les plus éclairés vers une politique de bas étages. L’exemple le plus vivant est la participation controversée du professeur Kako Nubukpo au gouvernement sortant. Ils étaient nombreux à avancer que ce monsieur ne pourra pas faire carrière, qu’il tenait trop à ses convictions pour tenir dans un environnement où il n y a de conviction que d’intérêts. Pourtant, c’était lui le cerveau d’un projet qui ne tenait qu’aux illusions de ses porteurs, la fameuse vision 2030.

Où en est-on ?

Le ministère même qui a été fabriqué de toutes pièces dans la logique de cette vision est réduit à sa portion congrue. Kako Nubukpo, le laborantin de la vision est remercié. Si éclairé soit-il, l’homme a été utilisé pour jouer le sale rôle, un rôle provocateur. De surcroit, quand on sait que c’est un régime déjà cinquantenaire qui se regarde dans le miroir 15 ans en avant, on comprend donc que le diplôme ne suffit pas. Il faut un minimum d’orientation politique, d’objectivité et d’éthique. Ne devient donc pas meilleur ministre le plus diplômé, ça ne paraît pas évident.

Être ministre est devenu tellement compliqué et complexe qu’une formation universitaire est à peine suffisante, il faut séparer le bon grain du mauvais. L’équation se complique davantage dans un environnement où les textes jouent à peine un rôle, où la démocratie et ses gardes-fous ont une cohabitation impossible. L’essentiel est de pouvoir entrer en profondeur dans les dossiers, développer un esprit critique et analytique, connaître au minimum son terrain, un peu d’administration, être encadré par des objectifs planifiés et des hommes compétents, avoir un souci public, et savoir courir derrière les résultats.

Si être ministrable se résumait à la couleur du diplôme, on aurait déjà eu des universités qui forment pour devenir ministre. L’histoire n’en connait pas encore. Gérer un portefeuille n’est pas une science à part. C’est en cela que nous ne posons pas notre analyse sur la base de : « qui est sorti de quelle école ?», « qui est capable de quoi ? » ; c’est ce pragmatisme anglophone qui nous intéresse. Nulle part au monde, il n’existe une équipe idéale de gouvernement, il y a toujours des ratés, des outsiders qui seront comme un cheveu sur la soupe. Mais quand une équipe se compose d’un cocktail de ratés et d’incohérents, il y a problème.

D’abord au Togo, l’autorité, vulgaire, se comporte au sommet comme de petits collégiens qui fabriquent, avec un mélange de tout, de petits jouets, pour voir à quoi ça ressemblerait et qu’est-ce que l’opinion dira. Si l’opinion n’est pas favorable, ils détruisent pour reprendre.

Les Togolais ont été de tristes témoins du braquage électoral qui a mis fin à un processus électoral inachevé. Pour décider du sort de toute une République, un budget a été voté et avec ce que le pays a de meilleurs électoralistes, on a composé quelque chose qui est appelé CENI. Le meilleur, si on peut ainsi le dire, parmi eux, a été chargé de présider. Mais alors qu’on attendait une sortie solennelle d’une institution qui proclame les résultats, on a assisté à une sortie d’un demi-lettré qui lisait une lettre de revendication salariale à ses amis illettrés. Tout a été préparé avec de l’à-peu-près et le sieur Tafa Tabiou était partagé entre gérer son émotion et compléter les chiffres des résultats au fur à mesure de la proclamation. Les mêmes résultats transférés à la Cour Constitutionnelle ont dus changer.

Pire encore, le jour de la prestation de serment, l’exercice a été repris avec une marge d’erreur dans les pourcentages. Et on se demande quel est au juste le vrai résultat de la présidentielle passée. Si ceci se passait entre des dockers qui se livrent à un calcul difficile dans le partage du fruit de leur labeur, on comprendrait. Mais ici, c’est un scénario au sommet d’une République qui a quand même envoyé ses fils à l’école du blanc. De grâce, cela doit faire pleurer ceux qui sont soucieux de l’image de leur pays. Comme si cela ne suffisait pas, aujourd’hui, après deux mois d’attente inexpliquée, le régime a fait connaître sa nouvelle équipe gouvernementale. Là encore, Faure Gnassingbé peut être excusable. Le monsieur, ceux qui ont suivi son cursus, savent qu’il a beau être formé dans les plus hautes arcanes de l’État, il ne sait pas grand-chose de l’administration. Mais c’est lui que le sort a voulu propulser au sommet de notre pays, on ne s’y oppose pas. Mieux, il ne peut pas être partout, il lui faut un entourage. Et nous osons croire qu’au sommet d’un État, on ne peut quand même pas coopter des vendeurs de beignets pour entourer un président. Nous estimons que c’est une équipe de compétences qui entoure le fils du Père.

Mais à quoi assiste-t-on ?

Le tâtonnement, les hésitations, à chaque fois que les grandes décisions qui engagent la vie de la République se prennent, il y a toujours quelque chose à corriger. Il y a quand même un budget pour que tout ce monde soit rétribué à la hauteur de l’effort intellectuel fourni. Mais il est triste de constater que les carences administratives ne sont pas seulement déplorées dans de vulgaires bureaux de l’administration publique, mais au sommet des sommets. Tout porte à croire qu’il n’y a qu’une horde d’incompétents qui entourent le chef de l’Etat, lui-même incompétent en chef. Si ce n’est pas le cas, on dirait alors que les gens ont décidé de saboter quelque chose. Dans un cas ou dans l’autre, c’est l’image de 7 millions de citoyens Togolais qui est en jeu.

Dimanche 28 juin 2015, il est 13 heures, la chaîne nationale annonce la nouvelle équipe gouvernementale issue d’un décret présidentiel. L’attente a été longue, les Togolais ont suivi avec attention. Comme si les incohérences dans la composition du gouvernement ne suffisaient pas, à vingt heures du même jour, une modification est apportée à la même équipe, avec des ajouts. Puisque notre pays se gère sur la base des sentiments, il a dû avoir une race qui a vociféré quelque part ou alors que des oubliés sont allés pleurnichés aux pieds d’un décideur pour que la liste de 13 heures soit revue à la hausse pour nettoyer leurs larmes.

Ce n’est pas tout, le même jour, toujours sur la même chaîne, l’équipe gouvernementale passe encore avec des réajustements au niveau des attributions. Trois listes différentes le même jour dans la publication d’une équipe qui a attendu deux mois. Hummmm ! Au sommet d’une République ? Tout est par terre, on se demande si les gens sont vraiment lucides au sommet de l’Etat ou alors s’il y a une place sérieuse à accorder aux rumeurs qui courent? Dans la forme, la composition de l’équipe pose déjà problème et dans le fond, de quel miracle est capable un tel ‘‘gou-vraiment’’, pardon gouvernement ? Les incohérences, il y en a à tour de bras. C’est peut-être fonction de l’orientation que le jeune veut donner à sa nouvelle politique, il est libre de ses choix. Mais cela ne nous empêche pas de relever quelques surprises et curiosités qui sont trop grosses pour passer incognito.

Adji Otèth Ayassor, le super ministre chargé des « cadavres » économiques

La reconduction de l’actuel Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie, des Finances et de la Planification du développement M. Adji Otèth Ayassor pose un sérieux problème en termes de transparence économique. Dans le premier décret, son titre est renforcé du portefeuille de la prospective. Sa reconduction confirme le Togo dans ses petites bottes d’un pays économiquement opaque.

Si M. Bekemssi K. a fait de la LONATO son jardin privé, et que Akrima K. considère la SALT comme son village natal pendant que Walla gère son héritage à la CNSS 15 ans après sa retraite, pourquoi empêcher que l’homme fort des fiances fasse main basse sur sa part de l’héritage ? Le principe est simple, à certains postes, on ne doit pas dépasser un certain nombre d’années par souci de transparence. Mais dans la pratique, un monsieur qui gère si bien les intérêts princiers, les rétrocommissions dans les marchés gré à gré, pardon j’allais dire les appels d’offres, les dividendes dans les négociations souterraines pour les finances occultes aux taux d’intérêts impossibles, Faure Gnassingbé en a besoin. Au prix du divorce avec le FMI, pour un régime désormais plus orienté vers le monde chinois et arabe pendant qu’il s’éloigne du rigorisme occidental, les bons serviteurs, on ne s’en débarrasse pas de si tôt, même s’ils sont reconnus pour leur rigueur sélective.

Ils sont nombreux certainement à s’être opposés à la récente nomination d’Adji Otèth Ayassor. Même si Payadowa Boukpéssi trouvait des raisons pour lorgner son ancien poste, Ayassor fait encore parti des hommes sûrs dans les nouvelles orientations financières du Togo. C’est lui qui gère les négociations à succès, on ne remplace pas si aisément une telle pièce, soit-elle rouillée. Au nom de la gestion occulte des grandes entrées, au nom de la gestion des « cadavres économiques » dans les armoires de la République, les Togolais doivent supporter Ayassor aussi longtemps que M. Faure Gnassingbé restera président.

Gilbert Bawara, la bouche venimeuse pour faire face aux revendications sociales?

Le nouveau Ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Réforme Administrative
M. Gilbert Bawara est tout sauf un diplomate. Dans le premier décret, son titre était lui aussi renforcé de ce que les gens ont appelé « dialogue social ». L’homme est connu pour ses sorties médiatiques incendiaires, se comportant sur les médias comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. A chaque fois qu’il fait ses sorties, ses utilisateurs se tiennent la tête. C’est le symbole du mépris des dirigeants pour les aspirations du peuple. Pour planter le décore et avertir les syndicalistes par rapport à leurs revendications toutes légitimes, Faure Gnassingbé les envoie un interlocuteur à l’image du régime. Un signal « faure » à l’endroit des syndicalistes qui doivent savoir que leur préoccupations est le cadet des soucis des dirigeants qui s’équipent d’ailleurs du capital humain qu’il faut pour répondre à la grogne sociale. La bouche qui crache du feu, l’arrogance au chevet du dialogue sociale, faut-il en rire ou pleurer ?

Georges K. Aïdam, humiliation ou simple incohérence politique ?

Premier vice-président du parti au pouvoir, UNIR, Union Pour la République, l’homme est, en réalité, le vrai président, celui qui véhicule l’image du parti de Faure Gnassingbé depuis sa création. Face aux courants et aux réseaux d’intérêts dans la boîte, l’homme avait déjà des problèmes dans la gestion de la formation politique. Tant bien que mal, il gère le parti malgré certaines, pardon certains. Il vient d’être parachuté Ministre délégué auprès du Ministre des Enseignements Primaires, Secondaires, chargé de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle dans le deuxième décret et pourtant dans le premier il était un Ministre plein. Un « ministron » pour véhiculer l’image même de UNIR. Désormais ministre délégué, a-t-on voulu se moquer du vice-président ? Soit on lui donne un ministère à la hauteur de son titre de premier responsable du ronflant parti au pouvoir, soit on le laisse tranquille. Sur un terrain purement politique, la nomination de Georges Aïdam pose déjà un sérieux problème. Mais ici, nous sommes dans un environnement à part parmi des hommes à part avec qui la logique est un vain mot. L’intéressé lui-même ne trouve pas d’inconvénient, on peut même dire qu’avec son âge, c’est d’ailleurs sage de sa part. Car, dans un groupe d’intérêts, « il vaut mieux un oiseau dans la gibecière que deux sur l’arbre ». Bienvenu M. Georges Kwawu Aïdam à vos hautes et exaltantes missions.

Marc Dèdèriwè Abli-Bidamon, un des impunis de la République

Ministre des Mines et de l’Energie, M. Dèdèriwè Abli-Bidamon, fut longtemps un cumulard de Togocel et de la Douane. Il fait parti des Crésus dans la cour. L’homme s’est vachement enrichi à la douane. Quand l’OTR s’est installé, il a découvert un grand scandale financier qui a envoyé des douaniers, des transitaires et autres inspecteurs à la prison civile de Lomé. Nous avions, à plusieurs reprises, parlé de ce scandale. Actuellement, les enquêtes ont pris du plomb dans l’aile, ceux qui sont détenus sont en train d’être libérés à petit vent. Toutes les investigations sérieuses ouvertes dans ce scandale démontrent que c’est au temps de Marc Abli-Bidamon, DG de la Douane que la saga a commencé. Sous d’autres cieux, ce monsieur devrait se retrouver derrière les grilles de la prison civile en attendant que les responsabilités soient situées. D’une manière ou d’une autre, il est responsable, soit par sa complicité active, s’il n’est pas le cerveau du réseau, soit par son incapacité à découvrir un aussi grand scandale qui a fait perdre des centaines de millions au Togo. Mais l’homme a su rebondir à la CENI au moment où le pouvoir a le plus besoin de lui. Le braquage électoral a réussi, c’est normal qu’il en soit rétribué et pas à n’importe quel poste, les Mines et l’énergie. Qui dit mieux ?

Payadowa Boukpessi, retour sur les lieux du crime

Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales, M. Payadowa Boukpessi, c’est avant tout un ancien ministre. Quand Faure Gnassingbé a ramassé son pouvoir aux pieds des « randjeses » de l’armée, M. Payadowa, sera le premier ministre qu’il a éjecté de son gouvernement en plein soleil. Après un petit recyclage, il se retrouvera très vite député et responsable de la commission finance du parlement. Il est l’un des « bras armés » du dernier hold-up électoral. A un moment où monsieur Faure Gnassingbé perd la main avec ses jeunes et qu’il veut injecter du vieux sang à sa gestion des affaires publiques, où est le crime si Boukpessi revient en force ? Peu importe s’il peut récidiver les erreurs qui lui ont coûté un limogeage car « qui a bu boira ». En tout cas, le président a beau être ingrat, il ne peut pas ne pas récompenser un des artisans de sa victoire à cette élection qu’il a remportée sur la pointe des pieds.

Cina Lawsson, « Maman Internet » et son économie numérique

Ministre des Postes et de l’Economie Numérique, de mauvaises langues supputent au sujet Mme Cina Lawson. Pour notre Rédaction, c’est une valeureuse ministre qui doit faire la fierté de la politique genre. Sauf qu’elle est reconduite à son portefeuille alors que les Togolais n’on pas pu avoir d’elle le minimum qu’ils attendent, l’internet. Elle prône l’économie numérique sans internet. C’est sous sa bienveillante attention que des banques de la place sont obligées de localiser leur serveurs internet au Ghana voisin l’internet étant une denrée rare au pays. C’est avec elle que le Togo n’a pas pu passer de l’analogique au numérique parce que les installations, achetées au prix des yeux de la tête, n’arrivent pas à se connecter entre elles, faute d’internet. C’est sous elle que la plus grande société de télécommunication du Togo, Togo Telecom, est tombée en faillite. C’est aussi sous ses bons offices que le Togo reste l’avant-dernier pays le plus cher en communication devant la Guinée. De la part d’une femme bien posée avec tous les atouts naturels, sous le regard attentionné des autorités, tout ceci n’est que de petites erreurs qu’un sourire peut corriger, elle reste donc encore ministre de son département.

Sani Yaya, Bon débarra ou promotion ?

Sani YAYA, c’est le DG de la BTCI. Il est devenu Ministre délégué auprès du Ministre d’Etat Ministre de l’Economie et des Finances chargé du budget. Il est ramené de la Côte d’Ivoire pour relever une banque grabataire, la banque togolaise pour le commerce et l’industrie, BTCI. Cette banque est une curiosité économique, elle est tombée en faillite par les faux frais, les surfacturations, les découverts du couple Barqué-Faure qui a, à un moment donné, eu un droit de regard dans la gestion du phosphate togolais. C’est une illustration d’un gangstérisme économique au sommet. La boîte était tellement pourrie que, mise en privatisation, contrairement à la BTD devenu ORABANK avec le nouveau preneur, elle n’a pas trouvé terre d’accueil. Monsieur Sani Yaya est appelé au secours. Cela n’a pas intéressé certains réseaux. On vient de nommer Sani Yaya ministre, est-ce à dire que sa banque est totalement guérit de ses impuretés ou alors que ceux qui n’étaient pas à l’aise de le voir gâter leur business ont préféré suggérer qu’on fasse de lui un ministre pour reprendre du service à la BTCI ? A moins que, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, le jeune cadre ait le chèque en blanc pour cumuler.

Mijiyawa Moustafa, une question d’éthique

Ministre de la Santé et de la Protection Sociale, le Prof. Moustafa Mijiyawa, nous n’avons rien contre le nouveau ministre. Professeur de surcroît, nous sommes trop mal placés pour juger aussi de ses compétences. Il est le bienvenu dans un monde sans ministre de la santé depuis des années. Mais le désormais ministre fait partie des trois médecins qui ont examiné le prince et les autres candidats pour s’assurer qu’ils se portent bien avant de se présenter à la course pour la magistrature suprême. Il n’a pas examiné le candidat Faure parce qu’il est son médecin, il a été choisi par la Cour Constitutionnelle pour le faire par souci de transparence à la lumière de l’article 62 de notre loi fondamentale. On aurait pu laisser chaque candidat se faire examiner par le médecin de son choix. Mais ici, c’est la Cour Constitutionnelle qui fait le choix pour qu’il n’ait pas combine, pour qu’un médecin ne déclare pas un candidat en bonne forme alors que celui-ci est guetté par des crises récurrentes. De ce fait, où se trouve la neutralité quand monsieur le président élu nomme un de ces médecins neutre à la santé ? Aidez-nous à comprendre.

Toute proportion gardée, au delà de ces incohérences qui ulcèrent les analystes politiques, l’équipe gouvernementale, qui a présenté son programme devant l’Assemblée Nationale, est un gouvernement illégal. Non pas parce que le cocktail est indigeste, mais parce qu’à 13H, c’est par un décret présidentiel que le gouvernement a été connu et publié comme tel sur les médias officiels. A 20 H, on modifie la même équipe et on publie l’équipe modifiée sans prendre un décret annulant la première équipe. Tout porte à croire que le pays est géré par deux gouvernements. C’est dans ces conditions que le PM Sélom Komi Klassou alias SKK a présenté son programme en toute illégalité. Regarder à la loupe, la gestion de ce pays donne la nausée. Quel rôle joue la Cour Constitutionnelle, que fait le parlement quand on gère tout un pays d’une manière ordurière ?

Source : [02/07/2015] Abi-Alfa, Rendez-vous N° 251