« Cependant, je vois une infinité d’honnêtes gens qui ne sont pas heureux ; et une infinité de gens qui sont heureux sans être honnêtes » (Denis Diderot, Le Neveu de Rameau)

Une fois que Taffa Tabiou a publié les résultats de la honte qui sont largement à porte-à-faux avec le taux de participation d’entre 53 et 55% qu’il avait annoncé au soir du scrutin, la Concertation nationale de la société civile (CNSC) qui a bénéficié d’un financement de l’Union européenne, est montée au créneau pour dire que les chiffres publiés par la CENI sont très proches des résultats qu’elle a eus par le biais de ses observateurs. Son président Paul Amégakpo s’est fait inviter sur une radio de la place pour jouer au grand théoricien de l’observation électorale. Il était tellement sûr du Parallel Vote Tabulation (PVT) qui est un système de comptage des voix et de remontée des informations électorales depuis des bureaux de vote témoins, qu’il n’a pas porté de gant. Pour lui, les résultats obtenus à partir des 5% de bureaux de vote observés s’imposent comme une vérité d’évangile. Il n’y avait donc pas d’erreur possible. Et dans les milieux diplomatiques au Togo, ces résultats de la CNSC sont pris pour argent comptant.

En effet, un travail fait à partir d’un échantillon ne peut jamais être une vérité absolue. L’erreur étant humaine, on se doit de faire preuve de tact de circonspection dans la présentation et l’analyse des résultats. En dehors de l’échantillon, il y a lieu de s’interroger sur le degré d’indépendance et d’honnêteté des 1 200 observateurs nationaux déployés. Ayant travaillé pendant plusieurs années avec la CNSC, nous savons qu’elle n’a pas de ressources humaines disponibles, ses membres ne dépassant pas dix. Pour être poli, nous dirons que c’est une coquille vide. De fait, elle a dû se rabattre sur « Monsieur et Madame tout le monde » sans oublier l’apport de son partenaire du COPED (Centre d’Observation et de Promotion de l’Etat de Droit), une aile marchante du CAR qui avait appelé au boycott de l’élection mais dont les militants ont battu campagne pour l’UNIR et défendu les intérêts de Faure Gnassingbé. Cette association partenaire de la CNSC a même un représentant à la CENI en la personne de Yao Daté (Rapporteur). Au-delà de ces éléments, il faut rappeler aussi que le système Parallel Vote Tabulation qu’on nous présente comme la vérité du siècle, ne peut pas déceler les votes multiples, les bourrages d’urnes, etc. La preuve, il y a eu plus de votants que d’inscrits dans certains bureaux de vote ou CELI.

Enfin, une mission d’observation électorale qui publie, à la suite d’un scrutin, des résultats qui semblent confirmer ceux fabriqués et annoncés par Taffa Tabiou, ça sent la magouille. Mieux un complot contre le peuple togolais qui a soif du nouveau. Les démonstrations alambiquées de Paul Amégakpo répondent à un seul dessein : donner un 3ème mandat à Faure Gnassingbé comme il a eu à le faire lors du douloureux débat sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Comme quoi au Togo, aucun sacrifice n’est trop grand quand il s’agit de la pérennisation des Gnassingbé au pouvoir.

Source : [04/05/2015] Zeus Aziadouvo, Liberte 1936