Le député RPT/UNIR député Sogoyou Bekeyi est incriminé dans une affaire de vente de terrains à à Agoè Assiyéyé | Infog ; Archives
Le député RPT/UNIR député Sogoyou Bekeyi est incriminé dans une affaire de vente de terrains à à Agoè Assiyéyé | Infog ; Archives

Les litiges fonciers sont devenus un phénomène récurrent dans toutes les régions du Togo. Ils constituent un sujet de désaccord voire d’affrontements entre les communautés. Lomé et les personnalités politiques ne sont pas non plus épargnés. C’est le cas du conflit foncier qui oppose actuellement l’Eglise Ministère international de prière du changement au parlementaire Sogoyou Bekeyi Essoham. Depuis 2013, l’église n’est jamais entrée en possession de la parcelle de terrain qu’elle a achetée auprès du député après avoir versé un acompte d’un montant de vingt millions (20 000 000) FCFA. En lieu et place d’un règlement à l’amiable, le pasteur serait l’objet de menaces de mort.

Tout a commencé en 2013. A l’époque, l’église mieux connue sous le nom de « Temple du changement », logeait dans un immeuble à Agoè Assiyéyé. Le propriétaire de cet espace a donc exigé que sa parcelle de terrain lui soit restituée dans un délai de deux (02) semaines. Le pasteur titulaire de l’église Adjognon Joseph aurait été contacté par le député Sogoyou Bekeyi Essoham qui s’était présenté comme un de ses fidèles. « Je viens souvent suivre vos cultes et j’aimerais vous aider à régler le problème. J’ai une parcelle de terrain que j’aimerais vous céder à quarante millions (40 000 000) FCFA au lieu de cinquante », a-t-il dit au pasteur.

Comme réponse, le pasteur lui a fait comprendre qu’il est intéressé par l’acquisition de la parcelle qui se trouve à seulement une cinquantaine de mètres de son lieu de culte. Mais le problème, selon les déclarations du pasteur, est que l’église ne disposait pas des fonds suffisants pour acquérir ladite parcelle. Quelques jours après, le pasteur aurait été recontacté par le parlementaire qui lui conseille d’aller faire des prêts auprès des institutions bancaires pour régler l’achat du terrain. Pour inciter le pasteur à faire les prêts, le député lui propose sa contribution. « Il a dit qu’il va participer à l’achat du terrain à hauteur de cinq millions (5 000 000) FCFA, ce qui ramène le prix d’achat du terrain à trente-cinq millions (35 000 000) FCFA au lieu de quarante millions (40 000 000) comme précédemment fixé », expose Adjognon Joseph.

Pour rassembler les fonds nécessaires à l’acquisition du terrain, le pasteur prend plusieurs crédits auprès des institutions de microfinance telles que MUDECK et WAGES. Des prêts qui s’élèvent à vingt millions (20 000 000) FCFA. Mais avant de faire ces crédits, Adjognon Joseph avait convenu avec le député du versement d’un acompte d’un montant total de vingt millions (20 000 000) FCFA. « Comme je n’avais pas assez d’argent, on a discuté et on est arrivé à un accord. Je devais lui verser vingt millions (20 000 000) FCFA et prendre le titre foncier et les documents du terrain. Après, je vais lui verser les quinze millions (15 000 000) qui restent. C’est pour cela que j’ai fait les prêts. Ce jour-là pour lui verser l’acompte, il m’a dit de venir chez lui ; mais arrivé, il me dit de retourner avec l’argent. Je rentrais chez moi quand il m’a rappelé pour me dire de venir le rencontrer dans une agence de banque. J’y suis allé. On a versé l’argent sur mon compte avant de le transférer sur le sien », raconte le pasteur.

La vente a été conclue le 26 juin 2013 en présence de Me Antoine Comlan Anani Tofio, notaire qui travaillait pour le compte de l’église. Nous étions en pleine période électorale et le député aurait dit à son client qu’il reviendrait après la campagne pour d’éventuelles nécessités. Soit dit en passant, les vingt millions (20 000 000) FCFA obtenu après la vente ont peut-être servi à l’achat des consciences et autres fraudes électorales comme il est coutume au Togo.

Une semaine après la vente, le pasteur et ses collaborateurs se sont rendus sur le terrain ; mais le lendemain, un tiers se présente comme le propriétaire de la parcelle. Contacté, le député a promis de régler le problème en une semaine. Il assure le pasteur d’avoir acquis le terrain dix-huit (18) années auparavant.

Mais alors que l’acquéreur pensait que tout rentrerait dans l’ordre, les choses se compliquent. « Depuis trois ans que j’ai conclu cette affaire avec lui, on ne s’est rencontré que trois fois, et à toutes ces occasions, il m’a reçu comme si nous étions des ennemis. Un jour, deux de mes collaborateurs sont allés le voir et il les a fait enfermer. Il ne décroche plus mes appels téléphoniques. Nous nous sommes rendus chez le juge, mais là non plus rien n’a changé. Il a dit qu’il est député. Nous nous sommes encore rendus chez lui et il a encore fait arrêter les quatorze fidèles qui m’accompagnaient. Tous ont recouvré la liberté plus tard. Dans cette affaire, j’ai vendu beaucoup de choses », se plaint le Pasteur.

Pour ne rien arranger, le député envenime les relations avec le pasteur qui dit avoir échappé de justesse à un coup de poing si ses fidèles n’étaient pas intervenus. Au lieu d’une conciliation qui arrangerait les deux parties, le pasteur fait l’objet de menace de mort de la part du député. « Il a promis de m’envoyer en prison ou à la mort », révèle-t-il.

De son côté, Sogoyou Bekeyi Essoham estime que l’affaire doit être réglée en justice si le pasteur entend récupérer son argent. « Evidemment. Il faut qu’on convienne d’une procédure », a-t-il répondu quand nous avons demandé s’il est disposé à reverser au pasteur les vingt millions (20 000 000) FCFA. Seulement, le député s’oppose à tout règlement à l’amiable, estimant que l’affaire est pendante devant la justice et « il faut qu’elle aille au bout de son action ». « Il y a deux possibilités. S’il ne veut pas le terrain, on le rembourse », assure le député.

Source : [19/11/2015] G.A., Liberté