Commission electorale nationale dépendante du Togo | Infog : RT / 27avril.com
Commission electorale nationale dépendante du Togo | Infog : RT / 27avril.com

La prochaine présidentielle prévue dans notre pays le 15 avril prochain a connu sa course de croisière depuis deux jours au cours desquels le corps électoral a été convoqué, les candidatures sont ouvertes et les médecins chargés d’examiner les différents candidats en ce qui concerne leur bon état de santé sont nommés.

Tout se déroule à une allure où on se demande si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) tient réellement les manettes. En décidant mardi dernier de convoquer de façon unilatérale le corps électoral pour le 15 avril, contrairement au 21 avril préalablement proposé par la CENI, le gouvernement a affiché clairement son intention de s’imposer à la CENI, en s’appropriant ses prérogatives. Le code électoral indique pourtant clairement que le gouvernement fixe la date de l’élection sur proposition de la CENI. Une disposition que vient de violer allègrement le gouvernement qui a choisi la date qu’elle a annoncée depuis le 02 février dernier. Un coup de force auquel la CENI n’a daigné réagir.

Faut-il le rappeler, le 02 février dernier, suite au communiqué rendu public par la Cour constitutionnelle qui précisait que conformément à l’article 61 de la constitution, l’élection présidentielle devrait avoir lieu au plus tôt le 17 février et au plus tard le 05 mars, le ministre de l’administration territoriale Gilbert Bawara, a fait une intrusion malencontreuse dans le processus, en interprétant de façon maladroite l’arrêt de la cour et en avançant que la période du 17 février au 05 mars devrait servir à convoquer le corps électoral et que l’élection devrait se tenir le 15 avril. Ce qui est en réalité faux. Mais cette interprétation de Gilbert Bawara qui dénote du coup de force permanent du gouvernement, sera contre toute attente confirmée le lendemain 03 février par la Cour constitutionnelle dans une curieuse mise au point.

On en était là quand le 11 février, la CENI réunie en plénière, a proposé un nouveau chronogramme du processus électoral qui fixe l’élection au 21 avril. Ce choix, rappelons le, avait provoqué la colère des premiers responsables d’Unir, le parti au pouvoir, qui ont vite fait de faire démissionner leurs cinq représentants à la CENI, entamant ainsi sérieusement l’indépendance de l’institution chargée de l’organisation et de la supervision du scrutin. Tout se passe comme si la CENI même ne tenait pas la manette, et qu’elle n’exécutait que des ordres reçus d’ailleurs. Tenez par exemple, mercredi en fin de journée, la CENI publie un communiqué en indiquant l’ouverture des candidatures au scrutin dès ce 25 février et la clôture des dépôts le 28 février. Certains membres de l’institution disent avoir appris ce communiqué sur les médias. Où et quand cette décision cavalière a été donc prise ? Qui en est l’auteur ? Mystère!

Trois jours pour que les candidats puissent faire les nombreuses formalités administratives prévues par le code électoral; passer chez les trois médecins assermentés pour s’assurer de leur bonne santé, et surtout réunir la caution de 20 millions fixée par le gouvernement. Un véritable parcours du combattant.

A quelle fin la CENI a-t-elle limité les candidats dans ce bref délai ? Selon des indiscrétions, l’ordre serait venu d’ailleurs. On a l’impression d’avoir une CENI officielle qui n’a en réalité aucune indépendance, et une CENI officieuse qui imprime son rythme à la CENI officielle, et qui tient en réalité les manettes. Selon une source indépendante, toutes les décisions concernant le processus électoral se prennent dans les laboratoires de Lomé 2, et s’imposent à la CENI par les services du ministère de l’administration territoriale qui ne cessent de faire intrusion dans le processus en cours. Sans avoir les preuves palpables de ces allégations, nous osons les prendre au sérieux. Quand on voit la façon dont les choses se passent jusqu’à présent.

Jamais par le passé, une CENI n’a été aussi dépendante que celle qu’on connaît aujourd’hui. Quelle fierté ont Taffa Tabiou et son équipe de se voir ainsi « dicter » des directives d’ailleurs ? Où se trouve alors l’indépendance de l’institution prévue à l’article 21 du code électoral ? C’est tout simplement triste pour le Togo.

Source : [27/02/2015] KusasaNews