Vivre dans la souffrance n’est pas chose aisée.  Et pourtant,  elle est devenue le propre de la majorité des familles togolaises qui ont du mal à joindre les deux bouts.  Cette situation amène plusieurs jeunes togolaises en quête du bien-être à immigrer vers le Bénin voisin. Que deviennent-elles dans le pays d’accueil?

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Elles sont des centaines à quitter Lomé et certaines villes du Togo pour aller chercher leur bonheur au Bénin plus précisément dans la ville de Cotonou, la capitale. Ces filles souvent, en grande partie n’ont aucun métier sous la main. Sur leur lieu de départ, elles informent souvent leurs familles et leurs proches d’avoir trouvé des métiers de domestique, de femme de chambres dans des hôtels, de serveuses de bar ou encore d’employé de boutique au Benin. Toutes ces allégations sont souvent mensongères puisque la plupart  d’entre elles, une fois arrivées  au Benin deviennent des prostituées.

Une Togolaise,  travailleuse de sexe rencontrée dans le quartier Wêlêguèdè dans le bar « petit piment » qui a voulu garder l’anonymat nous raconte: « nous travaillons ici comme des prostituées. Pour moi personnellement, ce n’est pas une joie de vivre ici mais c’est ma situation financière au pays qui me l’impose. A Lomé,  je vivais dans le quartier Adakpamé dans une maison de location chambre salon avec ma mère et mes petits frères. Je n’avais pas de travail et c’était une honte pour moi de rester chaque jour à la maison. Ici,  je vis seule et je peux dire que je gagne ma vie. J’envoie de l’argent à ma famille chaque mois à Lomé et mes parents sont fiers de moi. Ils savent que je travaille ici mais quel travail exactement? Ils ne le sauront jamais »

Pour Helena, 22 ans,  rencontrée au bar Africando, dans le quartier Akpakpa : « pour mes parents, je suis revendeuse de portable dans une boutique ici. Je suis la seule à savoir ce que je fais ici. Lomé m’avait montré toute ses couleurs  et c’est une amie qui est ma confidente qui m’a amenée ici. Elle m’a montré le travail et aujourd’hui je suis ce que je suis. Je  rentre à Lomé presque tous les mois  puisque j’ai une fille là. »

Ces filles de joie évitent souvent les clients Togolais qui viennent  pour leur séjour. « Souvent quand nous remarquons que nos clients parlent l’éwé, nous n’aimons pas aller avec eux puisque la personne pourra nous connaître sans qu’on ne sache et ils iront nous partager à Lomé. Lomé est petite »,  a laissé entendre Helena. Concernant la langue, elles maîtrisent vite le fon,  ethnie béninoise qui est un peu semblable à l’éwé.

Après plusieurs années de prostitution au Bénin, nombre de ces filles reviennent au Togo avec des maladies sexuellement transmissibles et jettent toute leur économie dans des hôpitaux pour des soins.

Il incombe aux parents d’enquêter sur les métiers de leurs  filles  qui quittent le pays pour des aventures.

Eyram Akakpo

Source :  Corps Diplomatic Togo