« Il est bon nombre de gens, en ce monde, qui ont un double visage » – Voltaire

En 2005, il a fallu seulement une nuit pour les alchimistes du régime pour chambouler la constitution togolaise pour faire de Faure Gnassingbé qui était ministre, député, président de l’Assemblée nationale et président de la République par intérim pour lui permettre de succéder à son père qui venait de passer l’arme à gauche. Une constitution qui avait énormément souffert le martyre sous un certain Agbéyomé Kodjo et son compère Fambara Ouattara Natchaba qui ont institué une présidence à vie aux Gnassingbé. Un règne auquel le clan ne veut plus jamais mettre fin.

Gabriel Agbéyomé Kodjo | Infog : 27avril.com
Gabriel Agbéyomé Kodjo | Infog : 27avril.com

Faure Gnassingbé qui a pris la place de son père, considère en effet le pouvoir comme un legs familial auquel il s’accroche solidement. « Papa nous a conseillé de ne jamais laisser échapper le pouvoir… », lâcha-t-il le 25 février 2005 au Palais des Congrès de Lomé.

Aujourd’hui, Agbéyomé Kodjo, celui-là même qui avait milité et œuvré à la révision de la constitution pour faire sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel, rejette la responsabilité sur l’opposition. Le président de l’OBUTS a présenté jeudi, à l’occasion de l’atelier de réflexion et d’échanges sur les réformes politiques et institutionnelles initié par le HCRRUN, un thème sur «les rôles et les responsabilités des acteurs et parties prenantes dans le processus des réformes ». Il a profité de cette tribune pour s’attaquer à son ennemi intime, Jean-Pierre Fabre qui, à ses yeux, serait la cause de tous les malheurs qui arrivent au Togo. Son tort, cette fois-ci est d’avoir boudé l’atelier du HCRRUN.

« L’opposition est le seul virus qui empêche l’accouchement des réformes au Togo », a martelé Agbéyomé Kodjo. Car pour lui, le fait de bafouer les occasions devant accoucher des réformes est une malédiction que traîne l’opposition togolaise depuis quelques années. « …Récemment en 2014, avant d’aller aux élections présidentielles, le gouvernement a envoyé un projet de loi à l’Assemblée nationale, c’est également nous-mêmes de l’opposition qui posions des conditions en disant que nous voulons qu’on vote la loi, mais que le président de la République sortant n’a plus droit d’être candidat, or on sait bien que la loi n’est pas rétroactive », a-t-il rappelé.

Les formations politiques regroupées au sein du CAP 2015 n’étaient pourtant pas les seules à bouder cette rencontre. Les représentants de l’Union pour la République, le parti au pouvoir ont également brillé par leur absence à l’atelier du HCRRUN. Avec à leur tête le chef du parti Faure Gnassingbé. Si ces assises étaient aussi importantes qu’on voulait le faire croire, Faure Gnassingbé qui a créé le HCRRUN, aurait gaspillé une demi-heure de son précieux temps pour ouvrir les travaux. Mais qu’a-t-il fait ? Il a préféré aller à Niamey au Niger pour le sommet du Conseil de l’Entente et assister aux luttes Evala dans la Kozah. Mais pour ça, Agbéyomé Kodjo n’a trouvé rien à dire.

Sa principale préoccupation est l’ANC et son leader Jean-Pierre Fabre sur qui il dirige toutes ses attaques. Mais les Togolais ne sont pas dupes. Ils savent que toutes ces récriminations et réquisitoires du président de l’OBUTS contre son « camarade » qu’il tend à peindre comme le mal du Togo, n’étaient destinés qu’à se rappeler à la mémoire de qui on sait.

Dans le cadre des réformes institutionnelles et électorales, l’ANC a toujours défendu le strict respect de l’APG et de la constitution de 1992 qui prévoient la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux. Sincèrement, on ne voit pas en quoi le fait d’exiger le respect de l’engagement qu’on a pris peut être un obstacle à l’aboutissement des réformes souhaitées par tous.

Source : Médard Amétépé, Liberté