« Les promesses n’engagent que ceux qui y croient » – Henri Queuille

L’ONU fut l’un des soutiens de Faure Gnassingbé lors du braquage électoral opéré le 25 avril 2015. Alors que le scrutin était vivement contesté par l’opposition, le représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, s’était précipité d’annoncer que le processus électoral a été « libre et transparent ». Malgré les dysfonctionnements et anomalies criards qui avaient émaillé le scrutin.

Mohamed Ibn Chambas (g) et Faure Essozimna Gnassingbé | Infog : 27avril.com
Le très corrompu et extrêmement pollué représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas (g) et un de ses corrupteurs et amis, le « Fraudeur Faure Ever », Faure Essozimna Gnassingbé | Infog : 27avril.com

« Les Togolais sont allés voter sans violence. Ils ont exprimé librement leur choix. (…) Tous ceux qui sont venus observer ces élections, y compris la société civile togolaise, ont vu que ces élections étaient crédibles, libres et transparentes », avait déclaré Mohamed Ibn Chambas, au grand étonnement de l’opinion. C’était dans la foulée du coup de force sur fond de psychodrame opéré par le président de la CENI, Taffa Tabiou qui avait proclamé en catimini la « victoire » de Faure Gnassingbé alors que le processus de vérification des procès-verbaux n’était pas terminé.

N’empêche, pour Ibn Chambas, c’était Faure Gnassingbé qui avait remporté le scrutin. « Nous sommes contents de ce que nous avons vu », s’était-il exclamé. Des déclarations sur lesquelles surfera le pouvoir pour clamer urbi et orbi que cette mascarade électorale était l’une des élections les plus crédibles au Togo.

De sources généralement bien informées, le représentant spécial de Ban Ki-moon avait reçu des gages de Faure Gnassingbé qu’il serait disposé à œuvrer pour l’alternance politique dans son pays. En effet, Après son soutien indéfectible pour le 3è mandat de Faure Gnassingbé, Mohamed Ibn Chambas s’était enthousiasmé le 30 avril 2015 devant les hommes d’affaires et les médias dans un grand hôtel à Accra au Ghana sur les chances d’une alternance démocratique au Togo. Le diplomate ghanéen avait révélé que « Faure Gnassingbé a promis de signer une disposition de la CEDEAO qui prévoit la limitation du mandat présidentiel». C’était à quelque six (06) semaines de la tenue de la 47è session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO à Accra.

Faure Gnassingbé avait surpris tout le monde, et laissé sans voix le représentant spécial de l’ONU, en s’opposant fermement au projet de limitation des mandats présidentiels dans l’espace communautaire. Le président togolais était soutenu dans sa position par son compère de la Gambie Jahya Jammeh. Cette volonté d’harmoniser les constitutions visait pourtant à cultiver la bonne gouvernance dans l’espace sous-régional et éviter la répétition des scénarios burkinabè ou encore burundais. Mais le Togo et la Gambie, deux Etats membres insignifiants tant démographiquement et territorialement, économiquement et stratégiquement, avaient fait bloc pour dire « non » à l’initiative de la CEDEAO.

Les récentes déclarations de Faure Gnassingbé en marge de sa visite d’Etat en Allemagne confortent les Togolais dans le sentiment qu’il n’est pas prêt à céder le fauteuil présidentiel. Après avoir usé depuis 10 ans des manœuvres dilatoires pour repousser sans cesse les réformes constitutionnelles et institutionnelles, Faure Gnassingbé se demande, à propos de l’épineuse question de la limitation du mandat présidentiel, « si on peut appliquer la même règle dans tous les pays ». En clair, si la limitation du mandat présidentiel convient au Bénin, au Burkina Faso, au Ghana, au Sénégal, au Mali, au Nigeria, etc. , elle n’est pas adaptée au Togo qui a « sa propre réalité et histoire ». En effet, au Togo, le pouvoir est considéré comme un legs familial.

L’ONU et Ibn Chambas doivent se rendre à l’évidence qu’ils se sont fait avoir. Comme quoi les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

Source : Médard Amétépé, Liberté