La construction des agences BTCI confiée au fils de la Directrice Marguérite Gnakadé, des recrutements fantaisistes et à grands salaires pour une banque en redressement.

En octobre 2015, Faure Gnassingbé signe un décret nommant Marguérite Gnakadé à la tête de la BTCI en remplacement de celui qui deviendra le ministre actuel du Budget. A l’époque nous avions critiqué cette nomination eu égard au cursus scolaire de la promue et à son parcours bancaire peu élogieux. Nous avions terminé notre article par : « Attendons de voir et l’on se donne rendez-vous dans deux à trois ans ».

La pauvre BTCI pillée jusqu'à l'os par le clan Gnassingbé et ses courtisans | Archives
La pauvre BTCI pillée jusqu’à l’os par le clan Gnassingbé et ses courtisans | Archives

Nous en sommes au huitième mois de gestion et depuis trois mois, les échos qui nous parviennent ne font que nous conforter dans nos appréhensions par rapport à la réelle capacité de dame Gnakadé de s’inscrire positivement dans la droite ligne du redressement entamé par son prédécesseur Yaya Sani.

En effet et selon les informations en notre possession, la rigueur et l’impartialité dans le processus de redressement de la BTCI dont avait fait preuve le prédécesseur ont fait place à de l’approximation et à une navigation à vue depuis le départ de l’ex-administrateur provisoire. On se rappelle que celui-ci, croyant que Faure Gnassingbé tenait réellement à relever la BTCI, n’avait pas lésiné sur les moyens en vue de donner pleine satisfaction au chef de l’Etat.

Il convoqua tous les barons du régime redevables à la banque pour des séances d’explication. Il coupa les avantages indus dont continuaient à bénéficier certains d’entre eux comme les sieurs Barry Moussa Barqué et Yao Kanékatoua, pour ne citer que ceux-là. Ceux qui devaient à la BTCI parmi eux étaient sommés de rembourser ; ce qui fut fait ou commença à l’être. Tout cela, nombre de Togolais se rendront compte par la suite, y compris les employés de l’institution, que ce n’était pas du goût de celui qui avait pressenti et nommé comme administrateur provisoire, l’actuel ministre du Budget.

Dès son arrivée dans la banque, Mme Marguérite Essossimna Gnakadé aurait affiché l’air d’une responsable dévouée à la tâche et animée de bonnes intentions. Mais le génie ne s’improvise pas et la plus belle femme du monde, selon un proverbe gabonais, ne peut donner que ce qu’elle a. Elle a vite montré ses limites. Elle a commencé par remettre en cause quelques-uns des acquis et structures mises en place par celui qu’elle venait de remplacer. Si certains employés de la banque avaient perdu le sourire sous Yaya Sani à cause de sa rigueur dans le travail, ils l’ont en revanche retrouvé sous Gnakadé. Mais avec quelle gestion ? On ne fait pas des omelettes sans casser des œufs, tout le monde le sait.

Depuis quelques temps, sa gestion de la banque occasionne plus de frais qu’elle n’en génère. Elle procède à des recrutements par népotisme. C’est ainsi que certains salariés qui exerçaient déjà ailleurs et qui ne sont pas des chômeurs, par ces temps difficiles pour une masse de citoyens, ont quitté leur emploi pour intégrer la BTCI. Mieux, ils sont payés deux, voire trois fois plus que ce qu’ils percevaient à leur ancien lieu de travail.

Ce qui manque de sens à ces genres de recrutement, c’est que ce n’est pas du personnel technique indispensable pour le relèvement du niveau de fonctionnement de cette institution financière. C’est du personnel de seconde, voire de troisième zone. Elle aurait même recruté une titulaire de licence en géographie pour une structure bancaire qui a des problèmes de gestion et qu’on dit vouloir redresser. «Elle recrute de n’importe quoi», a dit un employé.

On raconte que cette « nouvelle recrue », depuis quelques jours n’est plus perceptible dans la banque. Se serait-elle rendue compte par elle-même qu’elle n’a pas sa place à la banque ou le « mendèfrèrisme » l’aurait-il parachuté dans un centre d’imprégnation aux techniques bancaires pour rebondir dans la banque avec un titre ronflant mais creux ? De l’avis de certains, l’arrivée de Gnakadé à la BTCI pourrait se justifier par une confiance placée en elle pour sauver les arrières des barons, contrairement au travail de qualité fait par l’actuel ministre du Budget. Et c’est selon le bon vouloir du chef de l’Etat. La promotion à la BTCI à des postes de responsabilité sans mérite sur fond de tribalisme est le fort de Mme Gnakadé.

Sur tout un autre plan, on apprend que Marguérie Gnakadé aurait confié depuis son arrivée la construction des agences de la BTCI à l’un des garçons faits à Ernest Gnassingbé. C’est ainsi que sans appel d’offres, elle a concédé les bâtiments de la zone portuaire et d’Adidogomé à son fils Gnassingbé. Une gestion qui s’apparente à celle d’une société privée ou familiale se fait dans cette structure.

Il y a lieu de s’étonner que Faure Gnassingbé qui donne l’impression de vouloir améliorer la gouvernance au Togo sans jamais y parvenir vraiment, cautionne ce désordre à la BTCI, même onze ans après son arrivée au pouvoir. Une gestion hasardeuse et inadaptée à une banque qu’on dit vouloir redresser.

Alors se pose la question de savoir qui trompe qui. En connaissance de cause, il n’y a que les fanatiques aveugles de Faure Gnassingbé qui ont le sens de jugement et d’appréciation émoussé qui peuvent continuer à faire du bruit sur la bonne volonté et la bonne foi d’un tel chef d’Etat. Le vrai développement du Togo se fera après lui, car rien ne justifie autant de faiblesses à tous les niveaux. Non seulement le chef de l’Etat reconnaît les surfacturations, le pillage par une minorité et autres et est incapable de sanctionner, pire, il donne visiblement l’impression d’encourager toutes les mauvaises pratiques dans le temps dans le pays.

Aussi longtemps que les dirigeants de ce pays et le chef de l’Etat en tête ne changeront pas de mentalité et considéreront qu’ils ont le pouvoir et la force des armes de leur côté et qu’ils peuvent faire tout ce qu’il leur plaira de faire, ce sont eux-mêmes qui se couvrent de déshonneur. Mais malheureusement c’est le pays entier qui accumule retards sur retards. Entre sa propre dignité et le déshonneur dans lequel on se plaît sans honte à noyer notre bien commun, le choix normal qui s’impose à tout être normal et raisonnable est sans équivoque.

Source : [07/6/2016] Le Correcteur