Chute des cours du pétrole

Les prix du pétrole poursuivaient leur dégringolade lundi en cours d'échanges européens, lestés par un regain d'inquiétude sur la vigueur de la croissance de la Chine, la deuxième économie mondiale, dans un contexte d'offre toujours surabondante. | Archives
Les prix du pétrole poursuivaient leur dégringolade lundi en cours d’échanges européens, lestés par un regain d’inquiétude sur la vigueur de la croissance de la Chine, la deuxième économie mondiale, dans un contexte d’offre toujours surabondante. | Archives

Vers 12h30, heure de l’Est, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 43,79 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,67 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Le Brent est tombé lundi vers 9h40 à 42,51 dollars, son plus bas niveau depuis la mi-mars 2009.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance perdait 1,32 dollar à 39,13 dollars. Les cours de la référence américaine du brut ont dégringolé lundi vers 9h40 à 37,75 dollars le baril, son niveau le plus faible depuis fin février 2009.

«La volatilité est très élevée, le mouvement de ventes robuste, et la nervosité a dominé les échanges lundi, avec la confirmation d’inquiétudes sur le fait que le fort ralentissement de l’économie chinoise affecte les autres grandes économies mondiales», commentait Myrto Sokou, analyste chez Sucden.

«Pour la première fois depuis mars 2009, le Brent vaut moins de 45 dollars le baril et le WTI moins de 40 dollars le baril (…) et il semble qu’il n’y a pas de fin en vue pour la dégringolade que subissent les prix du pétrole depuis maintenant huit semaines», commentaient les analystes de Commerzbank.

Lundi, la baisse des cours était moins liée que ces dernières semaines aux fondamentaux du marché (offre et demande), «les inquiétudes sur la Chine étant le principal responsable cette fois-ci», expliquait-on chez Commerzbank.

Les Bourses chinoises ont dégringolé lundi, dans un marché toujours affolé par la morosité de l’économie chinoise, et en dépit des efforts des autorités pour rassurer les investisseurs.

Un indice manufacturier de référence publié vendredi est tombé à son plus bas niveau depuis six ans, signalant une violente contraction de l’activité manufacturière en août.

«Il est de moins en moins probable que la Chine atteigne sa cible de 7% de croissance, alimentant des inquiétudes qui entraînent les prix à la baisse», notait Alastair McCaig, analyste chez IG.

Les cours ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis juin 2014, quand ils avaient atteint un pic annuel, plombés par une offre excédentaire, et ce malgré une amélioration de la demande stimulée par les prix bas.

Et face à la stratégie de protection de parts de marché de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui continue d’augmenter son offre, et à la résistance du pétrole de schiste américain malgré la baisse des prix, les perspectives à court terme pour le Brent et le WTI sont moroses.

De plus, «les attentes d’un retour rapide de l’Iran comme l’un des principaux fournisseurs de pétrole au monde ont été renforcées par la réouverture par le ministre britannique des Affaires étrangères de l’ambassade de Grande-Bretagne en Iran», commentait M. McCaig.

Une fois les sanctions des Occidentaux sur le pétrole iranien levées, le pays pourrait selon certains observateurs et responsables iraniens entraîner une hausse de 1 million de barils par jour (mbj) de la production de l’OPEP, pour la porter de 32 mbj à 33 mbj.

Dégringolade des bourses asiatiques

À Shanghai, l'indice composite shanghaïen a clôturé en baisse de 8,49%, sa plus forte baisse journalière depuis février 2007 | Photo : AP
À Shanghai, l’indice composite shanghaïen a clôturé en baisse de 8,49%, sa plus forte baisse journalière depuis février 2007 | Photo : AP

Les Bourses asiatiques, suivies par les places européennes, ont décroché de concert lundi, prolongeant la débâcle des marchés mondiaux, toujours inquiets sur la santé de l’économie chinoise. En tête, Shanghai (-8,49%) a enregistré sa plus forte chute en huit ans.

Alors que les Bourses mondiales avaient dévissé la semaine dernière dans un climat d’angoisse générale, les Bourses européennes ont piqué du nez lundi dès l’ouverture, emboîtant le pas à leurs consoeurs asiatiques.

Paris a ouvert sur une chute de 3,57%, tandis que Londres abandonnait plus de 2,50% et Francfort 3,15%.

Plus tôt en Asie, incapables de se remettre des lourdes pertes de la semaine précédente, les places boursières avaient repris de plus belle leur dégringolade.

L’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé la journée en baisse de 4,61%, à un plus bas de six mois.

À Shanghai, l’indice composite shanghaïen a clôturé en baisse de 8,49%, sa plus forte baisse journalière depuis février 2007.

Il a désormais effacé tous les gains enregistrés depuis le début de l’année, tombant sous son niveau du 31 décembre 2014.

La contagion a atteint la Bourse de Taïwan qui a dévissé en séance de presque 7,5%, du jamais vu. Elle a clôturé en baisse de 4,84%.

Hong Kong a reculé de 5,17%. Sydney a trébuché de 4,09%, tombant à un plus bas en deux ans, et Séoul de 2,47%.

Les matières premières n’étaient pas épargnées: les cours du brut se repliaient, évoluant sous 40 dollars le baril à des niveaux inédits depuis six ans.

Rien ne semblait apaiser le regain d’inquiétude des investisseurs sur la conjoncture mondiale dans son ensemble, à l’orée d’une semaine riche en publications de statistiques aux États-Unis et en Europe.

Mais la Chine dominait toujours les préoccupations, alors que s’enchaînent les indicateurs décevants attestant de l’essoufflement de la deuxième économie mondiale.

«Nous avons tous les ingrédients pour assister sur les marchés mondiaux à la pire journée depuis cinq ans», avait commenté Evan Lucas, du courtier IG Markets, en début d’échanges asiatiques.

«Les réactions des marchés asiatiques reflètent la conviction des investisseurs qu’un atterrissage brutal (de l’économie chinoise) est inévitable», a-t-il ajouté.

Ce nouveau reflux prononcé des Bourses d’Asie faisait suite à une chute de plus de 3% du Dow Jones vendredi à Wall Street, à son plus bas niveau de l’année.

Un indicateur manufacturier de référence publié vendredi en Chine avait alimenté la fébrilité des marchés mondiaux: il s’est établi à son plus bas niveau depuis plus de six ans, signalant une violente contraction de l’activité manufacturière chinoise en août.

Dans la foulée, la Bourse de Shanghai avait accentué ses pertes. Elle s’est effondrée de 11,5% sur l’ensemble de la semaine dernière.

Pékin impuissant à rassurer

La dévaluation surprise du yuan le 11 août – perçue comme un effort désespéré des autorités chinoises pour relancer ses exportations et l’activité économique – n’ont fait qu’aviver l’inquiétude générale, provoquant une onde de choc sur les marchés financiers.

Soucieux de rassurer, Pékin a certes annoncé dimanche que le gigantesque fonds de pension chinois allait être autorisé à investir une partie de ses colossaux actifs dans les Bourses locales.

Mais l’annonce n’a pas rassuré les investisseurs chinois (pour la plupart des particuliers et petits porteurs), d’autant que persistent les craintes de «bulle» –de survalorisation des marchés locaux déconnectés de l’économie réelle.

«L’économie chinoise va plutôt très mal, certains secteurs sont survalorisés, et les pressions à la vente partout sur les marchés mondiaux contribuent à plomber le moral» des investisseurs, a résumé Wu Kan, gérant du fonds JK Life Insurance, cité par Bloomberg News.

Pour enrayer la spectaculaire débâcle des Bourses chinoises, Pékin est fortement intervenu depuis fin juin, des organismes publics réalisant des achats massifs d’actions.

Mais, en dépit des assurances du gouvernement, les investisseurs chinois redoutent désormais un retrait prématuré de ces mesures de soutien.

Dans tous les cas, «les interventions des autorités chinoises ne seront pas capables d’interrompre la correction des marchés sur le long terme», a prévenu Ken Chen, analyste de KGI Securities, cité par Bloomberg.

De l’avis général, la Bourse de Shanghai apparaît quasi-condamnée à s’enfoncer sous 3.000 points.

«C’est un vrai désastre et il semble que rien ne puisse l’arrêter», a renchéri Chen Gang, analyste chez Heqitongyi Asset Management, prévenant que de nombreux fonds d’investissement se trouvaient contraints de réduire drastiquement leurs actifs sous peine de faire faillite.

Panique sur les marchés européens

Les investisseurs s'inquiètent de la fragilité de l'économie chinoise et de son impact sur la croissance mondiale, alors que les mesures prises par les autorités du pays ne suffisent pas à rassurer | Photo : AP
Les investisseurs s’inquiètent de la fragilité de l’économie chinoise et de son impact sur la croissance mondiale, alors que les mesures prises par les autorités du pays ne suffisent pas à rassurer | Photo : AP

Les Bourses européennes ont terminé en très forte baisse lundi après avoir creusé leurs pertes juste après l’ouverture de Wall Street et dans le sillage de l’Asie, les investisseurs s’inquiétant d’une contagion du ralentissement chinois sur la croissance mondiale.

La Bourse de Paris a terminé en très forte baisse de 5,35% après avoir perdu jusqu’à 8,28% en séance. Francfort a chuté en clôture de 4,70%, Londres de 4,67% et Madrid de 5,01%.

L’indice Eurostoxx 50, qui regroupe les grandes entreprises de la zone euro, finissait la séance en repli de 5,35%.

Les Bourses européennes avaient commencé la journée sur des fortes baisses, qui se sont accélérées après l’ouverture de Wall Street. Le Dow Jones a chuté de 5,75% peu après l’ouverture tandis que le Nasdaq cédait 7,98%.

Sur le marché de la dette, les taux d’emprunt des pays du sud de la zone euro se tendaient, tandis que celui de l’Allemagne, dont les obligations font office de valeur refuge, se stabilisait.

Les marchés européens déjà déstabilisés depuis une dizaine de jours par la mauvaise passe de la place boursière chinoise, ont vu la Bourse de Shanghai terminer lundi sur un plongeon de presque 8,5%, sa plus forte baisse journalière depuis huit ans.

La débâcle des marchés boursiers se double d’une chute du prix du pétrole, le brut américain étant repassé sous la barre des 40 dollars.

Les investisseurs s’inquiètent de la fragilité de l’économie chinoise et de son impact sur la croissance mondiale, alors que les mesures prises par les autorités du pays ne suffisent pas à rassurer.

Pékin a notamment annoncé dimanche que le gigantesque fonds de pension chinois allait être autorisé à investir une partie de ses colossaux actifs dans les Bourses locales.

Les investisseurs «espéraient une intervention massive de la banque centrale chinoise alors que la Chine pourrait être contrainte de dévaluer encore le yuan», remarque le courtier Aurel BGC.

Les doutes sur l’économie mondiale interviennent au moment où la croissance reste poussive en zone euro, comme en témoignent les chiffres pour le deuxième trimestre publiés récemment.

Les investisseurs sont également dans le flou concernant la politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed), qui a jusqu’à présent été un facteur de soutien très important au marché.

La Fed entend remonter ses taux d’ici la fin de l’année mais cette initiative pourrait être contrariée par la Chine et la faiblesse de l’inflation.

«En d’autres termes, après tant d’argent mis sur la table par les banques centrales, tant d’argent public dépensé par les États, et après avoir endetté les ménages des pays émergents, doit-on craindre une rechute non maîtrisée de l’économie mondiale ?», s’interroge Crédit Mutuel-CIC.

Les stratégistes ne privilégient toutefois pas ce scénario «grâce à l’autonomie de la croissance aux États-Unis et aux marges de manoeuvre qui subsistent en Chine pour stabiliser l’économie».

Wall Street tente de se ressaisir, en vain

La question se pose maintenant de savoir si les investisseurs vont trouver dans la chute des indices de quoi motiver une chasse aux bonnes affaires | Photo : Reuters
La question se pose maintenant de savoir si les investisseurs vont trouver dans la chute des indices de quoi motiver une chasse aux bonnes affaires | Photo : Reuters

Les marchés tentent de reprendre leur souffle en milieu de séance. Le Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York, qui avait dégringolé brièvement de plus de 1000 points à l’ouverture ce matin, avait repris les deux tiers du terrain perdu ce midi. L’indice des principales composantes de la Bourse de Toronto remonte aussi la vente bien que 97% de ces titres demeurent dans le rouge.

Les marchés vers 14h45 HE :

  • TSX: 13271 points, -203 points, -1,5%
  • Dow: 15,926.20 points, -533.55 points, -3,24%
  • Nasdaq: 4662 points, -44 points, -0,9%
  • S&P 500: 1,896.05 points, -74 points, -3,8%

Parallèlement, l’indice de volatilité VIX du Chicago Board Options Exchange se maintient aux environs de 37 points, un bond de 33% par rapport à vendredi. L’indice utilisé pour calculer «le sentiment de peur» chez les courtiers, a triplé en cinq séances et se retrouve à son plus haut niveau en quatre ans.

Même chose pour le CVIX, le baromètre canadien de la peur, qui affiche près de 31 points, 6 de plus que vendredi.

Pour rappel, le VIX évolue généralement à l’inverse des indices actions. De même que le put/call ratio, un VIX très haut montre un pessimisme excessif, comme lors des sommets de 2008 à plus de 80 points par exemple, et un VIX très bas, un optimisme excessif.

La correction est maintenant de 7,6% pour le Dow et de 8,3% pour le TSX, depuis le 10 août.

La chute à l’ouverture ce matin «suit une performance lamentable sur les marchés d’Asie-Pacifique lundi», notait Patrick O’Hare, chez Briefing.com: à Shanghai. «Ce qui aurait catalysé cette chute serait la déception des investisseurs devant l’absence de mesure de relance directe des autorités chinoises durant le week-end, les autorités se contentant de donner leur bénédiction aux collectivités locales pour qu’elles investissent en Bourse, pour la première fois», a expliqué M. O’Hare.

Mais «ce qui est à la racine des choses c’est l’inquiétude pour un ralentissement, c’est la raison pour laquelle les valorisations continuent à être sous pression dans le monde, les prix du pétrole sont passés sous les 40 dollars le baril», entre autres, a ajouté M. O’Hare.

Pour lui, la question se pose maintenant de savoir si les investisseurs vont trouver dans la chute des indices de quoi motiver une chasse aux bonnes affaires. «Le contraire nous étonnerait, ce qui veut dire que la clôture du marché (lundi) va être plus importante que l’ouverture difficile», faisait-il valoir.

«Le danger maintenant est que les marchés (d’actions et de matières premières) commencent à évoluer de nouveau ensemble, comme cela a été le cas lors de l’explosion de la bulle internet en 2000 et comme lorsque ce qui était une crise des marchés émergents s’est transformée en récession aux États-Unis», a souligné Kit Juckes de Société Générale.

Aucun indicateur ou résultat majeur susceptible d’apporter des informations sur la santé de l’économie américaine n’était à l’agenda ce lundi, mais dans la semaine, les investisseurs scruteront les interventions des banquiers centraux réunis de jeudi à samedi à Jackson Hole, dans le Wyoming, pour un grand rassemblement annuel.

Vers 15h30 le « Selloff » en fin de séance s’est accéléré avec le Dow Jones perdant 626 points (-3,80%), le S&P perdant 69,44 points (-3,53%), et le pétrole chutant de 2,55 $ (-6,3%).

Ce sera une première historique si le Dow Jones continue sur sa lancée et ferme avec 300 points en moins à la fermeture, pour une troisième séance d’affilée.

Source : [24/08/2015] AFP + La Presse + Reuters + Bloomberg + 27avril