Dans la soirée de ce vendredi, la Compagnie ivoirienne d‘électricité (CIE) est intervenue sur la télévision publique ivoirienne pour présenter des excuses aux Ivoiriens. Des excuses qui s’accompagnent de mesures censées calmer les tensions sociales de ces derniers jours.

Compagnie Ivoirienne d" Électricité | Photo : Africa News
Compagnie Ivoirienne d » Électricité | Photo : Africa News

Des excuses publiques, voilà ce à quoi a dû se soumettre la Compagnie ivoirienne d‘électricité, acculée ces dernières semaines par de vifs mécontentements de ses abonnés. Sur les antennes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) dans la soirée de ce vendredi, Mathias Kouassi, directeur général adjoint de la CIE a exprimé les “excuses” de sa compagnie “pour ce désagrément” et annoncer des mesures pour taire un tant soit peu la grogne sociale née de la hausse du coût de l’électricité et la réception de deux factures dans le même mois.

La première mesure vise “l’annulation” de la date limite de paiement de la facture de juillet correspondant aux consommations de mai et juin 2016 et la seconde permettra “l’étalement du paiement de la facture de juillet 2016 qui sera négocié avec les associations de consommateurs”, a fait savoir Mathias Kouassi. En dehors de cela, la direction de la CIE a enjoint ses collaborateurs en agence et au centre de relation clients de traiter avec “diligence et bienveillance” toutes les requêtes qui leur seront exposées.

En appelant les associations de consommateurs à la table des négociations, la CIE entend ainsi faire oublier les tensions de ces dernières semaines. En effet, des manifestations avaient éclaté dans plusieurs villes de la Côte d’Ivoire pour dénoncer une augmentation excessive du coût de l‘électricité. Pourtant, en début d’année, le gouvernement ivoirien n’avait annoncé qu’une hausse de 6 à 10 %. Mais certains Ivoiriens ont vu leurs factures exploser bien au-delà de la consommation légale. Ce vendredi, à Bouaké, dans le centre du pays, un homme tué par balle et une dizaine de blessés également par balles ont été répertoriés au cours d’une manifestation contre la compagnie d‘électricité.

Les locaux de la CIE et de nombreux bâtiments administratifs ou symboles du pouvoir (préfecture, résidence du maire, agences gouvernementales) ont par ailleurs été pillés par les manifestants.
Les manifestations suspendues

Face à la tournure que prend la constatation, six associations de consommateurs ont condamné les violences et appelé à suspendre les protestations prévues : “des individus, profitant de nos actions pacifiques de mécontentement, sèment le désordre et procèdent à des casses et à des pillages. (…) Chers Consommateurs, nous vous demandons de surseoir à toute manifestation”, déclarent-elles dans un communiqué.

Néanmoins, elles maintiennent leur revendication qui est que le gouvernement renonce aux augmentations. “Le gouvernement est responsable de la poussée de tension sociale actuelle et des manifestations de Yamoussoukro”, avait accusé mardi Jean-Baptiste Koffi, président de l’Union fédérale des consommateurs de Côte d’Ivoire, qui regroupe 125 associations. Ce dernier estimait alors que le gouvernement et la CIE devaient “renoncer au projet d’augmentation du prix de l‘électricité actuel, qui ne fait qu’exacerber les difficultés déjà nombreuses vécues par les consommateurs”.

La contestation sociale en Côte d’Ivoire a pris de l’ascendant ces dernières semaines. Il y a quelques jours, étudiants et policiers s’affrontaient sur le campus de l’université de Cocody, à Abidjan, causant plusieurs blessés. Des affrontements qui ont conduit à la suspension des activités des associations estudiantines et scolaires, décidée par le gouvernement ivoirien en son Conseil des ministres, du mercredi dernier.

Source : [23/07/2016] Carole Kouassi, Africa News; vidéo : Africa 24