Bureaux hors services, matériel informatique et documents administratifs partis en fumée, les affaires personnelles des agents dévorées par les flammes. Tel est le bilan de l’incendie qui a frappé hier dans la matinée, le bloc informatique de l’agence Gbossimé de la Togolaise des eaux (TdE).
D’après les témoins, le feu s’est déclenché autour de 10 heures 30 minutes et quelques instants ont suffi pour qu’il envahisse tout l’étage, contraignant les agents à déserter les bureaux et laisser derrière eux leurs affaires personnelles. « Le feu s’est déclenché dans notre bureau au 2ème étage. Quand nous avons vu les premières étincelles, j’ai couru pour disjoncter le compteur électrique, mais c’était sans compter avec la rapidité de la flamme », raconte un employé. Un autre nous explique que le feu est parti d’un climatiseur installé dans le bureau et les flammes auraient été très vives. « Le feu a envahi la salle en quelques minutes. Quand les sapeurs pompiers étaient arrivés, j’avais déjà épuisé trois (3) bouteilles d’extincteurs, mais en vain. La flamme est partie dans tous les sens. On pouvait entendre les machines exploser. C’était effroyable », décrit-il.
Et il a fallu l’intervention de deux véhicules des sapeurs-pompiers avant d’arriver à bout de l’incendie qui, selon les premières analyses, a été provoqué par un court-circuit. Il nous a été rapporté que la première équipe ne pouvait pas maitriser les flammes et que l’intervention du deuxième groupe de pompiers a été salutaire pour mettre fin à l’incendie.
Quand les flammes ont été maitrisées, certains employés ont eu accès à la salle pour extraire les affaires qui n’auraient pas brûlé. C’est ainsi que quelques-uns ont pu extirper des décombres leurs sacs à main. Selon les employés officiant dans ces bureaux, plusieurs dossiers importants ont été perdus, mais fort heureusement, aucune victime humaine n’a été déplorée.
L’incendie du service informatique nous a permis de découvrir que la gestion de la société fournisseuse d’eau potable est très trouble en profondeur. Parce que depuis l’arrivée du nouveau directeur en la personne de l’ancien député d’Unir, Antoine Gbégbéni le 6 novembre dernier, les nominations semblent se faire selon des critères ethniques que par compétence et au gré des humeurs du nouveau Dg.
En effet, au poste de chef service facturation, on trouve le sieur Monsila, originaire de Guérin-Kouka tout comme le Dg. Pour une société qui doit être redressée, le directeur général devrait se baser sur les qualités intrinsèques des hommes ; mais selon nos informations, ce chef service n’est même pas détenteur du Bac II. Et pourtant, M. Gbégbéni criait à son arrivée : « L’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Appréciez. Le syndicaliste Idrissou Kolani a été nommé chef service du patrimoine et c’est ensemble avec celui-ci que la gestion clanique se fait. Le directeur financier et comptable est aussi de Bassar. Le directeur de la production, idem. Le chef service des ressources humaines et formation n’échappe pas à la règle. Le chef personnel, bien que n’étant pas originaire de la région sus-citée, se trouve être la femme de l’ancien directeur général Laré qui avait lancé le projet d’informatisation à coups de milliards. On parle de 3 milliards en tout, mais seulement 1,5 milliard aurait été utilisés, le reste s’étant « volatilisé ».
Pourquoi choisir justement cet ancien député à la réputation sulfureuse pour diriger une société qu’on veut redresser ? Pour ceux qui ne le savent pas encore, le parachutage de Gbégbéni à la tête de la TdE découle du fait qu’il est un beau de Faure Gnassingbé, étant marié à une sœur de Kpatcha. Mais les conséquences de cet incendie ne tarderont pas à se faire sentir au niveau des abonnés. Comment se feront désormais les facturations ? Le risque de voir atterrir des cumuls de factures sur la table des abonnés est très grand, étant donné que le serveur central acquis à plus de 500 millions de FCFA, vient d’être bousillé. Comment pourra-t-on déterminer l’état d’avancement du projet d’informatisation puisque tout vient de partir en fumée ? « Je me demande si cet incendie n’est pas intentionnellement provoqué pour dissimuler des choses puantes », se demande un agent du centre qui nous a confié que de par les relations familiales qui lient le Dg au chef de l’Etat, des anomalies monstres sont constatées, mais personne n’ose hausser la voix, de peur de voir son boulot menacé. Jusqu’à quand cette société pourra-t-elle se départir des considérations extraprofessionnelles et s’inscrire dans la voie des réformes véritables ?
Source : [04/03/2015] Géraud A. & Abbé Faria, Liberté N°1896
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