Une conférence de presse a été animée par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) à son siège hier. L’objectif de la rencontre était d’inviter les responsables d’organe de presse à honorer leurs engagements par rapport au renouvellement des fréquences avant le 05 février prochain. Bien plus que ce délai de rigueur, c’est l’éventuelle fermeture des chaînes de télévision et radio LCF et City FM qui a dominé les échanges.

Extrait de la Une de L’Alternative

« Pour tuer une poule, il faut lui faire avaler la dernière goutte d’eau », enseigne un adage populaire. Et visiblement, c’est à cette scène que veut se prêter la HAAC à l’égard de certains médias dont principalement LCF et City Fm. Le coup fatal sera probablement donné après le 05 février, délai donné par la Haute autorité aux responsables de ces deux chaînes d’informations à réintroduire leurs dossiers d’autorisation d’émettre. Au cas contraire, elles se verront retirer leurs fréquences.

Une inquiétude demeure toutefois. Rien ne laisse envisager que les dossiers ne « disparaitront » plus à la HAAC comme les précédents. Et c’est à ce niveau que la responsabilité et la bonne foi de cette institution de régulation des médias est engagée.

« Il s’agit donc aujourd’hui d’une cérémonie de cathartique de présentation de vœux spéciale. Une cérémonie au cours de laquelle nous nous dirons tout, mais avec courtoisie et à l’issue de laquelle nous pourrons repartir de bon pied vers des sommets plus nobles de la presse togolaise », a déclaré Pitang Tchalla, le président de la HAAC, à l’ouverture de la rencontre. Si le vœu formulé est souhaitable, il demeure qu’à l’issue de la rencontre, la catharsis s’est révélée un vœu pieux.

En effet, sur la question de la conformité des deux chaînes par rapport aux dispositions d’autorisation de fréquence, le président de la HAAC s’est appuyé sur les textes réglementaires. « Les textes sont là, on les applique ou on ne les applique pas. Nous nous sommes décidés à les appliquer, à commencer à les appliquer », a-t-il répondu. Mais en réalité, Pitang Tchalla n’a pas levé tout le voile sur l’imbroglio qui entoure l’autorisation donnée à LCF et City FM, notamment les disparitions mystérieuses de dossiers transmis en vue d’être en conformité avec les dispositions légales.

Car, s’il s’est voulu convaincant, les bribes de mots ont laissé entrevoir des doutes sur l’application des textes. « Pourquoi cela n’a pas été fait? Je crois que les mandatures précédentes n’ont pas voulu le faire. C’est compte tenu des mêmes pesanteurs que nous vivons maintenant que le dossier a traîné jusqu’aujourd’hui », s’est-il défendu. A l’analyse, les manquements relevés et sur lesquels la HAAC se base pour passer à la fermeture des deux chaînes incombent à l’ancienne mandature que Philipe Evegnon a eu à diriger. Visiblement le bouc-émissaire est trouvé en la personne de l’ancien président de la HAAC.

Selon les preuves fournies par Luc Abaki, le directeur de LCF et City FM qui appartiennent au groupe Sud Média, il y a bel bien eu des dossiers qui ont été transmis à la HAAC. Même récemment. « Je crois que les institutions travaillent avec des documents et des papiers. Lorsque je retrouve dans mes archives, les reçus d’achat de dossiers d’appel d’offre, des reçus de l’ART&P qui accuse réception des dossiers, un courrier de la HAAC daté du 07 mai 2007 adressé à l’ARTP demandant des fréquences, une lettre de l’ART&P qui assigne des fréquences de la HAAC, je me dis qu’il y a traçabilité du dossier, qu’il y a eu dossier », a-t-il révélé. Mais, sur la traçabilité, le président de la HAAC a « passé outre ».

« Nous passons beaucoup de temps à compulser les dossiers, à comprendre ce qui se passe, à comprendre pourquoi il y a ces blocages, à comprendre justement pourquoi en 2012, vous n’avez pas pu faire régulariser ce dossier. Il m’a été répondu simplement qu’il n’y a aucun dossier à régulariser parce que la HAAC n’a pas disposé de dossiers LCF et City FM », a rétorqué Pitang Tchala qui a eu à relever que plusieurs fois, son institution a relancé les responsables de ces deux chaînes pour régulariser leur situation. « J’ai participé à l’appel d’offre. Il n’y avait d’offre LCF. Si on vous a dit que c’est le cas, c’est faux. Je mets au défi celui qui l’a dit. La HAAC est une institution indépendante et souveraine qui ne dépend pas de l’ART&P. Si certains ont estimé qu’en déposant à l’ART&P, ils ont réduit le problème, c’est faux », a-t-il renchéri.

Mais visiblement, Pitang Tchalla, le maître des lieux n’a pas donné l’opportunité à certains membres de la mandature actuelle qui ont eu connaissance du dossier LCF et City de s’exprimer véritablement.

« Nous ne disposons pas de force pour contraindre la HAAC », a affirmé Luc Abaki, en réponse à l’éventualité de voir l’institution de régulation des médias fermer les deux chaînes d’information. Pour autant, un recours en justice serait envisagé. Le feuilleton HAAC- Groupe Sud-média est entré dans son dernier chapitre. Difficile de prédire un dénouement heureux. Tant la menace est visiblement à son plus haut niveau.

En marge de la rencontre qui s’est focalisée sur LCF et City, il est apparu que d’autres radios (Radio Dahoul, La Voix de Vo, etc.) sont dans le collimateur de la HAAC. Lors de la séance, la HAAC a invité les journalistes à se faire établir la carte professionnelle ; à respecter les lois régissant la déontologie du métier du journaliste ; l’institution a également annoncé qu’elle va désormais faire appliquer l’article 21 qui lui fait injonction de veiller au contrôle des contenus des publicités dans les médias. Il faut tout de même rappeler qu’une fermeture du Groupe Sud Média (LCF- City FM) enverrait au chômage plus de 70 journalistes et techniciens. De quoi se poser des questions dans un pays où le taux de chômage bat tous les records.

Source : L’Alternative No. 587 du 03 Février 2017 + vidéo : La Gazette du Togo

Infog : D.B.-Z.
/ FB

Le Patronat de la Presse Privée réagit à cette manière arbitraire de faire de la HAAC. Voic le communiqué du PPT

Communiqué du PPT

En ce jour du 02 février 2017, une délégation du PPT a participé à la conférence de presse organisée par la HAAC à son siège à Lomé pour plancher sur entre autres sujets, le dossier administratif pour la régularisation de certains médias audiovisuels de la place à savoir: radio Daoul Bassar, Océan fm Aneho, Radio la Voix de Vo (RVV) à Vogan, Bonne Nouvelle Lomé, Lcf et de City fm appartenant au groupe Sud Média, toutes deux à Lomé.

En ce qui concerne ces deux derniers médias, selon les échanges, la HAAC semble soutenir qu’aucun dossier n’avait été déposé en 2007 à la création des deux chaînes. Alors que les responsables de la chaîne soutiennent, preuves à l’appui que des actes précis et concrets ont été posés par le président de la HAAC d’alors Philippe EVEGNON, notamment une lettre datée du 07 mai 2007 adressée à l’ARTP sollicitant les fréquences au bénéfice de Lcf et City fm. Les dossiers d’appel d’offres ont été achetés avec des reçus ainsi qu’une caution de 20 millions dûment payée à la Banque Togolaise pour le Commerce et l’Industrie (BTCI).

De plus, d’autres dossiers ont été déposés en 2012 et 2015 à la demande de cette même HAAC sans qu’une suite ne leur soit donnée. Le Patronat de la Presse Togolaise (PPT) a pu consulter tous ces documents précités.

Au vu de tout ce qui précède, le PPT a le sentiment d’un acharnement malsain qui ne dit pas son nom contre ces deux structures citées plus haut. Surtout que la HAAC demande encore d’autres dossiers, alors que les autres déposés en 2012 et 2015 n’ont toujours pas fait  l’objet d’une étude.

Le patronat de la Presse Togolaise (PPT), rappelle ici qu’il est fondamentalement opposé à la fermeture de quelque média que soit dans notre pays.

Le PPT demande solennellement à la HAAC de cesser immédiatement son harcèlement à l’encontre du groupe Sud Média (Lcf et City fm) et lui suggère d’étudier de façon indépendante et sans passion les dossiers qui lui ont été soumis par la direction de ces médias comme il l’a fait avec les autres médias en instance de régularisation de leur situation.

Le PPT tient enfin, à réaffirmer son engagement à défendre la liberté de la presse et d’expression chèrement acquises dans notre pays par tous les moyens légaux dont il dispose.

Fait à Lomé le 02 février 2017

Dernière mise à jour le 05/02/2017 à 08H05 TU