Après des mois de contestation populaire contre le pouvoir, le Togo traverse une semaine de forte grogne sociale avec des grèves annoncées dans les secteurs de l’éducation et de la santé en plus de nouvelles manifestations de rue.

Une manifestation antigouvernementale menée par une coalition de partis d’opposition à Lomé, 7 septembre 2017 | Photo : AFP

Ces dernières années, les agents de santé du public ont dénoncé à plusieurs reprises leurs mauvaises conditions de travail et le Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (SYNPHOT) a appelé à deux jours de grève mercredi et jeudi.

« Le secteur de la santé est sinistré et nous sommes complètement débordés. Le matériel n’existe pas et nous manquons cruellement de personnel », déplore le Dr Gilbert Tsolenyanou, porte-parole du SYNPHOT.

« Au Centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio de Lomé, le plus grand hôpital du pays, le scanner ne fonctionne pratiquement pas. Les patients sont dirigés vers les centres de santé privés. Il est impossible de faire un bilan sanguin élémentaire en urgence », ajoute-t-il.

Le SYNPHOT exige notamment l’équipement des hôpitaux publics et le recrutement du personnel soignant. Au Togo, le secteur de la santé compte plus de 10.000 agents dont plus de la moitié sont des contractuels.

Le mouvement sera suivi par les enseignants des écoles primaires et secondaires du secteur public, qui ont multiplié les grèves ces derniers mois, et poursuivent un nouveau mouvement social de 72 heures à partir de mardi.

Étudiants assis à même le sol

Mais c’est sur le campus universitaire de Lomé que les tensions sont les plus vives. La semaine dernière une manifestation a entraîné des échauffourées avec les forces de sécurité sur le campus de la plus grande faculté du pays,

« Restons mobilisés, car cette fois-ci nous ne baisserons pas les bras! », lançait alors Honoré Komlan Adougo, à la tête du Mouvement pour l’émancipation de l’étudiant togolais (MEET), lors d’une assemblée générale sur le campus.

Des efforts ont été réalisés sur le campus ces derniers mois, notamment avec la rénovation du restaurant universitaire, la réfection des routes, l’achat de nouveaux livres pour la bibliothèque ou un meilleur accès au Wifi. Mais les problèmes de fond restent inchangés, selon les étudiants.

« Les amphis sont toujours pleins à craquer. Il est très fréquent de voir des étudiants assis à même le sol ou sur des briques pour suivre les cours », se lamente Délali Alladou, étudiante en anglais.

« Pas de laboratoires de langues dans les départements de langues, pas de laboratoires à la faculté des sciences. En plus, les bourses et allocations sont ridicules », renchérit Joël, étudiant en droit.

Les étudiants exigent également une augmentation des secours XXX de 12.000 à 25.000 F.CFA (18,29 à 38,11 euros) par mois et des bourses de 17.000 à 45.000 F.CFA (25.92 à 68.60 euros) par mois.

Si les mouvements estudiantins ne sont pas rares à Lomé, cette année la faculté de médecine a décidé de se joindre au mouvement, dénonçant l’augmentation « exagérée » des frais d’inscription en master et doctorat.

« Subitement cette année, les autorités universitaires ont décidé de porter les frais d’inscription en années de master et doctorat à 176.000 et 301.000 F.CFA (268,31 à 458,87 euros) contre 22.500 F.CFA (34,30 euros) par an habituellement », raconte Dodzi, un étudiant en 6è année de la faculté des sciences et de la santé.

« C’est inadmissible car nous allons tous nous retrouver dans la rue parce que notre premier diplôme, c’est le doctorat ».

De nouvelles manifestations des étudiants ont été violemment réprimés par les forces de l’ordre du régime ce mardi 30 janvier sur le campus de Lomé. On signale des blessés parmi les étudiants et de sérieux dégâts matériels.

Selon un dernier communiqué, les enseignants-chercheurs de cette université observeront une grève à partir de mercredi.

Début d’année chargé donc pour le gouvernement togolais, qui traverse depuis septembre dernier une forte contestation. Des marches quasi-hebdomadaires sont organisées pour demander la démission du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 après avoir succédé à son père, qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.

La coalition de 14 partis d’opposition a annoncé de nouvelles manifestations mercredi, jeudi et samedi de cette semaine pour « dresser le bilan de la gouvernance de Faure Gnassingbé », selon son porte-parole Eric Dupuy. « Il doit laisser la place à d’autres Togolais plus capables et plus soucieux de l’intérêt de leurs compatriotes », a-t-il confié à l’AFP.

Source : VOA Afrique + AFP + 27avril.com