La route, la route, la route, à chaque déplacement elle est prête à revendiquer des pertes matérielles et au pire des cas, des victimes. Les dégâts liés au mauvais état de la route s’invitent à tous les rendez-vous. Les ressortissants de Fazao au Ghana n’ont pas échappé alors qu’ils rentraient après une fête traditionnelle riche en couleur au bercail.

Illustration : CM

« Mobilisons-nous pour l’ouverture de la piste fazao- tasse», c’est le thème choisi par les fils et filles de Fazao pour la célébration de la 27e édition de leur fête traditionnelle. La route, la route encore la route, les organisateurs ont si bien ciblé l’urgence, mais ils ne savaient pas que, à peine la fête achevée, les évènements leur donneront raison dans le choix de leur thème.

La fête a tenu ses promesses, riches en sons et en couleurs, ce sont là des bénédictions du Tout-Puissant. Toutes les autorités y étaient, les responsables politiques et traditionnels locaux se sont approprié la célébration. La diaspora, elle y était, en actions et en discours. C’est ainsi que, en marge de cette célébration, en réponse aux promesses antécédentes devant la pénurie en eau potable, une muni-adduction d’eau a été inaugurée par les soins des ressortissants de Fazao dans la diaspora. Le discours en annexe vous édifiera.

La célébration de la 27e édition, c’est aussi et avant tout, un défi à lever. L’ouverture contre vents et marrées de la route Fazao-Tassi. Pour y parvenir, les populations ont compris que l’heure n’est plus à dormir sur les lauriers en attendant les autorités publiques, moins encore à continuer par se plaindre de cette route. Il faut passer à l’acte, passer à l’acte pour ouvrir une route, c’est s’équiper du minimum. La jeunesse l’a compris et a fait don de l’outil aratoire tout neuf aux habitants pour les accompagner dans l’ouverture artisanale de la route qu’ils ont d’ailleurs entamées avant la fête. Mieux, comme apothéose à la fête, toute une journée a été dédiée au chantier d’ouverture de cette route. C’est un défi, les populations se sont débarrasser de leurs tenue de fête pour se mettre en tenues de chantier ce jeudi. Tous ceux qui le pouvaient y étaient, ce jour-là c’est dans la brousse que la fête a continué, femmes et hommes, habitants et délégations de la diaspora, matériel de travail en main. Tout ne se conte pas, il fallait y être pour vivre la détermination d’une population à aller au-delà de ses capacités.

Le mardi 11 avril déjà, conformément au calendrier, les délégations avaient pris place dans le canton, la localité a fait peau neuve pour accueillir ses ressortissants. Sport de masse, reboisement, éliminatoires de football, kermesse et réjouissance folklorique, c’était déjà le mercredi. La journée de jeudi était la fatidique. Elle est consacrée à la route. Les rencontres d’échange, la grande prière, la lecture du Saint Coran et les invocations, c’était le vendredi. Le Samedi sera l’apothéose. Rien du programme que nous vous avions précédemment annoncé n’a été élagué. Dimanche déjà, le retour des différentes délégations ont commencé.

Tout est bien qui finit bien, mais personne ne s’attendait à ce que la route, bien que le thème de la fête lui soit consacré fera encore des dégâts. Un dégât de trop parmi tant d’autres restés anonymes. Alors qu’il rentrait comme il est venu en empruntant la route Kpaza-Bassar-Sokodé-Fazao, un bus de 35 places de la délégation de Kpaza s’écroule à la hauteur de Bamabodolo. 35 personnes à bord, 8 enfants, 27 adultes femmes, enfants et père de famille venus de la localité de Kpaza, au Ghana, à leur Fazao natal pour la fête. On ne déplore pas de pertes en vies humaines, mais les blessés étaient nombreux, les dégâts matériels avec. La route a encore revendiqué son droit.

De Fazao à Kpaza, lieu de provenance des accidentés, en passant par Bassar, la distance est de 251 Km. Pour joindre les mêmes localités, Fazao-Kpaza, en passant par la route de Fazao-Tasse, si elle existait, cela donne 99 Km, soit une différence de 152 km. Nous vous disions la dernière fois que l’absence de cette route n’est pas seulement une source de perte de temps, d’énergie inutiles mais de danger et de pertes économiques. Les démons de la route continuent par réclamer la dîme sur les populations et leur quotidien. Les organisateurs, tout en priant pour un prompte rétablissement des blessés, ont espoir que Dieu qui a veillé pour qu’on ne déplore pas mort d’homme en marge de cette fête, veillera à une rapide cicatrisation des plaies et surtout aiguisera la volonté des populations de Fazao pour que d’ici l’édition 2018 la prochaine délégation de Kpaza ne passe plus par Bassar.

Soit-il avec les moyens de l’Etat ou avec l’énergie des populations, même s’il faut s’endetter pour faire cette route, l’heure a sonné et cet accident n’est pas un mauvais symbole. On ne dira pas que c’est un accident bête dont on pouvait faire économie, et ce n’est d’ailleurs pas le premier du genre, mais sans doute que le créateur des Cieux et de la Terre a voulu que les fils qui continuent par croire que cette affaire de route est un folklore, sachent que l’urgence est réelle, il est en face. Les meilleures leçons s’apprennent dans la douleur, dit un adage.

La Rédaction

Source : Le Rendez-Vous