Noela Rukundo a survécu à l’assassinat planifié par son époux. Elle lui a fait savoir en venant à son propre enterrement, à Melbourne.

Noela Rukundo, une australienne d'origine burundaise dont le mari d'origine congolaise, Balenga Kalala, a commandité l'assassinat au Burundi, a été épargnée par les tueurs á gage. Elle fait une grosse surprise alors à son m/chant mari en débarquant à ses funérailles à Melbourne | Photo : The Age
Noela Rukundo, une australienne d’origine burundaise dont le mari d’origine congolaise, Balenga Kalala, a commandité l’assassinat au Burundi, a été épargnée par les tueurs á gage. Elle fait une grosse surprise alors à son m/chant mari en débarquant à ses funérailles à Melbourne | Photo : The Age

« Surprise, je suis toujours vivante! » C’est ainsi que Noela Rukundo s’est présentée à son mari, peu après que les derniers invités à ses propres funérailles soient partis. Balenga Kalala était pourtant sûr de la mort de sa femme: il avait lui-même payé 7000 dollars australiens pour commanditer son enlèvement et son assassinat, rapporte le Washington Post.

L’histoire se passe en février 2015. Noela Rukundo vit à Melbourne depuis 11 ans avec son mari, Balenga Kalala. Ils élèvent ensemble les huit enfants du foyer ( 5 enfants de Noela d’un mariage précédant et 3 enfants qu’elle a eu avec Balenga). Et si Noela reconnaît « savoir qu’il était violent », comme elle le confie à la BBC, elle « l’aimait de tout son coeur » et « ne croyait pas qu’il pourrait la tuer ». Mais son mari Balenga est jaloux, et pense que sa femme va la quitter pour un autre homme. Il décide alors de préparer son assassinat.

L'australien d'origine congolaise Balenga Kalala qui a commandité le meurtre (raté) de son épouse Noela Rukundo | Photo : ABC
L’australien d’origine congolaise Balenga Kento Kalala qui a commandité le meurtre (raté) de son épouse Noela Rukundo | Photo : FB

Alors que Noela Rukundo se rend dans son pays natal, le Burundi, pour l’enterrement de sa marâtre, elle est kidnappée par un groupe de trois tueurs à gage devant son hôtel à Bujumbura. Ceux-ci l’emmènent à une trentaine de minutes en voiture, l’attachent à une chaise, et appellent leur commanditaire pour connaître la suite des ordres. Horrifiée, elle entend alors son mari dire « Tuer la!, Tuer la ! ».

Les tueurs à gage changent d’avis

« Je me suis dit que j’étais déjà morte, que rien ne pourrait me sauver », confie-t-elle dans l’interview à la BBC. La situation, déjà rocambolesque, prend une tournure encore plus étrange, mais cette fois-ci salvatrice. Les tueurs à gage lui disent qu’ils ne tuent pas les femmes et ni les enfants, et qu’en plus ils connaissent son frère.

Après deux jours de captivité, les tueurs à gage libèrent Noela Rukundo au bord d’une route et lui confient même les preuves du projet de son mari avant de repartir : les enregistrements de leurs conversations sur un cellulaire, ainsi que les reçu des transferts Western Union des 7.000 dollars australiens ayant servi à payer l’opération commandité par Balenga Kalala

Au passage, les criminels lui font toutefois la morale, la traitant de « stupide » pour ne pas avoir remarqué un changement dans l’attitude de son mari, qui prépare manifestement son coup depuis plusieurs mois. Ils extorquent 3400 dollars de plus au mari, pour soit-disant finir le travail.

Trois jours plus tard, avec l’aide des ambassades de Kenya et de la Belgique, Noela Rukundo est de retour en Australie où elle découvre que son mari a annoncé à ses proches qu’elle était décédée dans un accident.

Elle confronte son mari devant leur maison, après que la dernière des personnes venues lui présenter les condoléances soit repartie. Le mari est choqué qu’elle est encore vivante. Il a même touché les épaules de sa femme pour s’assurer qu’il ne faisait pas des hallucinations ou ne voyait pas un fantôme, avant de commencer à crier.

Mme. Rukundi lui a dit « Surprise ! je suis toujours vivante. Tu es un homme méchant. Pourquoi as-tu voulu me tuer? Qu’en est-il de tes jeunes enfants (âgés de 5, 10 et 11 ans )? Qui allait s’occuper d’eux?»

Noela Rukundo et Balenga Kalala lors de leur mariage et Kalala escorté par la police ors de son jugement à la cour, Melbourne, Australie| Photo : ABC
Noela Rukundo et Balenga Kalala lors de leur mariage et Kalala escorté par la police ors de son jugement à la cour, Melbourne, Australie| Photo : ABC

Elle appelle la police, qui l’aide à obtenir ses aveux par téléphone. En effet, le procureur de la couronne Douglas Trapnell, QC, a dit à la Cour suprême avoir enregistré, le 28 février 2015, une conversation téléphonique entre Kalala et Rukundi durant laquelle, le mari a supplié sa femme de lui pardonné et qu’il a bel et bien planifié son meurtre.

Le 11 décembre 2015, Balenga Kalala a été condamné à neuf ans de prison. Noela Rukundo est maintenant exclue et menacée par une partie de la communauté congolaise à Melbourne qui lui reproche d’avoir appelé la police et fait condamné de son mari, leur concitoyen.

La mère de huit enfants, bien que toujours traumatisée par son expérience, demeure optimiste quant à son avenir. « Mais je m’imposerai comme une femme forte, insiste-t-elle. Ma situation, ma vie passée ? C’est derrière moi maintenant. Je commence une nouvelle vie ». Elle demande l’assistance des autorités pour se faire relocaliser ailleurs.

Source : [05/02/2016] Slate + Washington Post + ABC + BBC  + The Age + 27avril.com