« La louange ne sert qu’à corrompre ceux qui la goûtent » – Jean-Jacques Rousseau

Lors de son séjour en Allemagne, Faure Gnassingbé a eu une rencontre avec la diaspora togolaise. C’est dans une ferveur populaire que la délégation togolaise a été accueillie. A en croire les envoyés spéciaux, ils étaient nombreux, les compatriotes vivant en Allemagne et dans les pays voisins à faire le déplacement pour échanger avec Faure Gnassingbé et les siens.

Pour réserver un accueil authentiquement togolais à la délégation, ils n’ont pas fait dans la dentelle. Armés de tam-tam et autres instruments de musique, ils ont chauffé la salle de l’hôtel, chanté et dansé à la gloire de Faure Gnassingbé, comme l’ont montré les images.

Cet accueil un peu spécial était en fait une réponse à la manifestation annoncée par d’autres membres de la diaspora pour protester contre la présence de Faure Gnassingbé en Allemagne et surtout son refus d’opérer les réformes constitutionnelles et institutionnelles prescrites par l’Accord politique global (APG) signé par les acteurs politiques togolais en 2006.

Au cours de la rencontre, les membres de la diaspora ont « remercié Faure Gnassingbé pour sa disponibilité et son engagement permanent en faveur du Togo ». Ils ont saisi également l’occasion pour demander une amélioration des conditions de leur retour. En réponse, le chef de l’Etat leur a renouvelé son appel à revenir ou à investir au pays afin de participer à son développement.

« Les autorités ont pris conscience de l’importance que joue la diaspora. D’abord par ses transferts de fonds aux familles, mais également par son expertise dans de nombreux domaines. L’organisation en début d’année à Lomé de la première Semaine de la Diaspora a montré combien la communauté togolaise vivant à l’extérieur représentait un vivier de compétences », a écrit le site du gouvernement.

Il faut remarquer que malgré le rôle prépondérant que joue la diaspora togolaise- selon la BCEAO, elle contribue par les transferts de fonds formels à plus de 10% du Produit Intérieur Brut-, elle n’est jamais associée aux processus électoraux au Togo. Le droit de vote qui est l’une des exigences de la diaspora n’a jamais été pris en compte par le gouvernement. Le sujet n’a même pas été évoqué par Faure Gnassingbé lors de sa rencontre avec les membres de la diaspora.

Le chef de la Délégation de l’UE au Togo, Nicolas Martinez Berlanga estime pourtant que la résolution de cette question serait un facteur déterminant pour le retour de la diaspora au pays. «Sincèrement durant cette semaine, la question de droit de vote de la diaspora n’a pas été cœur des conférence-débats. Or, la résolution de cette question peut aussi attirer les gens de la diaspora vers leur pays », avait insisté l’ambassadeur lors de la première édition de la semaine des Réussites Diaspora organisée à Lomé.

Ils sont environ 2 millions de Togolais à vivre à l’extérieur du Togo et ils ne portent pas le régime cinquantenaire RPT/UNIR dans leur cœur. Leur donner le droit de vote, comme ça se fait dans tous les pays civilisés, reviendrait à se faire hara-kiri. Et ça, Faure Gnassingbé n’en veut pas. Il mettra tout à œuvre pour que cela n’arrive jamais.

D’ailleurs, on a été surpris de voir la liesse qui a entouré la rencontre entre Faure Gnassingbé et les membres de la diaspora bien que ceux-ci ne soient pas très fans du régime en place. De source généralement bien informée, ceux qui lui ont chanté des louanges ont été rétribués à hauteur de 250 euros (environ 164.000 F CFA) pour cette mise en scène.

En tout cas, au Togo, la grande majorité des citoyens, bien qu’ils vivent dans une misère indicible, préfèrent garder leur dignité que de se dépraver et perdre leur âme pour une si modique somme.

Source : Médard Amétépé, Liberté