On les connaît égocentriques, peu innovatifs, aptes à de lourdes erreurs, méfiants les uns des autres, réfractaires aux compromis, pas très friands de « success stories », parfois chasseurs de perdiem. Ils sont aujourd’hui, les opposants au régime du RPT/UNIR, dos au mur. Très affaiblis. Et vont devoir, pour montrer qu’ils peuvent encore être dignes d’intérêt, reprendre du poil de la bête. C’est le seul moyen, pour eux, de se refaire une image, de recouvrer la confiance perdue.

Kodjo Epou

L’opposition togolaise semble avoir fait son temps. Les intempéries ayant été trop rudes, les errements trop longs. Elle a plus que besoin d’un renfort, d’une jeunesse engagée avec sa fougue, son impatience, ses envies, son audace. Avec aussi sa rage de vaincre l’hydre et son obsession de réinventer la société togolaise. L’inventaire des choses à (re)faire, (re)construire et/ou refonder est herculéen. L’opposition cherchera-t-elle, partout où elle  peut les trouver, ces hommes de notoriété capables de lui donner du souffle, d’aider à élever un rempart aux pratiques claniques du pouvoir? Dans l’opinion, elle n’est créditée ni d’une réelle volonté de compromis sur les principes ni d’une réputation d’intégrité nécessaire à l’avènement d’une Renaissance au Togo.

Cette opposition ne peut plus picorer de-ci de-là des quarts de victoires illusoires. Elle doit cesser d’être ce courant d’air saisonnier qu’elle est depuis un temps, pour se donner du contenu ou, a défaut, disparaître. Ceci d’autant plus que nos opposants ne sont plus, au vu de leurs performances, ceux que le peuple attend. Les Togolais veulent, avec eux ou à leur place, des hommes et des femmes capables d’assener au régime failli un message clair, net et précis, un message d’ouverture, d’espoir, d’espérance aussi et surtout d’audace.

Le temps presse, les urgences s’accumulent. Et la colère du public est très palpable. Partout. Cette colère doit être écoutée. Le pouvoir, rompu dans l’arnaque, reste sourd. Et, pour la dépasser, la contenir avant qu’elle ne dégénère, un dialogue vrai et un débat citoyen s’imposent. Au lieu de forcer cette voie en exploitant à son profit, par des démarches politiques sophistiquées, la déconfiture sociale, ces opposants restent tapis dans les généralités, dans les « starting blocks » d’hypothétiques élections législatives et locales perdues d’avance. Aurait-on affaire à des hypocrites au mental tordu, à la conscience vide qui veulent eux aussi leur panse toujours bien remplie? Pour redorer son blason et survivre, cette opposition doit finir ses palabres de novices  et conciliabules émaillés d’apartés conspirateurs. Elle doit déballer une feuille de route commune à mener à bout en choisissant des voies claires, portées à la connaissance de tous, même si la tâche parait autant compliquée que les douze travaux d’Hercule réunis. Les élections ne peuvent pas être en tête de liste des priorités, sauf si elles sont assorties de conditions coercitives qui les ramènent au standard International.

Quel scrutin l’opposition peut-elle gagner quand la fraude l’attend dans les urnes, quand les règles du vote lui sont hostiles faisant d’elle une marionnette, et quand elle n’a même plus la garantie du soutien populaire indéfectible qui lui était accordé aux lendemains de la mort d’Eyadema? Entre elle et le peuple a pris place, petit à petit, un divorce mou, un doute certain sur ses réelles capacités à exorciser la domination du RPT. Trop éclatée, trop figée dans l’immobilisme. Difficile pour elle, dans ces conditions, de pouvoir tenir la tête d’affiche. Une position arrière-garde semble mieux seoir à son état de sclérose avancée? Elle aurait dû, si l’intérêt général était sa première préoccupation, se trouver un palliatif, pourquoi pas, se faire substituer par une nouvelle vague plus vigoureuse, plus créative. Il n’est plus possible de nous faire avaler des entourloupes comme celle qui insinue que « lorsqu’on crée un parti politique c’est pour aller à la conquête du pouvoir ».

Une pure théorie. De surcroît hors contexte, qui explique la multiplicité effarante des candidats de l’opposition à chaque élection. Soutenir une personnalité indépendante ou d’un autre parti mieux placée, mieux outillée pour le job n’a jamais été leur chose. À en croire les tuyaux crevés lancés souvent par des médias en mission, aussitôt relayés par les sots qui les répandent, tout cela est signe de bonne santé démocratique. Quelle créativité dans l’arnaque! Au Togo, on a fait tourner en bourrique le concept même d’opposition; on l’a sapé; on l’a miné. Tellement et si longtemps que l’ascension fulgurante, ces derniers temps, du leader du  PNP, Tikpi Atchadam, est reçue avec une moue de réserve dans l’opinion, signe d’un scepticisme généralisé, inapaisable.

Le marasme de l’opposition togolaise n’est plus à démontrer. Alors que la RENAISSANCE du Togo ne peut plus attendre. Advient alors la question: quelle solution de remplacement faut-il trouver à cette opposition? Les regards se tournent vers la société civile. Y en a-t-il, à tout le moins, une d’ambitieuse dans notre pays?  Certainement! Sous d’autres cieux, les organisations de la Société civile et de la Diaspora, toutes divergences rangées, tous différends tus, ont pris le devant de la scène, en parfaite symbiose, pour relever leur pays.

Kodjo Epou
Washington DC
USA