L’autopsie de Prince vendredi permettra peut-être de percer le mystère de la mort soudaine à 57 ans du chanteur américain, musicien dont le génie est célébré dans le monde entier par ses fans anonymes ou célébrités.

Prince Nelson à Hollywood en 2006 | Archives : Reuters
Prince Nelson à Hollywood en 2006 | Archives : Reuters

«J’ai pleuré, j’ai pleuré plusieurs fois cette nuit, à chaque fois qu’on écoutait sa musique, des chansons qui m’ont touchée», confiait en souriant Melody Johnson, venue comme des milliers d’autres fans, dans sa ville natale de Minneapolis, danser dans le club où Prince avait tourné des scènes de «Purple Rain», film-album qui l’avait consacré en 1984.

Des fêtes spontanées ont aussi fait éruption dans les rues de New York, en mémoire de ce visionnaire multi-instrumentiste, comme devant la résidence du réalisateur Spike Lee, l’un des premiers à déplorer jeudi la disparition de son «frère».

Des personnalités – de Barack Obama à Madonna ou Mick Jagger -, d’innombrables anonymes, mais aussi la NASA qui a publié la photo d’une «nébuleuse pourpre»: tous ont dit leur tristesse après la disparition du «kid de Minneapolis».

«Maître envoûtant de la pop» pour le New York Times, «Artiste révolutionnaire» pour le Washington Post, «Le règne pourpre s’achève» selon le Sun britannique, son portrait apparaissait vendredi en Une des journaux du monde entier.

Pendant que les hommages pleuvaient, les médecins légistes s’apprêtaient à tenter de déterminer les causes de la mort du chanteur, après avoir reçu sa dépouille la veille.

Les résultats préliminaires devraient être disponibles d’ici quelques jours, ont indiqué à l’AFP les services de médecine légale de la région du Midwest où il a été retrouvé inconscient jeudi, dans un ascenseur de sa résidence dans le Minnesota. Mais les analyses — toxicologiques notamment — pourraient prendre plusieurs semaines.

«C’est Prince»

La mort de Prince est survenue une semaine à peine après que la star eut été hospitalisée en urgence.

«C’est avec une profonde tristesse que je confirme que le légendaire interprète, Prince Rogers Nelson, est mort dans sa résidence de Paisley Park ce matin», avait indiqué sa porte-parole, Yvette Noel-Schure.

Construit près de Minneapolis après l’énorme succès de «Purple Rain», Paisley Park était devenu son centre de création, comprenant studios, salle de concert et chambre forte pour ses enregistrements originaux.

C’est là qu’il été déclaré mort jeudi à 10 h 07.

Les services d’urgence ont reçu un appel dont la transcription a été diffusé par la police.

Il y a «quelqu’un qui est inconscient», indique la personne qui appelle. Avant d’affirmer «la personne est morte», puis de dire «C’est Prince».

Le chanteur aurait été traité pour une surdose d’opiacé six jours avant sa mort, selon le site d’informations sur les célébrités TMZ, qui avait annoncé que l’avion privé de Prince avait fait un atterrissage d’urgence vendredi dernier à Moline dans l’Illinois (nord), quelques heures après un concert à Atlanta.

«De multiples sources à Moline nous disent que Prince a été amené d’urgence à l’hôpital et que les docteurs lui ont fait une  »save shot » (injection de neutralisation, NDLR), ce qui est typiquement administré pour contrecarrer les effets d’un opiacé», poursuit le site, qui affirme que Prince avait quitté l’hôpital en dépit des recommandations des médecins et «ne se sentait pas bien».

«Visionnaire»

Ces dernières années, le musicien rebelle, se produisant tantôt à moitié nu, tantôt en costumes flamboyants et chemises à jabots, avait tenté de prendre de court les revendeurs de billets en annonçant ses concerts quelques heures avant son entrée en scène.

«Aujourd’hui le monde a perdu une icône créatrice», a salué le président américain Barack Obama, qui avait invité Prince à jouer à la Maison-Blanche l’an dernier. «Prince a tout fait. Funk. R&B. Rock and roll. C’était un instrumentiste virtuose, un brillant chef de groupe, un interprète fabuleux», a ajouté M. Obama.

Madonna a encensé un «vrai visionnaire» qui a «changé le monde», Mick Jagger, un artiste au talent «infini».

La «Reine de la Soul» Aretha Franklin a évoqué «un original, unique en son genre» .

Quant au chanteur de U2 Bono: «Je n’ai pas rencontré Mozart, je n’ai jamais rencontré Duke Ellington ou Charlie Parker, je n’ai jamais rencontré Elvis. Mais j’ai rencontré Prince.»

En quelques heures, l’annonce de la mort de Prince a généré plus de huit millions de tweets dans le monde, un score «énorme», selon Visibrain, la plateforme de veille Twitter.

Parmi les dizaines de stars qui se sont exprimées sur les réseaux sociaux, l’ancien Beatle Paul McCartney: «Fier d’avoir passé le Nouvel An avec lui. Il semblait aller bien et a interprété avec brio sa musique funk».

Artiste prolifique

Le «Kid de Minneapolis» a été l’un des plus grands musiciens des années 1980 et 1990, avec des tubes comme «Cream» ou «Kiss» qui ont fait danser le monde entier, mêlant riffs de guitare, poésie des paroles et rythmes funk.

Il a publié une trentaine d’albums en près de 40 ans. D’après le magazine Forbes il a vendu plus de 100 millions de disques.

Mesurant moins de 1,60 m, doté d’un immense charisme, celui qui rivalisait parfois avec Michael Jackson jouait l’ultra-sexualité dans ses paroles et son jeu de scène.

Lauréat de sept Grammy Awards et d’un Oscar pour la musique de «Purple Rain», album et bande originale d’un film semi-autobiographique, il avait annoncé le mois dernier la prochaine publication de ses mémoires. Un ouvrage promis comme «un voyage anticonformiste et poétique».

Source : [22/04/2014] AFP + Reuters