Le Togo fut l’un des tous premiers pays de l’Afrique subsaharienne à avoir accès à Internet par liaison satellite dans les années 1990 grâce à l’initiative privée de pionniers togolais de l’informatique qui ont créé et développé l’une des premières sociétés informatiques de la sous-région.

Cina Lawson, la ministre du Retard Technologique du Togo | Infog : 27avril.com
Cina Lawson, la ministre du Retard Technologique du Togo | Infog : 27avril.com

Mais depuis lors, la situation n’a guère changé et le Togo est aujourd’hui le dernier pays dans la sous-région ouest africaine en matière d’accès à l’internet caractérisé par un débit trop faible, la qualité défectueuse, des perturbations, des coûts exorbitants, etc. Il faut faire un tour dans les pays voisins immédiats, le Ghana, le Burkina Faso et le Bénin pour se rendre compte de l’énorme et intolérable retard accusé par notre pays.

Une situation qui est liée à l’analphabétisme numérique de nos dirigeants. En 2010, le Togo a cru devoir dénicher l’oiseau rare qui devrait faire bouger les choses dans le bon sens. Il s’agit de dame Cina Lawson. Issue du monde des télécoms, la diplômée de Havard est le profil recherché. Nommée à la tête du ministère de l’Economie numérique, dame Cina avait suscité beaucoup d’espoirs. Elle a promis dans la foulée de révolutionner le monde des TIC au Togo. Mais six ans après, c’est le statu quo.

Au lieu de s’atteler à faire bouger les lignes, la ministre de l’Economie numérique s’est spécialisée dans les effets d’annonces. Elle a fait de nombreuses promesses qui n’ont jamais été réalisées. Elle semble bien assimiler la stratégie du régime qui consiste à annoncer à grand renfort de publicité des projets ambitieux chaque fois que le peuple veut manifester une forme de lassitude. Malheureusement, le temps passe et on ne voit rien se concrétiser.

L’une des promesses pompeuses faites par Cina Lawson est de hisser le Togo au rang de Silicon Valley de l’Afrique de l’Ouest. Pour l’instant, seul le Ghana a réussi ce pari. « Au Ghana, le gouvernement a investi près de 5 mille milliards de FCFA pour construire un quartier high tech où il y aura de l’emploi pour 25 mille habitants, et des tours dont une qui comporte 75 étages. Ces tours vont abriter l’ensemble des acteurs des technologies et de l’information, donc de grandes firmes informatiques du monde qui vont créer 50000 emplois. Ce sera le plus important centre du genre en Afrique. C’est dire que c’est un peu la Sillicon Valley bis. Et donc, la révolution informatique ou la révolution internet en Afrique sera conduite depuis le Ghana en Gold City », révèle Pawou Batana, le Directeur général de la société IPNet Experts S.A.

De plus, contrairement au Ghana qui dispose de 5 câbles sous-marins, au Bénin (2) ou encore au Nigeria (6), le Togo ne dispose que d’un seul câble sous-marin de 2,5 Gbps avec un prix extrêmement élevé. Selon les données de 2015, 20 Mbps coûtent plus de 11 millions FCFA par mois au Togo contre 53.000 FCFA au Ghana et 2Mbps au Togo coûtent 300 000 FCFA par mois dans notre Togo contre 18.000 FCFA chez le voisin de l’ouest…

Comment Cina Lawson compte-t-elle inverser la tendance avec la méthode protectionniste du régime qui a mis le Togo en retard sur tous les autres pays dans l’espace CEDEAO ? Selon le rapport « Global Opportunities for Internet Access Developments », la libéralisation du marché des télécommunications permet de favoriser la libre concurrence dans le domaine et est un prérequis pour améliorer l’accès à Internet. D’une part parce que cela rend ces services moins onéreux grâce au jeu de la concurrence. Et dans un second temps, parce qu’un meilleur niveau d’accès à Internet engendre des opportunités en termes d’emplois, d’initiatives entrepreneuriales et de développement social. Ce qu’on ne veut pas au Togo.

Il faut le reconnaître, la situation de l’internet dans ce pays est un véritable frein pour le développement. Et avec ça, on compte faire du Togo un pays émergent.

Source : Médard Amétépé, Liberté