Infog : 27avril.com

La société Olam International Limited et ses complices ont été sanctionnés en Côte d’Ivoire. Ils ont écopé d’une suspension d’exercice d’activité de 12 mois. Des mesures administratives prises par le ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, en attendant les résultats des enquêtes. C’est tout le contraire du Togo où aucune mesure, sanction ou enquête n’a été annoncée. L’impunité est garantie.

La Côte d’Ivoire n’a pas encore tourné la page de l’affaire du riz avarié en provenance de la Birmanie. L’opération de destruction des 18.000 tonnes de riz démarrée le mardi 16 avril 2019 au Centre de valorisation et d’enfouissement technique (CEVT) de Kossihouen, se poursuit. Dans un communiqué en date du 26 avril 2019, le ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, Souleymane Diarrassouba, a affirmé que le bilan de l’opération s’établit à 2100 tonnes de riz détruits.

Selon le communiqué, le processus de destruction suit un parcours bien défini afin d’éviter que le riz objet de l’opération ne se retrouve dans les commerces. « Le processus de transfert des stocks de riz du Port autonome d’Abidjan (PAA) au CEVT de Kossihouen est encadré comme suit : chargement du riz au PAA dans des camions conteneurisés – transport sous escorte sécuritaire de la Gendarmerie et de la douane du PAA jusqu’au CEVT de Kossihouen – déchargement des camions à Kossihouen, suivi du retrait du riz de son emballage – enfouissement du riz dans la décharge – transport des emballages sous escorte de Kossihouen vers les centres d’incinération agréés.

Au-delà du bilan et de la procédure de destruction, des enquêtes ont été ouvertes en Côte d’Ivoire pour faire toute la lumière sur cette affaire. Mais en plus, le ministre Diarrassouba a pris des mesures administratives à l’encontre des sociétés impliquées dans cette affaire. « Les mesures administratives suivantes sont prises : interdiction au vendeur du riz avarié, Olam International Limited, d’exporter du riz à destination de la Côte d’Ivoire pour une durée de 12 mois ; interdiction à la société Alimentation Toumodi Sarl, acheteur du riz avarié, d’importer du riz à destination de la Côte d’Ivoire pour une durée de 12 mois », lit-on le communiqué. Ces sanctions, puisque c’est ce dont il s’agit, ont été prises conformément à l’article 22, alinéa 1er de la loi 2016-410 du 15 juin 2016 relative à la répression des fraudes et des falsifications en matière de vente des biens ou service.

On en déduit que contrairement à ce qui était dans les esprits, le navire Ocean Princess a fait route vers la Côte d’Ivoire dans une ultime tentative d’écouler sa cargaison, après ses tentatives en Guinée et les manipulations organisées au Togo.

L’impunité continue au Togo

La Côte d’Ivoire n’a pas attendu pour prendre des mesures administratives d’interdiction d’exercice des sociétés impliquées dans cette affaire. Mais au Togo, c’est l’impunité totale. Ni le ministère de l’Agriculture, ni celui du Commerce n’a pris la moindre mesure, ne serait-ce que pour faire croire que les autorités sont des personnes respectueuses des dispositions légales.

En effet, il existe également au Togo une loi qui permet au ministre du Commerce ou à tout ministre concerné de prononcer des interdictions et autres formes de sanctions. Ces dispositions sont contenues dans la loi du 28 décembre 1999 relative à l’organisation de la concurrence au Togo. « Ils peuvent dans les mêmes conditions, suspendre par arrêté la prestation d’un service… ». Article 31, alinéa 2.

Comme toujours, aucune sanction n’a été prise. Et pourtant, ce qui s’est passé au Togo est assez grave pour que les personnes impliquées se retrouvent derrière les barreaux. Tout d’abord, la société Olam a tenté de faire débarquer sa marchandise au Togo alors qu’elle était destinée à la Guinée. Elle a même procédé, à plusieurs reprises, à la fumigation de la marchandise afin de la rendre propre à la consommation. Les services du ministère en charge de l’Agriculture ont soufflé le chaud et le froid avant de se décider à prononcer l’interdiction de débarquement de la marchandise.

Plus outrageant, les laboratoires de l’Institut national d’Hygiène (INH) ont été mis à contribution pour semer la confusion au sein de la population et discréditer ceux qui ont alerté l’opinion sur la mauvaise qualité du produit. Ils ont publié des résultats contraires à ceux de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et des services phytosanitaires du ministère de l’Agriculture du Togo. Pour l’INH, le riz était propre à la consommation. Des résultats conformes à la volonté du commanditaire des analyses.

Sous d’autres cieux, et c’est ce qui se passe actuellement en Côte d’Ivoire, la société Olam, les acheteurs et les responsables de l’INH auraient fait l’objet de poursuites. Ce qui n’est pas le cas au Togo, et cela conforte ceux qui estiment que les actionnaires de la société Olam ont pesé lourd pour qu’aucune enquête ne soit ouverte et qu’aucune sanction ne soit prise.

GA

Source : Liberté