Boris Johnson et Ali Bongo
20 mai 2021, Londres, le Président Ali Bongo Ondimba reçu par le premier ministre anglais, Boris Johnson | Capture d’écran : ODN

« Si les avertissements de Dieu ne vous suffisent pas, l’humiliation sera votre correction » (Patt El Persévérance Dourilla)

« De l’énergie, j’en ai à revendre ». Ainsi clamait Bongo Ondimba dans une interview accordée à Jeune Afrique fin mars 2021. Le chef de l’Etat gabonais affirme être en pleine possession de ses capacités pour continuer à être aux commandes de son pays, trois ans après être foudroyé par un accident vasculaire célébral dont il traine toujours les sequelles.

Une manière de répondre sèchement à ses contempteurs et adversaires politiques qui affirment qu’il montre des signes ostentatoires de fébrilité physique et intellectuelle et qu’il est dans l’incapacité de diriger le Gabon. Manifestement, il n’est pas prêt à lâcher le trône. «Je suis ressorti de cette épreuve avec la volonté décuplée de faire du Gabon l’un des pays les plus avancés d’Afrique d’ici à dix ans », dit-il. « Je suis le chef de l’État, j’ai assez à penser et à faire. J’ai la lourde charge de diriger le pays et d’achever certains chantiers. Il reste encore plus de deux ans avant l’élection présidentielle. Je suis concentré sur l’action, sur les réformes à mener ».

Quand la question lui a été posée s’il avait envisagé à un moment ou un autre de quitter ses fonctions, la réponse d’Ali Bongo est sans équivoque : « Je n’ai jamais lâché et à aucun moment l’idée d’abandonner ne m’a effleuré l’esprit. Pour un capitaine, quitter le navire en pleine mer est inenvisageable ». On connaît le crédo des dictateurs africains, « j’y suis j’y reste et même la mort ne m’y enlèvera ». Même si l’AVC l’avait laissé dans un état grabataire, Bongo continuerait à diriger le Gabon. Comme quoi un capitaine ne quitte jamais le navire en pleine mer.

Pour ses opposants qui caressaient le doux rêve de voir leurs heures de gloire arriver, Ali Bongo Ondimba leur fait reboucher le champagne. « Quelques personnes ont cru voir leur tour arriver », chambre-t-il.

Pour montrer au monde entier qu’il pète la grande forme, Ali Bongo en séjour en Grande-Bretagne, a conféré avec plusieurs personnalités britanniques dont le Premier ministre Boris Johnson avec qui il s’est entretenu le 20 mai 2021. Il a marqué cette rencontre de son empreinte. L’image qui a retenu l’attention du monde entier, c’est l’arrivée de l’hôte de marque à la résidence du Premier ministre britannique dont la séquence d’une vidéo a été publiée sur les réseaux sociaux. On y voit Bongo avec une démarche souffreteuse ; il a toutes les peines du monde à marcher vers le Premier ministre. Son assistant, en éveil, le suit de près, lui retire la canne et l’accompagne, la main en soutien derrière son dos, comme pour aider un enfant à apprendre à marcher et Ali Bongo monte deux marches pour enfin entrer dans la résidence de Boris Johnson. Ouf ! Ça a été laborieux.

La vidéo devient vite virale et déclenche un torrent de réactions indignées sur les réseaux sociaux. Ali Bongo s’inflige-t-il torture et humiliation ? Certainement pas. Tout le monde a pu le voir, le président gabonais, comme il l’affirme lui-même, est en pleine forme pour continuer à jouir indéfiniment du pouvoir.

Ses irréductibles partisans rétorqueront certainement que François Mitterrand, déjà bien malade, dirigeait la France ; que, perclus de rhumatisme, Roosevelt a vaincu Hitler ou que Bouteflika, de son fauteuil roulant, avait dirigé d’une main de fer l’Algérie. Pourquoi alors Bongo qui se tient debout et droit comme un stick malgré son AVC ne dirigerait-il pas le Gabon ?

Médard Ametepe

source : Liberté