Nouvelles d'actualité au Togo : Mauvaise gouvernance de Faure
Le Béninois Patrice Talon (g) vs le Togolais Faure Gnassingbé | Infog : 27avril.com

Le 30 décembre 2021, Faure Gnassingbé s’adressait à tous les Togolais. De la menace persistante du terrorisme et de l’extrémisme violent au renforcement du dispositif sécuritaire et des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité, de l’impact de la pandémie à la Covid19 à l’importance de la vaccination, il a fait le tour des grandes questions, ou presque. Cela n’a, pour autant, pas suffi à rassurer des millions de Togolais qui, de plus en plus désargentés, de plus en plus lessivés par la réalité économique, vont continuer de subir les ravages de la cherté de la vie. En réaction à l’augmentation généralisée des prix, Faure Gnassingbé a décidé « d’accorder aux fonctionnaires des secteurs public et parapublic et aux retraités, dès la semaine prochaine, une avance d’un mois de salaire, qui sera remboursable par tranches mensuelles jusqu’en décembre 2022 ». Rien à l’endroit des autres citoyens. De quoi faire tomber de haut des millions de Togolais qui ont finalement compris la fumisterie de ce discours finalement discriminatoire.

À l’orée donc de la nouvelle année 2022, Faure Gnassingbé s’était adressé à la nation togolaise tout entière. Comme l’année 2020, 2021 n’aura pas fait de cadeau à tous les Togolais, et c’est sans surprise que la Covid19, dont « l’impact aura marqué la conjoncture en 2021 », s’est invité dans cette allocution vivement suivie par beaucoup.

Si le Président togolais a assuré que sa volonté « de renforcer l’inclusion sociale n’en a pas été ébranlée », il dit avoir engagé le gouvernement à rester mobilisé pour l’accélération de la mise en œuvre de la feuille de route, tout en continuant de lutter contre la pandémie. « Forts de l’expérience tirée de la crise sanitaire, nous avons projeté une hausse modérée du budget 2022 par rapport à l’exercice précédent, tout en maintenant une priorité marquée pour la couverture des besoins sociaux et la transformation structurelle de notre économie », a-t-il déclaré. Et Faure d’égrener les investissements qui seront mobilisés pour l’éducation, le renforcement de la desserte en électricité et en eau potable et autres installations.

Avance d’un mois de salaire remboursable, l’art du paradoxe

L’augmentation généralisée des prix a eu sa minute d’intérêt, avec ce qu’elle comporte de paradoxes, de petitesse et d’étroitesse d’esprit. Jugez-en plutôt.

« En réponse à ce phénomène, le gouvernement a pris des mesures urgentes dès la rentrée scolaire, qui ont consisté à rendre gratuits les frais de scolarité dans l’enseignement secondaire et la prise en charge d’un mois de facture d’électricité pour les tranches sociales. Par ailleurs, nous avons maintenu la subvention des prix, notamment des engrais, du matériel agricole et du blé. Le gouvernement a poursuivi la réduction des frais de raccordement à l’eau potable pour les ménages les plus vulnérables. Malgré toutes ces mesures, je sais que vous continuez de ressentir les effets de cette hausse des prix », a reconnu le fils de Gnassingbé Eyadema. Mais il pense avoir trouvé la réponse à cette impasse. « C’est pourquoi après réflexion, j’ai instruit le gouvernement d’accorder aux fonctionnaires des secteurs public et parapublic et aux retraités, dès la semaine prochaine, une avance d’un mois de salaire, qui sera remboursable par tranches mensuelles jusqu’en décembre 2022. J’encourage le secteur privé à prendre des mesures similaires».

Pour une annonce choc de fin d’année censée rendre une bouffée d’air aux citoyens financièrement en apnée, on ne pouvait trouver meilleure invention que cette avance d’un mois de salaire remboursable. Octroyer des prêts remboursables à des fonctionnaires qui sont, faut-il le souligner, une infime portion de la population togolaise, n’est-ce pas là une idée de génie digne d’un Oscar ? A entendre Faure Gnassingbé, les fonctionnaires seraient les seuls à subir de plein fouet la vie chère, et si on devrait sauver des rescapés, ce serait à eux seuls. Si on suit le raisonnement présidentiel, en leur faisant des prêts, toute la population sera apaisée d’un seul coup. Génial, n’est-ce pas ?

Privilégier le bien-être (et quel bien-être !) d’une fonction publique dont l’effectif est estimé à quelque 60 000 agents aux dépens de millions de Togolais qui, pauvres d’eux, ne perçoivent même pas 35000 francs CFA par mois, il n’y a que Faure Gnassingbé pour croire à cette magie.

On parle d’une précarité qui a réduit à néant l’économie de milliers de foyers. Devant un aussi fatidique cas de figure, tout dirigeant qui se respecte aurait fait baisser les prix des denrées alimentaires sur le marché, aurait ordonné la diminution du prix de carburant ou la baisse des frais des péages, pour que les citoyens respirent un tant soit peu. D’aucuns, plus guidés par la fibre humanitaire, feraient mieux.

Pendant que les ladres de dirigeants togolais font des prêts aux fonctionnaires, les autorités béninoises ont fait parler leur cœur en mettant en branle la réforme relative à la revalorisation des salaires des travailleurs du Bénin.

Réunis en Conseil des ministres le 15 décembre 2021, Patrice Talon et son gouvernement ont approuvé le Programme d’Action du Gouvernement pour la période 2021-2026. « Pour le Privé, le gouvernement va discuter avec le patronat pour voir dans quelle mesure relever le SMIG et conséquemment les autres niveaux de rémunération. Pour ceux du Public, le gouvernement discutera avec ses partenaires traditionnels que sont les centrales de confédérations syndicales afin de mettre en œuvre, cette réforme qui est attendue des travailleurs », avait expliqué le porte-parole du gouvernement béninois Wilfried Léandre Houngbédji sur les ondes. L’Etat béninois entend, à travers cette mesure qui sera enclenchée en 2022, donner un coup de pouce au pouvoir d’achat au Bénin.

Rien n’empêche les autorités togolaises d’en faire autant. Faut croire que c’est un gouvernement hors-sol, déconnecté des réalités qui dirige le pays. Faut croire que l’exécutif a perdu le sens de l’honneur, celui qui prend en compte et compatit aux souffrances des citoyens, au point de descendre à faire des prêts à ses propres citoyens pour résoudre l’épineuse question de l’augmentation généralisée des prix. Pitoyable.

Sodoli K.

Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info