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« Les deniers publics sont comme l’eau bénite ; chacun y puise » (Proverbe italien)

A la tête de la plupart des Etats africains règne un déficit de moralité publique. Nos dirigeants sont nobelisés dans la corruption et le detournment des deniers publics. « L’exercice d’autorité au Congo a été compris comme une occasion de jouissance. On accède au pouvoir pour jouir, non pas rendre service à ceux qui sont sous ma responsabilité, mais pour jouir », dénonçait l’Archevêque Métropolitain de Kinshasa, Fridolin Cardinal Ambongo à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance de la RD Congo. Justement, l’ancien président congolais Joseph Kabila est rattrapé par son passé de jouisseur du pouvoir. Le clan Kabila est au coeur d’un vaste scandale de détournement.

L’ancien président Joseph Kabila et sa famille se sont livrés à un pillage éhonté du pays au détriment des intérêts du peuple congolais. En un quinquennat, de 2013 à 2018, ils ont indûment puisé dans les caisses de l’Etat 138 millions de dollars, selon les résultats d’une enquête menée par un réseau européen d’investigation journalistique (European Investigative Collaborations) rassemblant 18 médias internationaux. Un schéma de corruption à grande échelle mis à jour par les journalistes à travers plus de 3,5 millions de documents (relevés bancaires, courriels, co ntrats, factures et dossiers d’entreprise, etc.). Selon la BBC, des sociétés appartenant à la famille et aux amis de Joseph Kabila, ont vu des millions de dollars de fonds publics transiter par leurs comptes bancaires, selon la plus grande fuite de données d’Afrique.

L’argent a été transféré sur les comptes de ces sociétés auprès de la branche congolaise de la banque BGFI dirigée par le frère adoptif du président et via une société boîte aux lettres, Sud Oil. En plus des 138 millions détournés directement des caisses de l’État, 33 millions de dollars (29,1 millions d’euros) déposés en liquide, et 72 millions de dollars (63,5 millions d’euros) d’origine inconnue ont transité par le compte de la BGFI à la Banque centrale du Congo. « Cela porte à 243 millions de dollars (215,1 millions d’euros) de fonds publics et suspects encaissés par l’entourage proche de Joseph Kabila sur des comptes à la BGFI, notent les journalistes à l’origine de l’enquête. Aujourd’hui, il est vrai, ce sont les Kabila qui sont sous les feux de la rampe. Si en seulement 5 ans, ils se sont constitués un tel trésor de guerre, qu’en sera-t-il des familles qui sont au pouvoir depuis plusieurs décennies?

C’est connu, sous les tropiques, ceux qui sont au pouvoir ont cette manie d’ouvrir les portes de l’Etat, mais aussi des sociétés publiques et, plus largement, de l’économie à leurs proches parents ou amis fidèles qui gèrent les affaires publiques en toute opacité, prennent des libertés avec les deniers publics et, comble d’impunité, sont exonérés du dévoir élémentaire de reddition de compte. On pense notamment au Togo et au Gabon où les familles Gnassingbé et Bongo règnent sans hiatus depuis 55 ans, au Tchad, au Cameroun ou encore à l’autre Congo.

Au Togo, les scandales et autres affaires de crimes économiques et de détournement de fonds publics sont aussi longs qu’un bras. Au lieu de promouvoir le bien-être commun du peuple togolais, les gouvernants préfèrent installer un système égoïste dans la gestion de la chose publique, estimant n’avoir aucun compte à rendre au peuple togolais parce que ce n’est pas grâce à lui qu’ils sont arrivés au pouvoir. La dernière affaire de détournement de deniers publics, la gigantesque corruption dans la commande des produits pétroliers portant sur le montant vertigineux de 500 milliards de FCFA que le régime tente par tous les moyens d’étouffer, a fait de notre pays l’empire de la corruption et de tous les crimes.

Médard Ametepe

Source : Liberté / libertetogo.info