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Le Soudan à l’arrêt depuis le putsch militaire du 25 octobre dernier. Les banques ont fermé leurs portes, elles suivent l’appel à la désobéissance civile lancé par les milliers de manifestants qui dénoncent le coup de force. Ils entendent maintenir la pression sur les militaires pour relancer la transition démocratique après 30 ans de dictature.

En journée, ils observent la « désobéissance civile », montant des barricades en travers des avenues ou refusant de travailler comme le réclament la quasi-totalité des syndicats du pays d’Afrique de l’Est, l’un des plus pauvres au monde. La nuit, ils organisent de petits défilés pour redire « non au pouvoir militaire » ou conspuer le général Burhane, seul aux manettes depuis qu’il a dissous toutes les institutions du Soudan lundi dernier.

Plusieurs dizaines de pays ont réclamé lundi une session spéciale du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU consacrée au Soudan, où la répression exercée par les militaires qui ont pris le pouvoir a déjà fait plusieurs morts parmi les opposants au putsch.

Les manifestations, rassemblant parfois des dizaines de milliers de personnes qui veulent dénoncer le putsch mené par le général Abdel Fattah al-Burhane, ont déjà fait douze morts parmi les manifestants et près de 300 blessés, selon un bilan d’un syndicat de médecins pro-démocratie.

Le général Burhane, chef de l’armée, avait annoncé lundi dernier la dissolution de l’ensemble des institutions de ce pays pauvre plongé dans le marasme économique et miné par des décennies de conflits et dirigé sans partage par Omar el-Béchir de 1989 à 2019.

L’émissaire de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, a rencontré dimanche le Premier ministre Abdallah Hamdok, assigné à résidence, et évoqué de possibles « médiations » pour sortir le pays de l’impasse.

Mais, affirmait samedi à l’AFP sa cheffe de la diplomatie, Mariam Sadeq al-Mahdi, M. Hamdok « ne participera pas à cet acte grotesque, cette trahison menée par les putschistes ».

Exigeant le retour d’un pouvoir civil, Washington et la Banque mondiale ont suspendu leur aide financière, vitale pour le Soudan asphyxié par une inflation galopante et une pauvreté endémique.

En août 2019, Khartoum s’était doté d’autorités militaro-civiles en charge de mener la transition vers un pouvoir entièrement civil, après le renversement en avril de la même année du dictateur Béchir.

Mais après plus de deux ans d’une délicate transition minée par les divisions entre et au sein des deux clans civil et militaire, l’entente a volé en éclats ces dernières semaines, culminant avec le putsch.

Source : Euronews + AFP