Les godasses d’un soldat | Archives

Dans notre livraison 322 du 15 février dernier, vous avez pu lire à la une : « SOS, débile mentaux dans les commissariats, la police fait-elle usage des policiers déséquilibrés ? » Ce n’était que la face visible d’un iceberg. Nous-nous sommes donc intéressés à ce noble corps de métier qui est censé faire la fierté de tout Togolais.

En effet, quand on fouine dans d’autres garnisons, il y a pire que les deux exemples que nous avons énumérés dans l’écrit précédent. Dans certains milieux militaires, il existe en effet, trois catégories de corps habillés :

  • les militaires normaux, avec qui nous échangeons le quotidien et qui se privent de leur précieux sommeil pour s’occuper de notre sécurité ;
  • les militaires sédentaires, c’est une race à mi-chemin entre les normaux et les débiles mentaux. Ils ne sont plus aptes à être déployés sur les terrains d’opération au risque de se tourner contre leurs propres camarades d’armes. Comme ils sont obligés d’être mis en observation sur place pour raison de santé flottante, les autres les appels les sédentaires ; en fin,
  • les débiles. Eux, ils sont carrément malades mais toujours sous les soins des garnisons parfois avec l’assistance des centres de santé psychiatriques.

Voilà les trois catégories de corps habillés, et la situation devient de plus en plus inquiétante. Elle est d’autant plus inquiétante que les gens ne sont pas engagés dans l’armée pour se retrouver dans cette situation peu enviable. Ce sont de valeureux citoyens qui ont décidé de se mettre à disposition de la République parfois contre le sacrifice suprême.

A la sortie des violences de 2005, il a existé un phénomène analogue. La plupart des milices et autres militaires qui ont été les bras d’exécution de la barbarie ayant fait plus de 500 morts se sont retrouvés dans des situations très inquiétantes. Les uns se sont éteints d’une façon drastiques, les autres ne sont plus bon à rien.

Pourquoi ce phénomène resurgit-il encore dans nos garnisons en ces moments ? Depuis les évènements du 19 Août dernier nous savons que certains sont passés maîtres des exactions sur de paisibles citoyens. Officiellement, on parle d’une vingtaine de morts, mais en réalité, les faits sont plus inquiétants, la listes des victimes de cette barbarie, allant de Mango à Bafilo pour rejoindre Lomé en passant par Sokodé, sont plus que 100 morts selon des rapports sérieux. Qui sont les bourreaux de ces citoyens qui ne revendiquent qu’un mieux-vivre pour tous les Togolais ? Ceci explique-t-il cela ? En tout cas, Dieu est prompt dans la vengeance du plus faible.

Nous avons vu nos frères militaires se déchaîner sur des citoyens, sur des villes entières comme si le pays était face à une agression étrangère. Ce n’est pas le moment de rappeler tout ce qui s’est passé et qui continue, d’ailleurs au gré, des besoins. Si cette santé mentale de plus en plus fragile de certains éléments de notre vaillante armée est due aux derniers évènements, nous croyons qu’il est grand temps de redéfinir la mission républicaine de l’armée togolaise:

  • Elle doit cesser de se comporter comme une milice organisée au service d’une famille.
  • Elle doit éviter de se comporter comme si au Togo les uns ne sont que des visiteurs pendant que les autres sont les détenteurs du titre foncier de la République.
  • Elle doit arrêter de se faire auteur de tueries, de bastonnades, d’irruption violentes dans les lieux de cultes, dans les centres de santé, d’enlèvements et disparitions de citoyens qui n’ont exprimé qu’un droit constitutionnel.

Le pays a besoin d’une armée équilibrée qui peut continuer par représenter valablement les citoyens dans les missions extérieures. Et c’est dans ces conditions qu’une race d’anciens combattants est invitée à rejoindre les rangs comme si le Togo se prépare pour une guerre et qu’il urge de réintégrer les réservistes.

En tout cas, l’armée togolaise renforce ces derniers moments ses capacités humaines et matérielles. Tout récemment le matériel de répression est arrivé par voie aérienne.

  • Si c’est pour continuer la guerre contre les populations comme ce fut le cas à Mango, Sokodé et Bafilo, que notre armée sache qu’aucune armée ne gagne une guerre contre sa population.
  • Si c’est pour affronter une agressions extérieure, qu’elle sache que, pour le moment, nos frontières sont stables.
  • Si c’est pour attendre l’armée de la CEDEAO qui ne se fait plus discrète dans la résolution de notre crise, il faut préciser que, si cela se concrétisait, la CEDEAO n’interviendra pas pour combattre l’armée togolaise. Si elle le fait, elle aurait enclenché un combat à armes inégales si on sait qu’à l’état actuel de notre armée, son armement n’est bon que pour réprimer les populations sans armes. Si la CEDEAO doit intervenir, elle viendra pour libérer la population, mais avant elle, l’armée elle-même, doit se libérer d’un joug dont elle est la première victime aux mains d’une race qui ne comprend que le langage de la force.

La Rédaction

Source : Le Rendez-Vous N° 323