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Depuis la publication des journaux « Le Monde » et « The Guardian », titrée « Comment le Togo a utilisé le logiciel israélien Pegasus pour espionner des religieux catholiques et des opposants », l’affaire fait grand bruit dans l’opinion non pas que les togolais sont surpris d’être espionnés mais plutôt par la sophistication et la paranoïa avec lesquelles le pouvoir cinquantenaire injectent des milliards dans le seul but d’avoir à l’œil des citoyens et se pérenniser.

Il s’agit du logiciel israélien Pegasus, programme supposé, destiné «exclusivement» à lutter contre le terrorisme. Pegasus est un logiciel malveillant décrit comme l’attaque la plus sophistiquée. Pour les chercheurs, la prolifération du logiciel au plan mondial est un risque pour les droits humains. Il est lié entre autre à la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en octobre 2018.

Le Directeur de Amnesty Togo, de renchérir, « les résultats des enquêtes des journaux révèlent une pratique contraire aux principes de liberté d’expression et de communication. Et donc une violation flagrante des droits humains ».

Pegasus auquel Faure Gnassingbé et apparatchiks ont recours pour surveiller religieux, responsables politiques et de la société civile. Et pourtant ces cibles ne peuvent être considérées comme‘’ennemis’’ de l’Etat ou des ‘’terroristes’’.

Le pouvoir togolais, une monarchie héréditaire de cinquante-quatre (54) ans, dont la marque de fabrique demeure la violence d’Etat a toujours surveillé les togolais, un secret de polichinelle. Le phénomène de mise sur écoute est aussi vieux que l’accession des Gnassingbé au pouvoir.

Cette manie de folle paranoïa prend des proportions vertigineuses avec l’évolution technologique et numérique mais surtout avec la volonté incompréhensible d’un Faure Gnassingbé qui use de multiples braquages électoraux pour s’imposer de force aux togolais.

Comment comprendre que dans un pays où la misère est la chose la mieux partagée, sans aucun hôpital de référence, la priorité du régime soit ailleurs.Notamment, dilapider les ressources du Togo,espionner, violenter, tuer, jeter en prison, supprimer les espaces de liberté, couper internet, instituer la misère ?

Des moyens faramineux sont déployés pour assurer une longévité voire une éternité au pouvoir à la même famille qui totalise plus d’un demi-siècle de gouvernance qui s’est révélée paradoxalement calamiteuse.

Non loin du Togo, au Ghana, un tribunal présidé par le juge Erick Kyei Baffour emprisonne d’anciensresponsables pour avoir causé des pertes financières à l’Etat par l’achat du fameux Pegasus à quatre (04)millions de dollars. Ils sont condamnés pour diverses peines de prison. La grande différence entre un régime dictatorial et démocratique est à ce niveau. Ghana-Togo, le jour et la nuit.

L’attitude du pouvoir togolais relève donc plus d’une folie paranoïaque. Faure Gnassingbé est obligé de surveiller les togolais de son camp comme ceux qui s’opposent à lui.

La dictature in fine est plus, un lourd fardeau que tout logiciel d’espionnage.

Fabbi Kouassi / Africa Blogging [ africablogging.org ]