Patadowa boukpessi | Infog : 27avril.com
Patadowa boukpessi | Infog : 27avril.com

« Un dictateur n’est qu’une fiction. Son pouvoir se dissémine en réalité entre de nombreux sous-dictateurs anonymes et irresponsables dont la tyrannie et la corruption deviennent bientôt insupportables » (Gustave Le Bon)

Au Togo, lorsqu’un commis de l’Etat détient un petit espace du pouvoir, il prend les airs d’un petit Mussolini et sombre dans des dérives ubuesques. Il fait la pluie et le beau temps, fait voir de toutes les couleurs à ses concitoyens. Le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, PayadowaBoukpessi en est la parfaite illustration. Pour rester dans les bonnes grâces de son patron, il fait montre d’un zèle morbide à travers des décisions iniques et arbitraires qui révèlent la nature autocratique du régime qu’il sert. « Il est dangereux d’être trop zélé », disait William Shakespeare. PayadowaBoukpessi en fait tellement qu’il finit par ternir consciemment ou inconsciemment l’image du jeune monarque qu’il tend à défendre. Et ce sont les libertés fondamentales, comme la liberté de manifestations publiques pourtant garantie par la Constitution togolaise, la loi sur les manifestations publiques et la loi portant charte des partis politiques,qui prennent un sérieux coup.

Le ministre de l’Administration territoriale s’est spécialisé dans les interdictions fantaisistes des manifestations publiques. La propension de Boukpessi à interdire toute manifestation des partis de l’opposition et des organisations de la société civile, notre pays a opéré un retour humiliant au passé, au temps des tristes années de plomb du régime de Gnassingbé père.

Adepte de la pensée unique, le ministre tolère difficilement toute contradiction ou opposition. La seule manière de le faire comprendre aux adversaires politiques, à tous ceux qui refusent de regarder dans la même direction que le régime qui a pris en otage les Togolais depuis plus de cinq décennies, est d’opposer son véto aux manifestations programmées par ceux-ci. Le Parti National Panafricain (PNP), la Coalition de l’opposition, le Mouvement Forces Vives Espérances pour le Togo et le Front Citoyen « Togo Debout », etc. en ont régulièrement fait les frais.

Constamment, le ministre justifie ses décisions iniques avec des argumentaires approximatifs dont le burlesque le disputait parfois au pitoyable. D’abord, les interdictions ont commencé par les jours ouvrables. « Compte tenu des désagréments que les dernières marches de l’opposition ont causés à la population, nous avons décidé que la loi sur les manifestations soit appliquée intégralement dans sa rigueur », avait dardé Boukpessi. Les interdictions se sont ensuite étendues à toute la semaine où il est quasiment impossible de manifester aujourd’hui au Togo. Surtout au sortir de la mascarade électorale du 20 décembre 2018 où le régime de Faure Gnassingbé, avec le soutien du syndicat des chefs d’Etat de la CEDEAO, a repris la main après la grave crise qui a ébranlé le pouvoir, le ministre et le désormais ex-président de la Délégation spéciale de la ville de Lomé le Contre-amiral FoganAdegnon, ont excellé dans des dérives liberticides.

PayadowaBoukpessia poussé le bouchon jusqu’à interdire des missions d’observations citoyennes pour les élections municipales du 30 juin dernier, sous des prétextes fallacieux et farfelus. Jusqu’où est-il prêt à aller dans ses dérives et abus ? Aujourd’hui, bien que le Togo soit considéré comme l’un des pays les plus militarisés au monde, avec un ratio de 1 militaire pour 250/300 habitants environ, il fait face à une crise liée au banditisme et à une insécurité sans précédent où des braquages, des agressions, des vols à main armée sont commis quotidiennement, et de surcroît en plein jour à Lomé et dans les périphéries où les paisibles populations sont attaquées et détroussées. On se demande pourquoi le ministre de l’Administration territoriale n’interdit pas les braquages, au nom du fameux Plan national de développement (PND). Impossible ? Quand même pas quand on s’appelle PayadowaBoukpessi

!Médard Ametepe

Source : Liberté