A partir des caricatures de Donisen Donald / Liberté

« Même le plus petit geste de bonté peut alléger un coeur lourd. La gentillesse peut changer le coeur des gens » (Aung San Suu Kyi)

Un dirigeant n’est véritablement grand que lorsqu’il est porteur de valeurs et de principes. Il est élu pour œuvrer pour le bien-être et le bonheur de ses concitoyens. Il ne peut en aucun cas être aimé par tout le monde. Toutefois, il doit prendre de la hauteur, être au-dessus de la mêlée et montrer qu’il est le président de tous.

Mais quand un président de la République garde dans un coin de son jardin intérieur des sédiments de rancune, de ressentiment, etc., il entraine indubitablement son pays dans l’abîme, vers la perdition.

C’est à la fin d’année ou à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance qu’au Togo, certains prisonniers semblent revivre et sont saisis d’une sourde religiosité, attendant le miracle libérateur, une grâce présidentielle, pour retrouver la chaleur familiale. Mais grand est parfois leur désenchantement.

Dans le voisinage, plusieurs chefs d’Etat ont fait parler leur cœur en graciant des centaines de détenus. Au Bénin, Patrice Talon a accordé le 6 janvier 2022, la grâce présidentielle à environ 500 prisonniers.

Ceux-ci ont bénéficié « d’une mesure de grâce emportant dispense d’exécution des peines privatives de liberté, les personnes détenues et condamnées à des peines criminelles ou correctionnelles par une décision devenue définitive des cours ou tribunaux de la République du Bénin au 31 décembre 2021 », selon le décret portant grâce présidentielle.

Même geste de Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso qui a fait libérer, le 31 décembre 2021, 313 détenus. Au Togo, ça fait deux ans que les prisonniers n’ont plus goûté à cette joie de liberté. C’est en avril 2020, suite à l’instauration de l’état d’urgence sanitaire instauré dans le cadre du Covid-19, que le chef de l’Etat avait accordé une remise de peine définitive à un millier de détenus aux fins de désengorger massivement les prisons et éviter ainsi les contaminations à grande échelle.

Depuis, plus rien. La situation des prisonniers surtout politiques, ne cesse de se détériorer. La fameuse Concertation nationale entre acteurs politiques (CNAP) les a davantage enfoncés. Les opposants accros au dialogue ne semblent guère tirer leçon des errements du passé et se font toujours enfariner par le régime de Faure Gnassingbé.

Ils ont crédulement cru en la bonne foi du régime quand ils avaient requis, dans les conclusions de la fameuse CNAP, la grâce présidentielle en faveur des prisonniers politiques. Pensant ainsi avoir accompli quelque chose de grand. Mais c’était méconnaître Faure Gnasisingbé. Depuis cette curieuse proposition, tout est bloqué. Pour ne pas faire libérer ces otages politiques arbitrairement arrêtés et sauvagement torturés dont une dizaine d’entre eux ont trouvé la mort en détention, Faure Gnassingbé rechigne à accorder la grâce présidentielle, même aux détenus de droits communs.

Curieusement, les opposants participationnistes à la CNAP aussi ont perdu leur latin. Comme ce n’est pas leurs militants ni partisans qui croupissent dans des conditions épouvantables dans les prisons, comme ce n’est pas non plus leurs proches à qui on inflige des traitements cruels, inhumains et dégradants, ils se sont emmurés dans un silence criminel. La CNAP a fait plus de mal aux prisonniers politiques et anéanti leurs espoirs.

Médard Amétépé

Source : Liberté / libertetogo.info