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L’enquête sur les conditions de vie des ménages a démarré depuis février dernier. Mais il ressort que la majorité des ménages qui se font enregistrer dans le cadre de cette enquête, n’ont aucune notion des contours de l’opération. La seule chose qui se murmure entre eux, c’est que le gouvernement voudrait leur distribuer 5000 FCFA à la fin de chaque mois. Cela suffit pour que, dans les différents quartiers dans lesquels se déroule l’opération, des centaines de Togolais défilent par jour pour se faire enregistrer.

Dans la matinée du 27 mars 2023, nous sommes tombés sur une foule dans le quartier Nyékonakpoè. De longues queues, chacun avec sa carte d’électeur en main. Etrange ! Au niveau de Hanoukopé, on a observé la même scène. Cette fois-ci, toutes les personnes dans la queue ont une fiche en main et certains en train de remplir la leur. Nous nous sommes donc approchés et après quelques renseignements, nous nous sommes rendu compte qu’il s’agit de l’enquête sur les conditions de vie des ménages dans 45 quartiers du Grand Lomé, annoncée par le gouvernement.

Il s’agit d’une enquête lancée par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques et Démographiques (INSEED) et qui a démarré depuis le lundi 20 février 2023. Cette enquête est prévue pour se terminer samedi 29 avril 2023, dans les préfectures d’Agoé-Nyivé et du Golfe.

L’étude s’inscrit dans le cadre du déploiement des activités du financement additionnel du Projet de Filets sociaux et services de base (FA-FSB) par l’Agence Nationale d’Appui au Développement à la Base (ANADEB).

« Les enquêteurs collecteront des données sociodémographiques et enquêteront sur le niveau d’éducation, la santé, les conditions alimentaires, les caractéristiques du logement, l’état d’usage des biens durables et l’accès aux services sociaux de base des ménages ciblés », a-t-on appris de l’opération.

Mais chose étrange, 90% des personnes présentes pour l’enregistrement dans le quartier Hanoukopé ignorent tout de l’opération. « Nous avons juste appris qu’il y a des agents qui sont venus dans le quartier pour enregistrer les riverains. Et après l’opération, ils viendront nous distribuer à la fin de chaque mois 5000 FCFA pour subvenir à nos besoins », a confié une habitante.

Mais un coup d’œil sur la fiche laisse voir qu’il s’agit d’une « fiche de consentement dans le cadre de l’enquête SWIFT-PLUS et d’utilisation des données personnelles et téléphoniques ».

« Je soussigné…autorise, dans le cadre du projet filets sociaux et services de base sur financement additionnel (FSB-FA), la collecte et le traitement de mes données personnelles et des données collectées par les opérateurs téléphoniques sur mon utilisation de la téléphonie mobile ainsi que celle de mon ménage au nom de qui, je consente. Je comprends que en aucun cas, les parties prenantes du projet FSB-FA et ceux qui sont responsables du traitement des données ne partageront lesdites données personnelles et téléphoniques, sauf exigence juridique légitime spécifique par la loi 2019-014 du 29 octobre 2019 relative à la protection des données à caractère personnel ou avec révision de mon consentement », renseigne la fiche.

Ils sont nombreux à signer ce papier sans comprendre de quoi il est exactement question. L’objectif pour la majorité, c’est de pouvoir toucher les 5000 FCFA (166 FCFA par jour) à la fin du mois comme ils l’affirment eux-mêmes. Sans savoir que c’est sur la base des données collectées que les ménages bénéficiaires seront sélectionnés.

N’est-il pas du devoir de l’INSEED de faire des sensibilisations dans les quartiers sélectionnées afin que les ménages puissent choisir librement de s’enregistrer ou non ? Surtout qu’il s’agit de la collecte de données personnelles et téléphoniques.

L’affluence dans les deux quartiers mardi pour l’enregistrement démontre encore une fois les conditions dans lesquelles vivent les Togolais. La pauvreté, la misère ne sévit pas qu’au nord ou dans les localités les plus reculées du pays.

J.D.

Source: Liberté N°3802 du Jeudi 30 Mars 2023