L’ex-Préfet de Yoto | Photo : DR

L’affaire dite de sextape a fini par avoir raison de Yawo Alibo. En effet, le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, a décidé le 11 décembre dernier de limoger le préfet de Yoto. Cette décision est survenue en moins d’une semaine après la vidéo virale en cause. Depuis, elle divise sur le fond et la forme. Et pour cause…

L’affaire avait suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux. En effet, dans une vidéo qui a abondamment circulé sur la toile, le préfet de Yoto a été identifié en plein fantasmes sexuels avec son épouse. Selon les recoupements, c’est l’épouse de Yawo Alibo qui a malencontreusement fait introduire la fameuse vidéo sur une plateforme. « S’étant rendu compte de son erreur quelques instants après, elle a cherché par tous les moyens à se rattraper mais le mal est déjà fait », explique un proche du préfet. Cette vidéo de l’autorité préfectorale a suscité beaucoup de commentaires et d’indignations dans l’opinion publique. La réaction des autorités ne s’est pas fait attendre. Quelques jours après, le préfet a été démis de ses fonctions malgré lui.

Que punit-on en fait ?

Pour certains observateurs, ce limogeage résonne comme une punition même si dans le communiqué signé par le Chef de l’Etat, les raisons n’ont pas été évoquées. C’est pourquoi cette « punition » interroge plus d’un. « Que punit-on en fait? Leur manque de vigilance qui a permis que tout le monde en soit au courant ou l’acte sexuel lui-même ? », se demande un observateur, avant d’ajouter « il serait bien que l’on nous situe à ce propos. Autrement, une telle mesure est sans doute abusive ».

Et pour cause, demain, une personne mal intentionnée en possession d’une vidéo ou d’une image et voulant nuire peut publier ces éléments sur les réseaux sociaux. De ce fait, des hauts fonctionnaires, cadres de l’administration et des ministres ou autres qui ont partagé des moments intimes et qui aujourd’hui ne sont plus en bon termes avec ce partenaire ou non, peuvent se retrouver du jour au lendemain exposés en spectacle sur les réseaux sociaux, malgré eux. On assisterait donc à des limogeages en cascade de la part du Chef de l’Etat ?

Il aurait été encore plus élégant comme l’a écrit le confrère Abaki sur sa page facebook de contraindre le Préfet à la démission. Ainsi, le gouvernement constatera sa démission et procédera simplement à son remplacement. En procédant de cette manière, le Chef de l’Etat évite non seulement son intervention directe dans une affaire de mœurs, certes condamnable, mais aussi il aura respecté la volonté d’une bonne partie de l’opinion.

La morale sélective…

Aussi, le limogeage à pied levé du sieur Alibo a laissé certains observateurs sans voix. Mais alors, on se demande pourquoi n’a-t-on pas eu les mêmes promptitudes sur les cas des noms cités dans des affaires de détournements des deniers publics.

Au-delà du fait que l’exposition publique de l’acte sexuel est un délit, il est en plus de notoriété que l’exercice d’une haute fonction ne tolère point de telles mégardes de la part d’Alibo, puissent-elles provenir de sa femme.

Entre le préfet de Yoto qui a commis certes un acte répugnant et cette minorité qui prive les citoyens de bonnes routes, d’hôpitaux, d’écoles etc. lequel moralement, promptement et légalement doit être puni ? « Si réellement ce limogeage du préfet de Yoto, a un lien avec cette vidéo, je trouve qu’une telle mesure est injuste d’autant plus que dans notre pays, il y’a des actes plus répréhensibles et plus compromettants que des ébats sexuels », estime un fonctionnaire. Et de poursuivre : « une telle décision donne le sentiment que le détournement des fonds publics n’a rien de grave et n’indigne pas autant l’autorité qu’un acte sexuel dont tout homme jouissant de ses facultés est nécessairement susceptible de poser ».

Une indignation à géométrie variable du gouvernement qui voulant couper court à l’affaire s’est tiré une balle dans le pied. Dans tous les cas, le limogeage du préfet de Yoto fera jurisprudence.

Source : Fraternité