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La soldatesque de Faure Gnassingbé dans les rues de Lomé, Togo | Archives : DR

Il y a un peu plus d’un mois, nous faisions écho de la manière dont des Togolais ont été ramassés de nuit par un camion militaire aux environs de 21 heures à Avédji et transportés pour une destination inconnue. Certains seront libérés trois mois après. Pendant tout ce séjour dans un camp de travaux forcés sans raison, ils ne trouveront même pas d’eau pour se laver, ne serait-ce qu’une seule fois.

Aujourd’hui, il s’agit de deux compatriotes parmi tant d’autres dont la mésaventure entre les mains de nos militaires dans la nuit du 27 au 28 novembre met largement en lumière l’arbitraire et les violations systématiques des Droits de l’Homme dans le pays à quelques mois de la présidentielle de trop à laquelle cherche à se présenter coûte que coûte Faure Gnassingbé. Suivez la narration par l’une des victimes de l’événement.

« Dans la nuit du 27 au 28 novembre 2019, l’un de mes cousins dont la femme venait d’accoucher à Davié arrive chez moi. Son objectif, bénéficier de mon assistance pour enterrer le Placenta. Il arrive chez moi après lui avoir demandé de venir me trouver au bord du goudron de Togblé. De là, je l’ai pris sur ma moto à mon domicile. La cérémonie faite, il s’est ensuite lavé et nous avons pris le dîner ensemble. Vu l’heure qu’il faisait, je lui ai demandé de passer la nuit chez moi. Il m’a dit qu’il doit partir parce qu’il a garé sa voiture au rond-point de Davié et craint qu’on n’en vole des éléments ou le véhicule carrément. Il m’a alors demandé de le déposer au bord du goudron de Togblé. Ainsi il prend un transport en commun pour aller prendre la voiture à Davié.

Je l’ai pris sur ma moto et nous sommes arrivés à Alenka dans le secteur de Togblé où nous avons été arrêtés par des militaires qui nous ont demandé là où nous allons. Je lui ai répondu que c’est un cousin dont la femme a accouché et je l’ai aidé à enterrer le placenta. Je suis en train d’aller le déposer au bord du goudron pour qu’il aille chercher sa voiture. Ils nous ont demandé nos cartes, nous les avons sorties. Ensuite ils ont demandé les pièces de la moto. Je les ai sorties aussi. Ils nous ont laissés là un instant puis nous ont demandé de disposer. Un peu plus loin, on croise un autre groupe de militaires qui nous demandent nos cartes et les pièces de la moto. Nous les avons sorties puis ils nous intiment l’ordre de les mettre en poche. Ce qui a été fait. L’autre question est de savoir là où nous avons laissé les armes que nous avons prises. Nous leur avons répondu que nous n’avons pris aucune arme. Brusquement, ils nous ont tous encerclés avec des bâtons en l’air et nous demandent de nous coucher à plat ventre. Commence alors la séance de bastonnades.

Il y avait d’autres usagers de la voie publique arrêtés comme nous. Un monsieur à bord de son véhicule avec sa femme. J’ai identifié une vieille aussi. Sans ménagement, nous avons subi la foudre de ces hommes en uniforme. Là où je me trouve présentement, mes fesses sont enflées et couvertes d’hématomes. Je ne peux pas m’asseoir, mes bras sont enflés, tout mon corps endolori. Maintenant ils me demandent de courir. Je cours et ils me demandent de m’arrêter et de revenir prendre ma moto. Je reviens et le temps d’enfourcher la moto, des coups pleuvent à nouveau. Je démarre la moto et j’arrive vers les rails au niveau de Togo Grain et un autre groupe nous arrête. Je leur explique que nous venons d’être frappés par leurs collègues plus loin et ils portent eux aussi leurs bâtons sur nous. A leur niveau ils ont aussi arrêté des passants qu’ils rouaient de coups de bâtons. Le fils de mon oncle est resté au sol sous l’effet des bâtons et ne peut se relever. J’ai pris la moto et j’ai fui pour aller me cacher dans l’obscurité »

C’est aussi ça le Togo.

Nicolas S.

Source : Le Correcteur