Caric : Donisen Donald / Liberté

« Dans un voisinage où tous les Etats engrangent de remarquables avancées démocratiques (Nigeria, Bénin, Burkina, Ghana…) le Togo, s’il doit être appelé démocratie, est alors une démocratie triste et plus que boîteuse » (Jean-Baptiste Placca)

« Le Togo est une démocratie », c’est ce qu’affirme republicoftogo.com qui se fonde sur une enquête d’Afrobaromètre. « Les Togolais ont un fort et persistant soutien à la démocratie, sont de plus en plus nombreux à penser que le Togo est une démocratie, mais seulement une faible minorité est satisfaite de la manière dont la démocratie fonctionne dans le pays », prétend le réseau de recherche par sondage.

On ne sait pas quels genres de Togolais ont été sondés, mais affirmer de go que le Togo est une démocratie doit prêter à sourire. Les enquêteurs devraient tiquer de cette étude et savoir que quelque chose cloche. Dans leur for intérieur et dans les faits, ils savent que le Togo est tout sauf une démocratie. Soutenir le contraire est une hérésie. Si le Togo est une démocratie, que dira-t-on de ses voisins le Bénin, le Ghana, le Nigeria… ?

D’ailleurs, tous les rapports et études de référence de The Economist Group, Freedom House, Economist Intelligence Unit (EIU), Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA), etc. classent le Togo au rang des régimes autoritaires. Seul Afrobaromètre semble convaincu aujourd’hui que le Togo est une démocratie.

Le même Togo considéré comme « démocratie » a été classé en 2015 par « Tournons la page » qui regroupe plusieurs organisations internationale, au 2ème rang des dictatures familiales de sinistre réputation, juste derrière la Corée du Nord. Sur la 3ème marche du podium, on retrouvait le Gabon, une autre dictature héréditaire. Le rapport soulignait que « 88% des Togolais et 87% des Gabonais n’ont jamais connu qu’une seule famille au pouvoir… Pourtant ils ne vivent pas dans une monarchie ». Ces pourcentages devraient être revus aujourd’hui à la hausse, puisque depuis sept ans, rien n’a changé au niveau de ces régimes qui au contraire, se sont encore renforcés. Depuis 1967, au Togo et au Gabon, Faure Gnassingbé et sa famille, et la dynastie Bongo règnent sans partage.

Entre le sondage de l’Afrobaromètre, le rapport de « Tournons la page » et ceux des autres organismes, chacun pourra se faire une idée de laquelle de ces entités est plus proche de la réalité. La soif de la démocratie est universelle et incompressible.

Cet idéal de gouvernance universellement admis même s’il existe des poches de résistance comme au Togo, porte un certain nombre de valeurs fondamentales comme l’alternance au pouvoir, les élections justes, équitables et transparentes, l’Etat de droit, le respect des droits de l’Homme, l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, etc

«L’état de démocratie garantit que les processus d’accession au pouvoir et d’exercice et d’alternance du pouvoir permettent une libre concurrence politique et émanent d’une participation populaire ouverte, libre et non discriminatoire, exercée en accord avec la règle de droit, tant dans son esprit que dans sa lettre », précise la Déclaration universelle sur la démocratie.

Alors, dans une république où le pouvoir d’Etat est confisqué par une seule famille depuis 55 années par une seule famille, sans alternance possible, un pays où les élections sont systématiquement truquées, où les institutions sont caporalisées peut-il être qualifié de démocratie ?

Médard Ametepe

Source : Liberté /libertetogo.info