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Des employés de Diamond Cement Togo | Infog : Liberté

Il y a exactement une semaine que les employés de Diamond Cement au Togo (DCT) ont déclenché un mouvement de grève pour exiger de meilleures conditions de vie et de travail. Mais plutôt que de faire profil bas et d’appeler les grévistes à la négociation, la société a préféré violer les textes qui encadrent le droit de grève en lançant une opération d’embauche de nouveaux manœuvres. Sous le regard impuissant des inspecteurs du travail et des lois sociales de la région maritime. Les autorités en charge du travail assiteront-elles au licenciement abusif de près de 170 employés qui, depuis 10 ans pour la plupart, ont sué pour que cette entreprise tienne debout ?

Ils étaient en grand nombre devant les locaux de l’inspection du travail et des lois sociales de Tsévié lundi 5 juillet 2021. Mais en l’absence du Directeur régional, ses collaborateurs ont reçu les employés et promis de rendre compte à la hiérarchie. Dans les échanges, il est apparu que l’inspection a effectué un déplacement dès l’entame de la grève pour signifier à l’employeur que selon les textes de la convention collective interprofessionnelle, il n’est pas admis de procéder à des embauches en pleine grève des employés. Malheureusement, il a été constaté que le passage des inspecteurs n’a pas fait arrêter le fonctionnement de l’usine à Dalavé.

Et pourtant, les employés dont la plupart sont recrutés pour le tâcheronnat et payés de façon misérable, ne demandent qu’une revue substantielle de leurs conditions de travail. Ainsi, soutenus par le Syndicat démocratique des mines (SYDEMINES) dont le Secrétaire général était aux côtés des grévistes, les employés réclament entre autres, la signature d’un contrat de travail écrit en bonne et due forme en fonction de l’emploi et conformément à la législation du travail en vigueur au Togo à tous les travailleurs en service à DCT, l’augmentation de 60% sur le salaire catégoriel de tous les travailleurs permanents et contractuels et un accord d’établissement qui permet l’avancement d’échelon à tous les travailleurs tous les 2 ans. Sans plus.

Pour donner un caractère sérieux aux revendications, les demandes sont assorties de délai. Mais l’employeur a balayé du revers de la main les revendications. Une grève de 72 heures a été alors lancée et reconduite. Les autorités en charge du secteur de l’emploi resteront-elles les bras croisés ?

L’Adjoint au Secrétaire général de Sydemines, Kodjovi Sedonou a déploré l’attitude des responsables de Diamond Cement. « Après trois jours de grève, l’employeur de la DCT n’a daigné appeler les travailleurs grévistes pour des discussions. Il a continué de faire tourner l’usine par le biais des Indiens dont les salaires sont plusieurs dizaines de fois mieux que les misères qui sont payés aux travailleurs togolais en grève. C’est cette situation qui nous amenés à reconduire la grève de quatre jours supplémentaires qui s’épuisent ce mardi 06 juillet 2021 », a-t-il déclaré. Avant de déplorer que des recrutements soient opérés en violation des textes en vigueur. « Déjà au premier jour, ce sont des expatriés indiens qui sont venus prendre la place des travailleurs qui ne sont pas venus au boulot à cause de la grève. Par la suite, on a constaté qu’ils ont commencé à recruter de nouveaux travailleurs par des tâcherons pour remplacer les grévistes. Pour les trois premiers jours, l’entreprise a tourné comme si de rien n’était. Nous avons saisi l’Inspection du travail qui a fait le déplacement, pour constater les faits. Et l’employeur a reconnu qu’il fait tourner l’entreprise avec un nouveau personnel ».

Les employés se sont ensuite transportés à la préfecture. Bien qu’occupé, le préfet de Tsévié les a reçus et leur a promis qu’une suite sera donnée à la situation. Ils ont exprimé la crainte que l’employeur ne décide de se venger sur des employés grévistes. Le représentant de l’autorité centrale a surtout insisté sur le calme qui devrait conduire le mouvement.

Selon les informations, à Diamond Cement Togo, des agents sont payés de façon misérable alors qu’ils effectuent des travaux pénibles. Certains agents parlent de 4FCFA pour un groupe de personnes données. Une information confirmée par des responsables des sociétés. «Il y a des gens qui sont payés à 5 F, à 4,75 F ; certains à 4F et ceux qui balaient sont à 3 FCFA. Il y a sept personnes par équipe. Et par rapport à ce que l’entreprise paye aux tâcherons, c’est bien 90 FCFA par tonne chargée. Mais quand tu finis de faire les comptes, c’est pratiquement 10% qui nous reviennent. Et c’est dans les 10% que nous payons le superviseur », a-t-il confié.

En d’autres termes, pour qu’un agent gagne 1.000 FCFA au chargement, toute l’équipe des sept personnes devra charger 200 tonnes de ciment Diamond. Ou plus précisément…4.000 paquets de ciment de 50 kg. Si ce n’est pas de l’exploitation des employés par les tâcherons et des tâcherons par l’employeur indien, ça y ressemble beaucoup.

Or, les informations en ville font état de ce que chez les revendeurs de ciment, la tonne est déchargée à 500 FCFA. Mais à Diamond cement Togo, c’est à 90 FCFA pour l’entreprise et à 35 FCFA au plus pour le tâcheron. Ainsi, en ville, le déchargement des 4000 paquets coûte 100.000 FCFA. La force de travail est sacrifiée à DCT, étant donné que les employés ne sont ni déclarés, ni couverts par une quelconque assurance. On comprend pourquoi les comptes d’exploitation et les bilans de cette société sont tenus loin des yeux des médias.

Le ministre du travail, Gilbert Bawara et le Directeur général de l’Inspection du travail et des lois sociales demeureront-ils atones devant cette énième violation des droits des travailleurs dans les zones minières ?

Godson K.

Source : Liberté