La Une de Fraternité No.409 du 14 juillet 2021

Le récit paraît un conte de fée. Pourtant, c’est bien une triste réalité. Une situation bien fâcheuse qui torture, au quotidien, et ce, depuis quelques temps déjà, les populations de la Commune d’Agoènyive 1. Lesquelles ploient sous le poids du diktat que leur font subir des employés de Dangote. Comme sa symétrie les presque mêmes phénomènes sont observés dans le Golfe 1 dans la zone communément appelée Raffinerie

Les faits…

Ils se déroulent à Agoè Adougba, dans la commune d’Agoènyive 1. Dans ce quartier de la commune qu’administre le maire Kovi Adanbounou, a été érigé, depuis quelques temps, le parc camions de Dangote, le géant nigérian en cimenterie. Ce dernier qui s’est d’ailleurs vu, depuis un certain temps, déroulé tapis rouge par le pouvoir de Lomé. Ceci, pour mener des affaires avec le grand patron du Togo. L’on s’en passe, pour l’heure, des dessous du rapprochement de Lomé du milliardaire nigérian.

Qu’à cela ne tienne, s’il est une bonne chose que le Togo s’ouvre aux investisseurs, l’on ne saurait, toutefois, rester insensible aux dérives de ceux-ci, au travers de leurs employés qui se montrent bien indélicats et irrespectueux vis-à-vis des populations togolaises. Le cas particulièrement des chauffeurs des camions Dangoté, aux attitudes de plus en plus insupportables. C’est un véritable enfer que font vivre aux populations ces chauffeurs de la société nigériane qui porte le nom de son promoteur, a révélé notre confrère l’Alternative qui en a relaté quelques les faits.

Il s’agit, à en croire le confrère, des faits graves tels que la nuisance sonore, en pleine nuit. Gênant la quiétude de la paisible population d’Agoè Adougba dont le sommeil est ainsi troublée par des vacarmes comme si on faisait des manœuvres, sans pour autant bouger les camions. À cela, s’ajoutent la drogue et autres stupéfiants, les séquestrations et les viols sur les jeunes filles qui y sont désormais légions. Des actes répréhensibles dont les auteurs ne sont autres que les mêmes chauffeurs des camions Dangote.

La tension monte face au laxisme des autorités

Source: Fraternité

Aujourd’hui, l’évidence est que la tension monte entre ces hors-la-loi de Dangote, généralement originaires du Nigeria et les jeunes d’Agoè-Adougba révoltés par cette situation bien fâcheuse à laquelle ils font face. Ce, bien malgré eux. Une crainte de révolte et d’affrontements encore plus nourrie par le laxisme des autorités municipales qui, malgré les multiples alertes des populations, restent indifférentes. « Quand on veut leur reprocher leurs dérives, ils nous disent qu’ils paient les taxes. Nous sommes transportés à la mairie d’Agoènyivé 1 pour s’enquérir de la véracité de ces affirmations, mais on n’a jamais eu l’occasion de rencontrer le maire », a confié, à notre confrère, un membre de la délégation d’Agoè-Adougba. Certes, il affirme néanmoins avoir pu voir un conseiller municipal qui, malheureusement, n’a pas pu non plus, rien changer à la donne. Et cela donne l’air d’une démission savamment orchestrée par les autorités municipales et à dessein.

Aux dernières nouvelles, la Mairie qui avait promis envoyer des techniciens pour relever les faits sur le terrain n’a envoyé personne mais le Maire Adanbounou a envoyé en date du 13 juillet 2021, un courrier-réponse à la saisine des populations les invitant à une réunion sur le sujet le jeudi 15 juillet 2021. (voir le courrier en fac similé à la page 6)

Obstructions des voies, provocation, séquestrations, viols, trafic de carburant, chantages…

S’agissant spécifiquement des faits, les témoignages sont accablants. «Le matin quand on veut sortir de nos maisons, c’est un problème. Il en est de même quand on rentre du boulot le soir. Ils garent leur véhicules devant nos maisons, ils peuvent être à côté, mais faire semblant de ne pas en être le propriétaire ou le chauffeur. On va chercher un autre chauffeur à des kilomètres à la ronde, qui va bouger le véhicule avant qu’on puisse rentrer ou sortir de la maison. Quand on se plaint auprès d’eux, ce sont des insultes qu’ils nous jettent à la figure », explique un de nos interlocuteurs.

Pour ce qui est des séquestrations et viols, un autre renchérit: « Nous n’arrivons plus à envoyer nos enfants à aller nous faire des achats au bord de la route à une certaine heure de la soirée ». Plus loin, «ils les violent, en fait », dira, pour sa part, un autre, cadre de banque, auteur même de la lettre signée par nombreux riverains et envoyée à la Mairie. Des femmes au foyer, selon de nombreuses sources aux domestiques, nulle n’est épargnée. « J’étais en voyage quand on m’a appelé m’informant que mes deux domestiques ont disparu. Heureusement qu’elles étaient rentrées tard dans la nuit, mais violées. Quand je leur ai demandé ce qui s’est passé, elles m’ont confié que ce sont ces conducteurs qui les ont amenés dans un quartier loin d’ici où il y a deux lions. J’ai compris qu’elles étaient amenées à Agoè Deux Lions. Je suis allée porter plainte à la Gendarmerie. Le CB a dépêché une unité de l’USIG dans le quartier. On a cherché les auteurs en vain. On a appris finalement qu’ils ont quitté précipitamment la nuit en retournant au Nigeria », décrit, dépitée, une dame fonctionnaire. Et l’une des conséquences de ces actes primitifs et barbares est les grossesses non désirées découlant de viols dont sont auteurs ces employés de Dangote. Que dire alors des maladies sexuellement transmissibles auxquelles sont malheureusement exposées les victimes.

Outre les séquestrations et viols des filles, ces derniers sont également dans le trafic de carburant.Notament du Gaz oil et d’autres fuels exposés à l’air libre. Ce qui constitue une grave menace pour les riverains. « Ce sont des tonnes de gaz oil qu’ils viennent extraire de leurs véhicules dans le quartier. Nous les avons interpellé du danger que cela constitue pour nous à Agoè-Adougba, mais ils nous ont dit que ce qu’ils font pour combler les taxes qu’ils paient. Ils sont devant, derrière et à côté de nos maisons. Imaginez si ce carburant qu’ils extraient à l’air libre comme ça prend feu. Que deviendrons-nous dans le quartier ? », se demande le cadre de banque.

Le rubicond franchi

Des inquiétudes raisonnables des citoyens et riverains auxquelles ces chauffeurs, lorsqu’ils sont interpellés, répondent par du mépris, des injures et des menaces. Ils vont même jusqu’à déclarer, comme nombre d’investisseurs étrangers dont ceux qui opèrent dans la Zone franche, qu’ils ont les autorités togolaises en poches, et que même Faure Gnassingbé ne peut rien leur faire. « Ils nous ont dit à plusieurs reprises que c’est Dangoté qui nourrit Faure Gnassingbé et que les autorités togolaises ne peuvent pas les toucher. Quand il y avait l’altercation entre eux et moi, ils m’ont jeté à la figure que ce qu’ils font au Togo, ils ne peuvent pas le faire ailleurs. Et qu’ici, les dirigeants de ce pays sont trop faibles, laxistes et eux, ils vont toujours faire ce qu’ils veulent dans le quartier », nous confie notre source.

Le rubicond est ainsi franchi. C’est dire que manifestement dans ce quartier, ce sont ces conducteurs indélicats qui font la loi. Et visiblement, personne ne peut leur tenir tête. On peut comprendre, à un niveau donné, le silence intriguant des autorités de la Commune d’Agoènyivé 1. Mais de là, arriver à tenir de tels propos sur les autorités togolaises, en premier, le Chef de l’État, témoigne du mépris, de l’insubordination et pire, d’outrage à l’autorité dont se rendent coupables, ces derniers qui agissent malheureusement en terrain conquis.

Pourtant Agoe-Nyive 1 a été déclaré avoir massivement voté Unir lors des dernières élections, présidentielle municipales comme législatives.

Raffinerie, la Symétrie

Typiquement comme à Agoe Adougba, les mêmes fléaux ont élu territoire au quartier dit raffinerie dans le Golfe 1. Ici ce sont les camionneurs nigériens et autres sahéliens qui sont à la manette de ces vices à l’endroit des jeunes filles togolais et autres riverains. A défaut de tirer leur plaisir de la prostitution qui s’est développée autour de leur parc sauvagement installé sous le silence des autorités, ils procèdent aux viols des mineurs. Le tout dans une insalubrité monstre où le chicha et autres stupéfiants circulent à volonté.

Fort de ces constats et faits tels que relevés sur le terrain, et qui menacent la quiétude et les morales dans ces localités, il urge que l’Etat aménage enfin des parcs bien estampillés avec toutes les commodités pour ces camionneurs étrangers aux fins d’abord d’éviter les révoltes culturelles, ensuite de les faire respecter le citoyen togolais et au travers d’eux ces autorités elles-mêmes que tout étranger traite de noms d’oiseaux pour leur laxisme légendaire. La sensibilité, sinon la porosité de la situation à Agoè Adougba et Raffinerie, urge que le gouvernement, au plus haut niveau, se saisisse du dossier et intervienne pour vite arrêter l’hémorragie.

Source : Fraternité No.409 du 14 juillet 2021 / fraternitenews.info