Kodjo Sevon Adedze, ministre en charge du Commerce | Photo : DR

« Le prix de l’inaction est plus élevé que celui de l’erreur » (Mireille Bertrand Lhérisson)

Le ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale Kodjo Adedze attend-il des manifestations de rue avant de s’éveiller de sa torpeur ? Ou bien est-ce parce que l’huile de friture n’est pas susceptible de déclencher des mouvements de mécontentement qu’il fait semblant de ne rien sentir ?

On se rappelle tous que le 19 février 2022, lorsque des rumeurs ont fait état de rétention des produits pétroliers par les stations dans l’optique d’une augmentation du prix des produits pétroliers, Kodjo Adedze avait sorti l’artillerie lourde. Dans un communiqué publié le samedi 19 février 2022 –fait rarissime pour un ministre de produire un communiqué un samedi-, Kodjo Adedze s’est posé en régulateur.

« Par conséquent, il met en garde les détaillants qui se livreraient à toutes pratiques anormales de commerce notamment l’augmentation de prix à la pompe et la rétention de produits. Ces pratiques sont sévèrement sanctionnées conformément à la réglementation en vigueur… Des contrôles sont actuellement encours par les inspecteurs de commerce sur toute l’étendue du territoire… ». Ce sont là des termes utilisés par le ministre pour juguler les rumeurs d’une augmentation du prix du carburant. Un numéro vert a été même divulgué pour dénoncer les pratiques anormales.

Depuis vendredi 18, les prix du bidon de 25 litres de l’huile de friture ont flambé. Et le lendemain samedi, ils ont atteint le seuil de 30.000 FCFA. Un produit alimentaire qui se vendait il y a encore quelques années à 15, 17 voire 18.000 FCFA.

L’une des conséquences directes que nous avons pu toucher du doigt est le prix du litre de cette huile qui est passé à…1300 FCFA. Au final, le revendeur se retrouve après-vente avec 32.500FCFA.

Qu’en dit le ministre Kodjo Adedze ? Où sont ses fameux inspecteurs chargés de contrôler les prix dans les marchés ? Que s’est-il passé pour que ce produit devienne si cher, alors que sa production se déroule au Bénin à côté ?

D’aucuns diront que ce sont les effets de la guerre en Ukraine. Analyse partielle et partiale. Parce qu’en réalité, ce n’est pas tant la guerre qui emballe le monde sur le plan économique, mais bien les sanctions prises à tout va dont découlent les emballements auxquels on assiste. Mais encore ! En quoi la production d’huile de friture au Benin pour livraison au Togo, peut-elle affecter à ce point le prix en l’espace de quelques jours ?

A y bien réfléchir, il y a une spéculation et un renchérissement des prix par les grossistes qui seraient à la base. Mais pour le savoir, il faut que les inspecteurs que le ministre Adedze avait dit avoir instruits pour contrôler les prix du carburant, retournent sur les marchés. Et que le numéro vert mis à disposition des populations serve à quelque chose.

La pandémie du Covid-19 n’est pas encore terminée qu’une autre, cette fois économique et donc plus meurtrière, est aux portes des pays dont le Togo. Au cas où le ministre ignore les conséquences possibles de la hausse démesurée des prix des denrées alimentaires, le spectre de 2008 dans certains pays est là en guise de rappel.

Godson Ketomagnan

Source : Liberté / libertetogo.info