Photo : CimTogo / HeidelbergCement Group

Le prix du ciment produit par la société CimTogo a été revu à la hausse, selon une note signée la semaine dernière par la direction la société. Même si l’on semble rassurer que sur le marché, cette hausse ne sera pas automatiquement appliquée au consommateur final, il va sans dire que cette mesure de Cimtogo contraste avec celle du gouvernement qui, ces derniers temps, a pris des mesures à portée sociale pour soulager les populations de la vie chère et des affres économiques de la Covid.

Une nouvelle couche d’épreuves

Le bruit courait déjà dans les coulisses. Mais depuis quelques jours, c’est chose faite. La direction générale de Cimtogo a augmenté le prix du ciment à la tonne. De façon spécifique, il s’agit d’une hausse de 6000 FCFA sur le prix de la tonne de ciment, soit une augmentation de 300 FCFA sur le prix du paquet de 50 kg.

Motivant sa décision, une source de cette cimenterie, qui a déjà annoncé la décision à ses distributeurs, citée par un confrère , explique que cet ajustement est devenu nécessaire. Ceci, indique-t-elle, suite à une hausse de 250% des combustibles achetés pour l’usine de ScanTogo et une augmentation de plus de 35 USD/tonne du fret maritime sur le gypse et le charbon. Dans le contexte actuel à l’international, assure-t-elle dans les colonnes du confrère, « il n’est plus possible de maintenir les anciens prix ». Toutefois, «nous restons dans les prix homologués par le gouvernement avec le système de péréquation en vigueur », indique toujours cette source, en guise de précision.

Pour l’heure, le gouvernement n’a pas réagi face à cet ajustement de prix survenu sur la tonne du ciment. Il en est également le cas chez les associations des consommateurs qui sont jusque-là restées de marbre. Qu’à cela ne tienne, il est plus que legitime de fustiger ce qui semble devenir le règne à outrance du capitalisme sur le socialisme.

Le gouvernement lève le pied, Cimtogo enfonce le clou

En effet, cette augmentation des prix du ciment contraste avec les récentes mesures sociales prises par le gouvernement. Lesquelles mesures vont de la gratuité des frais scolaires et d’inscription au collèges et lycées publics du Togo, à la gratuité des tranches sociales sur les factures d’électricité et d’eau. Une décision que le gouvernement explique notamment par sa volonté de soulager, tant soit peu, la population togolaise de la vie chère et surtout, des affres économique de la covid.

Cette mesure quoi que infime est saluée à sa juste valeur par nombre d’observateurs, même les plus critiques. Ceci, en ce sens qu’elle s’inscrit dans la droite ligne du principe de redistribution des ressources du pays tant réclamé par ceux-ci dont votre journal Fraternite qui en a d’ailleurs fait son combat quotidien. Mais alors, de là à songer que c’est pendant que le gouvernement décide de lever le pied que Cimtogo décide, lui, d’enfoncer le clou relève purement de l’inconséquence . Pis, de la torture que cette structure qui embrasse pourtant des centaines de milliards comme chiffres inflige aux pauvres togolais pour qui l’une des solutions pour alléger le joug conjoncturel quotidien est de s’offrir son logis, aussi modeste soit-il. La décision du Cimtogo ressemble, fort malheureusement, à un attentat contre un corbillard.

Surtout que cette augmentation intervient à une période particulière où les prix de tous les matériaux de construction ont considérablement augmenté sur le marché. Du sable au gravier, en passant par le fer à béton et les matériaux de finition notamment de plomberie, d’électricité et de peinture, tous les prix ont connu une hausse insoutenable pour les consommateurs. Un réajustement que les opérateurs économiques mettent sur le dos des retombées ou affres de la Covid.

La nébuleuse minoritaire et oligarchique, l’autre variant

C’est bien encore un nouveau coup de massue qu’inflige aux togolais la nébuleuse oligarchique dont les noms, on se rappelle, avaient été révélés par l’enquête internationale «Panama Papers». Une minorité composée de personnalités politiques de haut rang, aussi bien du pouvoir que de l’opposition, qui sont actionnaires dans cette société CIMTOGO. C’est bien à cette minorité que profitent ces hausses de prix.

On comprend, dès lors, le but visé au travers de leur machination aux fins de toujours avoir le monopole du marché de la cimenterie au Togo lorsque des sociétés sont venues proposer du ciment à des prix pourtant très raisonnables comparés à ceux pratiqués dans les pays voisins. Malheureusement, ce ne sera que peine perdue, puisqu’elle seront obligées, avec le concours des pouvoirs publics, de s’aligner sur les prix de Cimtogo.

Togo, sacré pays d’épreuves et de torture psychologique pour la majorité de ses propres citoyens. Pendant qu’il est une Côte d’Azur pour une minorité à l’appétit vorace et toujours incassable.

Source : Fraternité / fraternitenews.info